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Les frères ennemis Pierre et Jean •• La connivence et l'affrontement des deux frères sont inscrits dans le titre de...

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« Les frères ennemis Pierre et Jean •• La connivence et l'affrontement des deux frères sont inscrits dans le titre de l'œuvre: Pierre et Jean.

C'est sans doute l'évolution de leurs rapports qui constitue le thème majeur du roman. LES CONNIVENCES Dès leur première apparition, nous sommes frappés par la res­ semblance des deux frères.

A bord de la Perle, ils occupent une position semblable.

Et ils réagissent de la même manière et au même moment aux propos de leur père.

Quand M.

Roland s'emporte, « ses deux fils, Pierre et Jean, qui tenaient, l'un à bâbord, l'autre à tribord, chacun une ligne enroulée à l'index, se m[ett]ent à rire en même temps » {p.

61). La ressemblance des deux frères est rappelée en fin de chapitre, après que la famille a appris la nouvelle de l'héritage.

Cette fois encore, Pierre et Jean ont adopté la même position.

Ils sont « en deux fauteuils pareils, les jambes croisées de la même façon, à droi­ te ou à gauche du guéridon central » {p.

81).

Les différences qui apparaissent entre eux ne sont mentionnées que dans un second temps.

!.:auteur écrit en effet qu'ils « regardaient fixement devant eux, en des attitudes semblables, pleines d'expressions différentes» (p.

81).

En somme, avant de percevoir l'opposition des deux frères, il faut bien reconnaître leur similitude. Cette ressemblance n'est pas seulement extérieure.

Elle s'exprime aussi dans les goûts des personnages.

Au fil du roman, on voit Pier­ re et Jean s'intéresser à la même femme {Mme Rosémilly) et convoi­ ter le même appartement {celui du boulevard François-1er).

Et même quand le narrateur souligne l'écart entre les deux frères, il montre que chacun ne se définit que par rapport à l'autre.

Jean est« aussi blond que son frère était noir, aussi calme que son frère était emporté, aussi doux que son frère était rancunier » (p.

63).

Le narrateur pourrait décrire les caractéristiques des deux frères sans établir de parallèle entre l'un et l'autre.

Mais justement : le portrait, même contrasté, trahit encore l'affinité des deux héros.

Il serait insuffisant de noter que Jean est blond et que Pierre est brun.

Jean est «aussi blond que son frère était noir».

Les deux frères ne sont définis que l'un par rap- { l j port à l'autre. LES DIFFÉRENCES Une fois les personnages placés sur· le même plan, le contraste entre eux est évident. Les différences physiques sont les plus apparentes.

La couleur des cheveux oppose les deux frères.

Pierre et Jean diffèrent encore par le soin qu'ils apportent à leur personne.

Pierre a des « favoris noirs coupés comme ceux des magistrats» (p.

62), mais n'a ni barbe ni moustaches.

Jean, lui, est « très barbu » (p.

62).

Les frères s'opposent éga_lement par leur constitution.

Pierre a des bras « velus, un peu maigres, mais nerveux ».

Ceux de Je!;\n sont « gras et blancs, un peu roses, avec une bosse de muscles [ ...] sous la peau » (p.

70). Ces différences physiques sont en même temps psychologiques. Car ce sont en fait deux tempéraments qui se distinguent ici.

Pierre a une nervosité physique qui va de pair avec son caractère irritable, sa parole tranchante et sarcastique.

Jean a une douceur lymphatique qui l'incline à la bienveillance et à la conciliation.

A plusieurs reprises, il est question de la « mollesse » de Jean (p.

64, 186).

Le terme a valeur de portrait : la mollesse est tout à la fois physique, psychologique et morale. Enfin, les deux frères s'opposent par leur attitude face à la société.

Pierre a des « idées politiques, artistiques, philosophiques, morales 32 » (p.

65).

Il aime s'opposer aux autres dans la discussion. PROBLÉMATIQUES ESSENTIELLES 1 Jean est conformiste.

Leurs études ont été différentes.

Pierre s'est senti successivement « de la vocation pour des professions variées» et s'est « vite dégoûté de chacune » (p.

63).

Jean, en revanche, a fait « tranquillement » (p.

63) son droit t:un et l'autre se préparent à exercer des métiers différents.

Pierre a choisi d'être médecin et Jean avocat. La dernière différence entre les deux frères tient évidemment à l'héritage de Maréchal. A la fin du premier chapitre, Jean devient riche ••• Pierre découvre soudain qu'il ne peut compter que sur luimême. UNE ÉTRANGE INVERSION DES RÔLES Pourtant, alors que les deux frères semblent voués à s'opposer dans tous les domaines, ils en viennent au fil des pages à échanger curieusement leurs rôles. Au premier chapitre, Pierre est présenté comme celui des deux qui est le plus attaché à Mme Roland.

Pierre, nous dit-on, « aimait beaucoup sa mère » (p.

75).

Il manifeste la volonté de la préserver de tout souci.

Parce qu'il craint pour elle « une désillusion, un petit chagrin, une petite tristesse» (p.

75), il l'arrête dans sa rêverie.

Mais à la fin du roman, c'est Jean qui se montre attaché à sa mère et qui la prend sous sa protection.

Il est dit au chapitre VIII que « Jean répétait avec tendresse "mère" et "chère maman", prenait soin d'elle, la servait et lui versait à boire» (p.

191).

C'est Jean qui, lorsque Pierre s'éloigne de sa mère, se montre affectueux et prévenant envers elle.

Il a pris la place de Pierre auprès de Mme Roland..... »

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