LES GRANDES PUISSANCES EUROPÉENNES FACE A LA CRISE DES ANNÉES 30 Introduction : Reprendre les· conditions de la diffusion de...
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LES GRANDES PUISSANCES EUROPÉENNES
FACE A LA CRISE DES ANNÉES 30
Introduction : Reprendre les· conditions de la diffusion de la
crise en Europe occidentale.
Y ajouter les dévaluations qui "exportent" la crise chez Je.
voisin : la
dévaluation de la livre en 1931 est un facteur de crise aussi Important
pour l'Europe continentale que le krach de Wall Street.
1.
Échec de la solution internationale et choix des
solutions nationales.
Malgré la multiplication des déclarations de solidarité, aucune action
commune contre la crise n'a pu être entreprise.
La Conférence douanière de février 1930, sous l'égide de la S.D.N.,
décida l'harmonisation des politiques commerciales; nul n'en tint
compte.
La Conférence monétaire de Londres de juin 1933 se heurta
au refus catégorique de Roosevelt d'établir une parité fixe des
monnaies; après quoi le monde se partagea en blocs monétaires,
bloc dollar des monnaies alignées sur le dollar, bloc sterling des
monnaies alignées sur la ·livre, bloc or des pays qui, comme la
France, restent attachés à l'étalon or; en dehors les pays qui concluent
des accords de clearing (accords commerciaux bilatéraux
comportant des échanges compensés sur la base d'un taux de
change conventionnellement fixé).
■
11 ne restait plus qu'à chercher des solutions nationales.
Elles
présentent des points communs : manipulations monétaires quifont
varier les prix à l'exportation et à l'importation; protectionnisme et,
à la limite, autarcie; rénovation des structures économiques en vue
d'une meilleure rentabilité.
Dans tous les cas, intervention de l'Etat.
■ Dans quelle mesure ces politiques économiques sont-elles
influencées par les théories de !'Anglais J.-M.
Keynes (Théorie de la
monnaie, 1930; Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie, 1936)? Pour Keynes, la crise provient d'un excès de thé
saurisation (inspiré par la stabilité de la monnaie), qui retire de la
circulation une partie de la valeur créée par la production; elle se
fait au détriment des dépenses d'investissement plutôt que des
dépenses de consommation; le chômage, cause principale de I a
chute du pouvoir d'achat, est une conséquence indirecte de la thé
saurisation.
L'Etat doit intervenir pour pallier l'insuffisance de l'inves
tissement, et accessoirement pour relancer directement le pouvoir
d'achat.
Son intervention, "anlicycliql!e", car elle contrarie le pro
cessus de crise, se produisant en période d.e baisse des recettes
fiscales, doit être financée par un déficit budgétaire (v.
devoir 5)
générateur d'une inflation qui a pour effet second de décourager la
thésaurisation.
Les gouvernements ont parfois entendu Keynes,
mais moins que les· économistes n'en ont parlé.
Il.
La solution britannique.
La crise mondiale a atteint en Grande-Bretagne, en 1930, une
économie déjà anémiée par une crise nationale permanente.
A.
Manifestation de la crise.
a.
Effets de la contraction du commerce international
baisse des exportations
1929
1930
1931
millions de $ or
-➔ 3 553
1 754
2 765
baisse corrélative de la
262
247
production de charbon (Mt) -➔
233
aggravation du chômage
(millions de chômeurs)
_..
1,3
2,3
2,5
- ruine des régions traditionnellement exportatrices (textiles, métal
lurgie) du pays noir (depressed areas);
- épuisement du budget par le "dole" (20s par semaine).
- déficit de la balance des paiements (baisse des revenus des capitaux investis à l'étranger, des revenus de la flotte).
b.
Effets des retraits américains.
Les banques américaines réclament le remboursement des fonds
prêtés à court terme aux banques anglaises.
Celles-ci, qui les ont
placés en Europe centrale à taux d'intérêt plus élevé, ne peuvent
les récupérer parce qu'ils sont gelés (Allemagne) ou parce que les
organismes débiteurs ont fait faillite.
Elles en empruntent le montant
à la Banque d'Angleterre.
Les livres délivrées par la Banque d'Angle
terre sont versées aux créanciers américains qui .en exigent la conver
sion en or.
Le déficit budgétaire qui entraîne l'inflation, le déficit de la balance
des paiements et les restitutions de fonds américains qui entraînent
des sorties d'or, ébranlent le crédit de la livre et provoquent de la
part des instituts d'émission étrangers, qui ont gagé leur monnaie
sur la livre en application du G.E.S., des demandes de rembourse
ment en or de leurs avoirs en livres.
