Les fusions géantes se sont multipliées, mais peu de multinationales sont véritablement globales Les vagues de fusions et d’acquisitions d’entreprises...
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Les fusions géantes se sont multipliées, mais peu de multinationales sont
véritablement globales
Les vagues de fusions et d’acquisitions d’entreprises auront été l’un des traits
marquants du capitalisme de la fin du XXe siècle.
En 1981, près de 200 fusions
dans le monde avaient modifié la propriété de 200 milliards de dollars d’actifs.
En 1995, on enregistrait 4 300fusions transnationales pour une valeur de
187milliards de dollars, et jusqu’à 6300 opérations (720 milliards de dollars)
en 1999.
Près de la moitié (48 %) des opérations réalisées en 1997 en Europe ont
réuni des firmes de nationalités différentes.
Des compagnies multinationales de
très grande taille ont regroupé leurs actifs : on a enregistré en 1999 109
opérations géantes de fusion, d’acquisition, de prise de participation ou de
création de sociétés communes de plus d’un milliard de dollars, et 175
opérations en 2000.
Les principales opérations ont réuni Vodafone et Mannesmann,
France Telecom et Orange, Vivendi Seagram et Canal +, Zaneca et Astra, BP Amoco
et ARCO, Unilever et Bestfoods, Rhône-Poulenc et Hoechst, Ford et Volvo, Exxon
et Mobil, Renault et Nissan, Daimler et Chrysler.
Les principaux secteurs
concernés sont les télécommunications, la banque, les industries pétrolières,
pharmaceutiques, l’électronique et l’automobile.
La vague des fusions géantes
s’est ralentie en 2001.
En Europe, Bruxelles y a parfois opposé son veto.
Surtout, plusieurs fusions transnationales ont fait baisser la valeur boursière
des nouveaux groupes ainsi constitués et ont fait chuter les bénéfices.
Fusions et confusions
La presse spécialisée a commenté ces fusions géantes comme une marche vers la
world company, la firme de taille mondiale, semblant rejoindre ainsi l’idée que
les multinationales deviennent « globales » c’est-à-dire avec une production, un
système d’innovation, des sources de financement et un recrutement des cadres
dirigeants véritablement multinationalisés.
Jugement peut-être un peu rapide.
Rien que parmi les cent plus grandes multinationales du monde, les écarts de
taille sont considérables : en 1999, les actifs de Bridgestone, la centième,
étaient vingt-six fois moindres que ceux de la première, General Electric (405
milliards de dollars).
Mais surtout, la taille obtenue à l’issue d’une fusion ne
signifie pas pour autant que la firme va adopter une stratégie globale.
D’une
part, plus de la moitié des fusions n’atteignent pas les résultats économiques
attendus et un tiers sont de véritables échecs.
D’autre part, la recherche par
la firme de la taille mondiale dans son secteur n’est que l’une des motivations
de ces opérations géantes.
Elles sont aussi dictées par des stratégies de
pénétration des marchés pertinents (marchés émergents, marché unique européen),
par la réduction des coûts, le recentrage des firmes sur leur métier de base,
les économies d’échelle, la synergie des activités, l’élimination des
surcapacités de production et parfois même par des objectifs purement financiers
ou une volonté de pouvoir et de prestige de la part des managers.
Les multinationales les plus globales en 1999, selon le chiffre d’affaires
réalisé à l’étranger, la part des salariés étrangers dans les effectifs et le
nombre de pays d’implantation, étaient Thomson Corp., Nestlé, ABB, Electrolux,
Roche Group, British American Tobacco, Unilever, Seagram, Akzo Nobel, Cadburry
Schweppes, L’Air liquide, Glaxo.
Toutes n’ont pas été impliquées dans la vague
de fusions de la fin des années 1990.
S’il est donc certain que les fusions
peuvent être l’un des vecteurs des stratégies globales de certaines
multinationales, elles n’en sont pas l’unique ingrédient.
Les multinationales
globales ont, en outre, une vision mondiale des marchés et de la concurrence,
défendent leurs parts de marché et rentabilisent leurs actifs à cette échelle.
Elles coordonnent leurs activités localisées dans de nombreux pays d’accueil
grâce aux technologies de l’information et avec des modes de production
flexibles.
Elles délocalisent et relocalisent leurs activités en fonction de la
rentabilité, non seulement procèdent à des fusions avec des firmes étrangères,
mais encore forment entre elles des réseaux mondiaux d’alliances stratégiques.
Cela les distingue de la grande majorité des autres....
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