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« Les gens ne s'intéressent pas aux héros heureux, il leur faut du tragique, du mythique, du monstrueux, du terrifiant....

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« « Les gens ne s'intéressent pas aux héros heureux, il leur faut du tragique, du mythique, du monstrueux, du terrifiant.

» J.

Lacarrière - L'Eté Grec.

Vous étudierez cette opinion en vous référant aux oeuvres étudiées en classe, mais aussi à vos lectures et à vos connaissances personnelles. Analyse du sujet et problématisation : Le malheur est le point de départ de nombreuses œuvres littéraires, le bonheur étant considéré comme un sujet ennuyeux et non propice à la mise en œuvre de péripéties. C’est ce qu’affirme ici J.

Lacarrière en évoquant l’intérêt des lecteurs pour les héros voués au malheur. Le jugement de J.

Lacarrière met sur même plan les notions de tragique, mythique, monstrueux et terrifiant, les réunissant sous le thème du malheur. Les notions de tragique et mythique renvoient à la littérature antique.

L’adjectif tragique fait référence à la tragédie, genre littéraire mettant en œuvre un destin qui s’acharne contre le héros, menant à un dénouement fatal.

Par mythique, on entendra toute œuvre littéraire cherchant, par le biais de la fiction, à révéler des vérités essentielles et inexplicables par un discours raisonné.

Ces deux notions ont une parenté évidente : elles renvoient toutes deux à une littérature ancestrale traitant des forces qui s’abattent sur l’homme et orientent son existence. Les adjectifs monstrueux et terrifiant entretiennent aussi une parenté évidente.

Ils évoquent une réalité hors-norme, inspirant peur et incompréhension.

Le monstre est, par définition, terrifiant : monstre se définit généralement comme un être vivant comportant une ou des malformations importantes.

Il désigne aussi un être fantastique qui figure dans la mythologie ou les légendes.

Mais d’une manière générale, c’est par rapport aux lois de la nature que le monstre est abordé.

Il est celui qui excède, déborde les lois de la nature. Notons aussi l’étymologie du terme monstre qui vient du latin monstrare signifiant montrer : le monstre révèle donc des vérités sur l’homme. Mettre sur le même plan ces quatre notions c’est renvoyer à l’idée antique de la catharsis et de ses ressorts : terreur et pitié. Le héros malheureux digne d’intérêt selon J.

Lacarrière est donc avant-tout, un héros tragique. Problématique : Le bonheur en littérature doit-il être considéré comme une banalité non digne d’intérêt ? Faut-il, dès lors, la malédiction du malheur, la mécanique infernale de la fatalité s'exerçant sur des héros pour intéresser lecteurs et spectateurs ? I) L’intérêt du tragique monstrueux Les héros malheureux suscitent l’intérêt des lecteurs car ils permettent de mettre en place une intrigue et un suspense souvent palpitant, les lecteurs éprouvant du plaisir à ressentir de la peur. 1) Le héros tragique et mythique : un héros fascinant Le héros malheureux du mythe ou de la tragédie est souvent un héros fascinant car un héros hors-norme, soit du fait de son apparence monstrueuse et inhumaine, soit du fait de sa vie soumise à une fatalité elle aussi monstrueuse et inhumaine contre laquelle il ne peut rien.

Le héros tragique et mythique est fascinant car il vit souvent dans un monde fantastique et magique. Ex : · Œdipe, héros mythique et tragique fils « maudit » qui est victime de la malédiction des dieux. · Le docteur Frankenstein, dans le roman éponyme de Marie Schelley est un héros tragique (car il subit les conséquences fatales de sa propre création) et mythique.

Il fascine le lecteur par ses capacités intellectuelles surhumaine et par sa création : un clone humain monstrueux. 2) Le mécanisme de la catharsis rend le héros tragique plus digne d’intérêt Le héros sur qui tous les malheurs s’abattent est digne d’intérêt pour le lecteur et le spectateur, car, provoquant chez eux terreur et pitié, il enclenche le mécanisme de la catharsis tragique.

La catharsis est, à l’origine, un procédé propre au théâtre et plus particulièrement la tragédie, mais on observe des effets cathartiques sans tous les genres littéraires.

Le procédé de la catharsis consiste à inspirer terreur et pitié au spectateur afin de le purger de sa violence.

Un héros malheureux et monstrueux s’avère donc plus apte à inspirer terreur et pitié aux lecteurs et spectateurs. Ex : · Médée dans la pièce éponyme de Sénèque qui tue ses propres enfants pour se venger de son mari.à ce déchaînement de violence provoque un effet choc chez le spectateur qui se trouve purifié de ses propres pulsions violentes. · Possibilité d’une catharsis véhiculée par les personnages des romans réalistes ou naturaliste, telle Gervaise, héroïne de l’Assomoir de Zola provoquant, par son destin tragique, terreur et pitié du lecteur prenant conscience d’une violente réalité sociale. 3) La puissance de révélation du monstre tragique Le héros monstrueux et tragique sur lequel s’abattent des malheurs terribles et improbables est doté d’une importante puissance de révélation.

Par son destin exceptionnel, il accède souvent au statut mythique et révèle ainsi des vérités profondes sur l’homme et sur le monde.

Cette puissance d’explication du monde et de l’homme qu’ont les œuvres littéraires fondées sur le terrifiant et le tragique, les rendent dignes de l’intérêt des lecteurs qui y trouvent des réponses à leurs interrogations existentielles ou métaphysiques. Ex : · Les romans fantastiques mettant en scène des monstres androïdes, des créatures artificielles terrifiantes et mythiques, tels Frankenstein de Marie Schelley, L’Eve Future de Villiers de l’Isle Adam ou L’Homme au sable d’Hoffmann, révèlent les nuisances et dérives tragiques de la modernité : ils agissent comme une véritable mise en garde auprès des lecteurs. II) Le bonheur du retour à l’ordre Cependant, une œuvre littéraire totalement centrée sur le malheur semble vouée à l’échec : la tragédie ne peut durer.

Elle doit avoir.... »

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