LES ENFANTS DE LA PUBLICITÉ Les véhicules habituels de la culture : famille, éçole, livre; théâtre devraient dire ces choses-.(les...
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LES ENFANTS DE LA PUBLICITÉ
Les véhicules habituels de la culture : famille, éçole, livre;
théâtre devraient dire ces choses-.(les méfaits· de la publicifé) mais soyons sérieux! Que peuvent les parents, les professeurs ou
les écrivains face à Publicis ou Havas? Que peuvent-ils surtout
lorsqu'il s'agit d'éduquer· des enfants? Car c'est la jeunesse, ·dès
son âge le plus tendre, qui est devenue la cible favorite des
publicitaires : séduire le .fils pour gagner la mère.
Et les
professionnels de la vente en savent beaucoup plus long que les
enseignants sur la mentalité enfantine.
S'ils ne savent pas
comment apprl;lndre l'histoire - mais ils ne s'en soucient pas ils savent en revanche comment faire passer une idée simple et
forte.
Sur ce terrain, ils disposent de la compétence et des moyens.
L'esprit des enfants leur appartient.
Il n'est que de voir l'intérêt
passionné des trè11 jeunes téléspectateurs pour les ·spots ' de
publicité.
A coup sûr ces messages, brefs, simples et distrayants
sont exactement adaptés au public enfantin.
Nous ne savons plus dans quelle société nous vivons ou, plus
exactement quelle société découvrent nos enfants.
Si nous
croyon.s toujours que nous leur transmettons un certain acquis
culturel à travers les canaux traditionnels, nous nous trompons.
Le jeune esprit qui s'éveille d•Jns le monde occidental est
d'abord
impres sionné
par
les
informations
de
l'environnement matériel et commercial.
Il est instruit par les
objets, les vitrines, les affiches, les annonces, les spots publicitaires
bien plus que par les discours de ses parents ou de ses maitres.
Or ces supports disent tous la même chose, ils répètent à l'envi
que nous vivons dans une société d'abondance, et que l'essentiel
est de posséder les objets manufacturés.
La publicité, au sens le plus large, donne à croire que le seul
p_r oblème est de choisir entre les biens trop nombreux qui sont
offerts.
Chacun étant supposé avoir les moyens d'acheter, il suffit
d'éclairer son choix.
Tout naturellement l'enfant en déduit que le
bien-être est donné, qu'il existe comme l'air et le soleil et que
point n'est besoin de le gagner.
L'adolescent vit dans un inonde d'assistance technique gratuite.
Il attend de la société, ou plutôt de ses parents, qu'ils lui
fournissent sa part d'assistance.
Toute limitation dans ses désirs
sera ressentie comme une brimade.
Pourquoi- lui refuser ce.
que
tout le monde possède? Pourquoi.
lutter pour .se procurer ce qui est
offert?
Les adultes s'étonnent que les jeunes prétendent tout à la fois
dépendre de leurs parents sur le plan matériel et s'en· affranchir
sur le plan moral.
Mais quoi de plus naturel? Ils ne font que se
conformer au conditionnement culturel reçu dès l'enfance.
On
imagine aisément la somme de frustrations, de désillusions qu'ils
ressentent quand ils découvrent que l'abondance des vitrines n'est
qu'une illusion et qu'ils devrqnt travailler constamment pour en
jouir.
Mais il sera trop tard pour rejeter le système.
Habitués à
l'assistance techniq.ue, appauvris sur le plan personnel, ils
devront, à leur tour, consacrer toute leur vie à poursuivre ce
plàisir des choses qui fuit au fur et à mesure qu'on s'en approche.
Ainsi la publiculture est le ferment nourricier de l'illusion
technique.
Elle drtourne l'homme de ses ressources intérieures
pour le fixer sur les ressources matérielles, elle fait admettre la
priorité des moyens sur les fins, la prédominance de l'avoir sur
l'ê.tre.
François de CLOSETS, Le Bonheur en plus.
· �ous ferez, selon votre préférence, un résumé ou une analyse de
ce texte.
Vous choisirez ensuite un problème auquel vous attachez un
intérêt ,particulier, en préciserez les données et exposerez, en les
justifiant, vos propres vues sur la question.
Conseils.
La difficulté majeure à laquelle on se heurte quand on a à
rédiger un résumé, c'est d'être fidèle au texte initial.