■ Les réserves d'or de la Banque d'Angleterre fondent : on craint
de ne plus pouvoir assurer la convertibilité de la livre.
B.
La lutte contre la crise.
Elle est l'œuvre des conservateurs essentiellement, d'abord prépon
dérants au sein d'un cabinet d'union nationale Mac Donald, puis
seuls au pouvoir dans les cabinets Baldwin (1935-1937) et Neville
Chamberlain (1937-1940).
Triple objectif :
a.
Sauver la livre.
� Abandon de l'étalon-or le 21 septembre 1931 (décision fondamen
tale dans l'histoire monétaire britannique, improprement dénommée
dévaluation); la livre n'est plus remboursable en or; sa valeur de
change ne dépend plus que de l'offre et de la demande, régularisées
par un Fonds d'égalisation des changes (v.
comment.
de doc.
1).
Elle tombe de 124 à 85 F.
- Retour à l'équilibre budgétaire par économies sur dépenses mili
taires, traitements, indemnités de chômage.
b.
Redresser la balance commerciale.
- La baisse de la livre, réduisant les prix britanniques à l'étranger,
relance l'exportation.
Effet en partie annulé par l'alignement des
monnaies des dominions, de la Suisse, du Portugal, etc.
(bloc ster
ling); cet alignement permet du moins à la Grande-Bretagne de ne
pas payer plus cher ses importations.
- Mais la reprise se heurte au protectionnisme étranger; il faut
chercher des débouchés dans le Commonwealth.
La conférence
d'Ottawa (1932) organise la préférence impériale : 1.
La Grande
Bretagne reçoit en franchise les produits du Commonwealth et frappe
de droits élevés les produits étrangers; 2.
Les dominions appliquent
aux produits manufacturés britanniques des droits inférieurs à
ceux qui frappent les produits des pays tiers.
- · Pourtant le Commonwealth ne devient pas un marché fermé.
Les
dominions conservent à l'égard de la Grande-Bretagne des droits
suffisants pour protéger leur jeune industrie.
c.
Adapter les structures avec l'aide de l'Etat.
- Encouragement à l'agriculture (subventions aux céréaliculteurs,
aux éleveurs, garantie de prix pour certains produits).
- Concentration industrielle encouragée par l'Etat.
Dans l'automo
bile, Rootes motor ltd = Humber + Hillman + Talbot; dans la sidé
rurgie, cartel British Iron and Steel; dans les houillères, le New coal
bill (1938) prépare des fusions.
- Elimination des industries condamnées : démontage d'usines
cotonnières avec l'aide de l'Etat.
Création de trading estales, zones
industrielles aménagées par l'Etat dans les depressed areas pour
recevoir des industries rentables.
Installation dans le bassin de
Londres d'industries mieux adaptées à la demande (mécanique,
automobile, aéronautique) qui attirent les chômeurs du pays noir.
Malgré la persistance du chômage et d'un déséquilibre de la
balance des paiements, l'économie britannique modernisée se porte
mieux en 1939 qu'en 1929.
■
Ill.
La solution allemande.
A.
Manifestations de la crise.
La crise frappe l'Allemagne par les mêmes voies que l'Angleterre,
mais plus durement car l'équilibre économique est plus fragile
(lourdes charges d'intérêts résultant de l'endettement extérieur, ponc
tion des Réparations sur le produit national, investissements à la
limite des moyens financiers).
La fermeture des marchés étrangers fait baisser les exportations
(1929 : 13,7; 1932 : 5,8 milliards de Rm), la production industrielle
(indice 100 en 1928, 59 en 1932), provoque le chômage (5,7 millions
en 1932).
Le rapatriement des capitaux américains prêtés à court terme, qui
ont été transférés aux bénéficiaires des Réparations ou investis à
long terme, contraint les banques à tirer sur les réserves d'or de la
Reichsbank, qui tombent de 2,5 à 1 milliard de Rm de janvier à
juin 1931.
La chute des actions allemandes provoquée par les ventes d'inves
tisseurs américains met en difficulté les banques qui, pour faire face
aux demandes de remboursement de leurs déposants inquiets doivent
vendre à perte leurs propres titres.
La Danat Bank doit suspendre ses
paiements (juin 1931).
B.
L'action du gouvernement Brüning (1930-1932) en 1931.