Or les textes
sont tous différents non seulement par ce qu'ils disent, mais par
un certain ton, une certaine tournure particulière.
Un texte par
exemple peut être humoristique.
Comment rendre cette nuance en
le résumant? Peut-être en cherchant à trouver un équivalent à cet
humour, mais qui soit à la mesure de la contraction.
Pour notre
part, nous avons essayé de rendre cette nuance de ton, non pas
parce qu'elle se trouvait consciemment dans le texte, mais parce
·que c'est ainsi que nous l'avons lu.
Lectures.
Jean BAUDRILLARD: Pour une critique de l'économie politique dq
signe, N.R.F., Essais.
S.
FREUD: Malaise dans la civ,ilisation, P.U.F.
K.
MARX : Le Capital, livre I, Éditions Sociales.
Document.
a La marchandise.•• en tant que valeur d'usage,-il n'y a rien en
elle de mystérieux, soit qu'elle satisfasse les besoins ,de l'homme
par ses propriétés, .soit que ses propriétés-soient produites par le
travail humain.
Il est évident que l'activité de- .l'homme.
trans
forme les matières fournies par I_a.
nature de façon à les rendre
util�s...
Le caractère mystique de la.
marchandise ne provient donc
pas de sa valeur d'usage.
» Marx, Capital, 1.
I, I, IV.
RÉSUMÉ
Ah, là, là! tout se perd! Notre pauvre jeunesse est livrée au
monstre publicitaire! Même les parents, même.les enseignants n'y �
p'eUvent rien! Il faut vous dire« qu'.ils » sont forts! Ça! Et puis lés
mass-media! C'est simple, les jeunes s'imaginent que tout leur·est
dû! Ils attendent que ça leur tombe tout i:ôli dans le bec! Et en
plus ils veulent leur liberté 1· Mais attention I sans que ça leur cotlte
rien I Travailler? Ab, bah nonr Pas si bêtes! Et à qui la faute s'il
vous plait? La vie est trop facile! On ne vit plus que pour avoir
son frigidaire, sa machinè à laver! Et la voiture I La voiture I La
société n'a plùs d'âme, Monsieur-! Non, Monsieur! Plu:s d'âme!
ANALYSE
La difficulté de l'analyse vient foi de ce que le message es_t trop
clair, d'une « obscure clarté » qui masque -tous les présupposês
qu'il implique.
En gros, o_n peut dire que le premier paragraphe se
ramène à la petite phrase : « !:esprit des enfants leur (âux
professionnels de la vente) appartient.
» Mais ·puisqu'.il-ne s'agit
plus de résumé et pas encore de discussion, que dire? D'abord ·que
le texte possède une structure curieuse parfaitement -adaptée ·au
type de message que nous définission_s plus -haut.
Tout est mis à
plat, rien n'est plus saillant.
Cette manière de dire l'important
dans des incises, l'accessoire· dans des principales fait qu'on a du
mal à s'y retrouver..
Un.
exemple de cette particularité structurale
est fourni par la première phrase : « I:.es vébiculey habituels de la
culture : famille, école, livre, théâtre, devraient dire ces choses.
"
Tout autant que le rappel de la vocation de ces institutions,
importe leur- définition en tant que « véhicules de la culture t.
C'est en effet à cause de cette définition, donnée comme allant de
soi, qu'on peut.leur rappeler leur rôle, les rappeler à leur devofr.
Mais si l'on y réfléch�t un moment, en quoi peut-on dire de ,la
famille qu'elle est véhicule de culture? D'abord de quelle famille
parl�t-on? Ensuite de quelle culture? Enfin en est-elle le simple
véhicule? Peut-on mettre sur le même plan que la famille, .l'école
et le livre(?), le théâtre(quel mélange!)?
A cette structure particulfère, et qui, notons-le en passant, n'est
pas faite pour simplifier notre travail d'analyse, s'ajoute une
propension à faire avancer le raisonnement comme par glissades,
irons-nous jusqu'à dire : par dérapages successifs.
Les quatre
instances que nous rappelions supra ayant été définies en tant que
moyens de transmission de a La , Kulture, comme disait Godard,
puis ayant été rappelé à l'ordre, sans espoir, on découvre que les
c parents », les o enseignants », les écrivains (pour ces derniers,
c'est plµs compréhensible) sont bien moins aptes qu'Havas ou
Publicis, à éduquer des enfants.
Là encore le paradoxe va de spi.
_Relisez le texte, je n'invente rien.
Que signifie cette dénaturation
_de la.famille et de l'école? A quel niveau ces mutations sont-elles
interprétables? Nous le saurons après une nouvelle glissade du
côté des motivatioi;ts des publicistes.
Là, on pense à un retourne
ment du schéma classique : parents éducateur�nfants éduqués
-devenant enfants éducateurs des parents (dans Ie domaine
particulier de la- consommation).
Mais une fois encore, ce
renversement (pour le moins visé, supposé) n'est pas pris en
compte.
On .dirait que le texte exerce constamment une myopie
acharnée- sur ses propres implications.
Nouveau glissement, .qui
cette fois ressemble fort à un dérapage théorique.
Qu'est-ce que la
mentalité enfantine? On aimerait en connaître la définition, qui
n'a pas jusqu'à présent été donnée, à notre connaissance.
Et nous
croyons pouvoir affirmer qu'elle ne le sera jamais étant donné le
caractère extra- c mental » et extra « enfantin » de ce qui fonde la
pli'blicité, fftt-elle produite en direction des enfants.
La comparai
son de la pratique publiéitaire avec celle de l'enseignant, tient à la
fois du plus franc grotesque et d'une conception très moderne et
très avant-gardiste de l'éducation.
En effet, l'éducation est de
plus en.plus pensée suivant le modèle de l'information� émçtteur
message-récepteur.
Vision peut-être un peu simpliste, mais (l effi
cace li.
Les solutions aux problèmes de l'enseignement se trouvent
sans doute ailleurs que dans une adaptation du modèle publièi
taire.
Le texte à présent semble se rassembler, comme on dit d'_un
cheval, ou plutôt se répéter, puisqu'à ce rassemblement ne
succède aucun bond en avant : on reprend la dernière phrase en
une pseudo-définition qui, suivant un schéma qui nous est
-désormais familier, ne définit rien.
c La compétence » et les
, moyens » des publicitaires sont encore une fois des entités
abstraites, des forces pu_res.
Nouvelle phrase lapidaire, assertion
gratuite, dont la seule justification sera pragmatique; a ça
�arche!.».
Enfin l'apothéose, l'épanouissement du.
cliché le plus
éculé, la définition de la jeunesse comme quelque chose qui n'est
pas capable de soutenir longtemps son attention, qui n'est pas
capable de comprendre des raisonnements compliqués, ·et -qui ne
pense qu'à s'amuser.
C'est, soulignons-le, la définition implicite de
la jeunesse qu'a François de Closets qui lui fait découvrir les
aspects o brefs, simples.
et distrayants » du message publicitaire le
mieux adapté aux enfants.
Tirons une première conclusion de cette analyse.
Nous d�rons
que les faiblesses manifestes du texte désignent en permanence et
comme en creux sa «tâche aveugle » : son· absence de compréhen
sion réelle du phénomène social en général et du phénomène social
publicitaire en particulier.
Cela conduit à une vision formaliste et
abstraite des choses.
Cela condamne le texte au pragmatisme le
plus myope, et à la redondance nominaliste permanente.
La suite du texte est à l'avenant.
L'égalité-société-culture est
posée en deux phrases, qui, suivant toujours le même procédé,
apparaissent surtout délivrer un autre message : la substitution
d'une source de culture-société à ·une autre.
Bientôt et sans qu'il y
paraisse, le couple société-culture se mue en triplette société
culture-informations.
Nous savons d'où ce schéma provient.
Enfin
cette conception de il! «société » avoue sa nature idéologique.
La
société moderne est définissable par la consommation.
Qu'on ne
s'interroge pas sur la nature du concept de «consommateur •• et
sur son rapport avec celui -de «travailleur·• ne saurait nous
surprendre, puisque le texte ici comme ailleurs marche à
l'évidence (et de quel pas!).
A côté du procédé de la définition
biaisée, de l'important formulé en position accessoire, «comme en
passant �.
celui du glissement-dërapage se poursuit avec un égal
bonheur.
De la culture, on revient à la société, sans que jamais la
moindre articulation, ce qui est tout de même, dans ce genre de
sujet, le problème principal, on en conviendra, soit posée.
La
société dé consommation implique une mentalité de consomma
teur, ce qui signifie une J,llentalité hédoniste.
Du coup, avec la....
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