Elle est draconienne : fermeture des banques du 15 au 18 juillet remise à la Reichsbank de toutes les créances étrangères - inter
diction des sorties de devises et d'or (les avoirs étrangers "gelés"
ne peuvent plus être rapatriés, les Allemands ne peuvent plus expor
ter de capitaux) : premier exemple de contrôle des changes en
période de paix; le mark devient inconvertible de fait, mais sa valeur
officielle reste immuable.
''L'Allemagne sacrifiait à la stabilité moné
taire son crédit et le prestige de ses établissements bancaires"
(M.
Saumont).
Dans l'espoir d'obtenir en contrepartie un assouplissement du
contrôle des changes, les Etats-Unis aidèrent l'Allemagne à obtenir
(conférence de Lausanne, juin 1932) la quasi annulation des Répa
rations dont le solde est ramené à 3 milliards de marks-or qui ne
seront jamais payés.
Le contrôle des changes subsista.
■ La crise financière est jugulée; la crise économique continue.
C.
Le programme économique national-socialiste.
Elle allait porter au pouvoir (janvier 1933) le national-socialisme
(parallélisme entre la courbe des succès électoraux des nazis et
celle du chômage), qui présente un programme économique anti•
capitaliste et antimarxiste.
■ Les entreprises sont au service de la collectivité et non des inté
rêts privés.
Elles doivent être contrôlées par l'État tout en restant
gérées par leurs propriétaires responsables devant l'État.
Leurs
activités doivent être conformes à l'intérêt national.
Les rapports
capital-travail seront organisés en vue de promouvoir une solidarité
au sein de l'entreprise, et, partant, au sein de la nation (corpora0
tisme; cf..
Italie).
Programme dirigiste qui parut aux capitalistes allemands la meilleure
défense contre le collectivisme et les décida à soutenir le nazisme.
A l'épreuve du pouvoir, il devait subir des corrections empiriques,
sous l'effet des exigences de la lutte contre la crise et de la prépara
tion de la guerre, dans un sens plus favorable au capitalisme (élimi
nation de la gauche socialiste du parti N.-S., juin 1934) : le capita
lisme allemand dut s'intégrer dans un système dirigiste et totalitaire
qui le priva de sa liberté, mais non de ses profits.
D.
Les nouvelles structures corporatives et dirigistes.
Application du "Führerprinzip" : les directives données ·aux entre
prises sont transmises par une hiérarchie de chefs nommés par le
pouvoir à la tête d'organismes de direction et de contrôle.
a.
Agriculture.
Constitution des propriétés foncières en Erbhôfe , domaines inalié
nables et indivisibles de 125 ha.
au plus, que le propriétaire, élevé
à la dignité de "Bauer" doit exploiter conformément aux directives
reçues en échange d'une aide de l'État (loi 29 septembre 1933).
Réùnion des entreprises de production, de transformation, de com
mercialisation des produits agricoles en une Reichsniihrstand
(corporation alimentaire) divisée en 19 secteurs régionaux, qui,
sous l'autorité du führe� fixe les prix, organise les marchés, oriente
la production (loi 9 décembre 1933).
b.
Industrie, commerce, banques.
Charte du Travail : le chef d'entreprise établit et, après approbation
du Commissaire du Travail, applique le règlement d'entreprise,
règle les conflits· avec un Conseil de confiance désigné par les
ouvriers qui peut les soumettre au Commissaire du Travail; grève
et lock-out interdits (loi 16 janvier 1934).
Cartellisation obligatoire des entreprises en vue de l'organisation
du marché (loi 15 juillet 1933).
Organisation de 6 groupes économiques nationaux correspondant
chacun à un secteur d'activité, divisés en chambres économiques
régionales, auxquels les entreprises doivent adhérer; sous l'autorité
d'un directeur nommé, ils fixent les prix et organisent les circuits.
c.
Commerce extérieur contrôlé au moyen du contrôle des changes
et d'accords de clearing.
d.
Pas de nationalisations.
Deux entreprises nationales seulement,
créées pour assurer des activités non rentables mais vitales pour
la Nation : Hermann Goering Werke (exploitation de mines appau
vries), VIAG ( = Vereinigte lndustrieunternehmungen A.G.
: holding
d'État d'entreprises diverses).
Cas particulier de Volkswagen (1938),
capital souscrit par Porsche, par l'État et par les ouvriers, cette
dernière part remboursable en automobiles.
E.
La lutte contre la crise.
a.
Résorption du chômage.
Le recrutement des S.A., le service du travail obligatoire (1935), le
service militaire obligatoire (1935 : 1 an; 1936 : 2 ans) absorbent
2 millions de chômeurs.
Lancement d'un premier plan quadriennal (1933-37).....
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