Les Lettres persanes, XI 1 j ., de Charles de Montesquieu c1ss9-1155) LAVî"ËVR. Les Lettres persanes est l'ouvrage qui procurera...
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Les Lettres persanes, XI 1
j
.,
de Charles de Montesquieu c1ss9-1155)
LAVî"ËVR.
Les Lettres
persanes est
l'ouvrage qui
procurera à
Montesquieu une
certaine renommée
dans le monde des
salons parisiens,
avant que ses études
historiques,
juridiques et
politiques
( entre autres
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___________ - - -- -
1 Les Lettres persanes sont un roman épistolaire, constitué des lettres que
, Usbek et Rica, deux P__ersans qui visitent la France, échangent avec leurs
amis restés en Perse.
A travers l'œil naif de ces Orientaux, surpris par les
mœurs françaises, Montesquieu fait un tableau sévère de la société où il
vit.
Les lettres des deux visiteurs sont parfois aussi le prétexte à des
réflexions plus générales de l'auteur sur l'histoire, la morale ou la poli
tique.
Ainsi, dans les lettres XI à XIV, Montesquieu conte l'histoire d'un
peuple imaginaire, les Troglodytes: faute d'avoir su transmettre à leurs
enfants les vertus civiques et morales, les Troglodytes n'ont pas pu conser
ver leur organisation politique démocratique.
1
L 'Esprit des lois)
ne le rendent célèbre
dans le domaine
des idées.
Sous
l'exotisme piquant
des Lettres persanes
émergent d'ailleurs
déjà les théories
politiques que
l'auteur formalisera
dans ses écrits plus
sérieux.
1.
Différents des autres.
USBEK À MIRZA, À ISPAHAN.
5
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15
2.
Rappelaient.
3.
Soucis.
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25
Tu as vu, mon cher Mirza, comment les Troglodytes périrent par
leur méchanceté même et furent les victimes de leurs propres
injustices.
De tant de familles, il n'en resta que deux qui échappè
rent aux malheurs de la Nation.
Il y avait dans ce pays deux
hommes bien singuliers 1: ils avaient de l'humanité; ils connais
saient la justice; ils aimaient la vertu.
Autant liés par la droiture de
leur cœur que par la corruption de celui des autres, ils voyaient la
désolation générale et ne la ressentaient que par la pitié; c'était le
motif d'une union nouvelle.
Ils travaillaient avec une sollicitude
commune pour l'intérêt commun; ils n'avaient de différends que
ceux qu'une douce et tendre amitié faisait naître; et, dans l'endroit
du pays le plus écarté, séparés de leurs compatriotes indignes de
leur présence, ils menaient une vie heureuse et tranquille.
La terre
semblait produire d'elle-même, cultivée par ces vertueuses mains.
Ils aimaient leurs femmes, et ils en étaient tendrement chéris.
Toute leur attention était d'élever leurs enfants à la vertu.
Ils leur
représentaient 2 sans cesse les malheurs 3 de leurs compatriotes et
leur mettaient devant les yeux cet exemple si triste; ils leur fai
saient surtout sentir que l'intérêt des particuliers se trouve toujours
dans l'intérêt commun; que vouloir s'en séparer, c'est vouloir se
perdre; que la vertu n'est point une chose qui doive nous coûter;
qu'il ne faut point la regarder comme un exercice pénible; et que
la justice pour autrui est une charité pour nous.
Ils eurent bientôt la consolation des pères vertueux qui est d'avoir
des enfants qui leur ressemblent.
Le jeune peuple qui s'éleva sous
leurs yeux s'accrut par d'heureux mariages: le nombre augmenta;
l'union fut toujours la même, et la vertu, bien loin de s'affaiblir
dans la multitude, fut fortifiée, au contraire, par un plus grand
nombre d'exemples.
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Qui pourrait représenter ici le bonheur de ces Troglodytes? Un
peuple si juste devait être chéri des Dieux.
Dès qu'il ouvrit les yeux
pour les connaître, il apprit à les craindre, et la Religion vint adoucir dans les mœurs ce que la Nature y avait laissé de trop rude.
Ils instituèrent des fêtes en l'honneur des Dieux [les jeunes filles,
ornées de fleurs, et les jeunes garçons les célébraient par leurs
danses et par les accords d'une musique champêtre.
On faisait
ensuite des festins où la joie ne régnait pas moins que la frugalité.
C'était dans ces assemblées que parlait la Nature naïve: c'est là
qu'on apprenait à donner le cœur et à le recevoir; c'est là que la
pudeur virginale faisait en rougissant un aveu surpris, mais bientôt
confirmé par le consentement des pères; et c'est là que les tendres
mères se plaisaient à prévoir de loin une union douce et fidèle.
On allait au Temple pour demander les faveurs des Dieux; ce
n'était pas les richesses et une onéreuse abondance: de pareils souhaits étaient indignes des heureux Troglodytes; ils ne savaient les
désirer que pour leurs compatriotes.
Ils n'étaient au pied des autels
que pour demander la santé de leurs pères, l'union de leurs frères,
la tendresse de leurs femmes, l'amour et l'obéissance de leurs
enfants.
Les filles y venaient apporter le tendre sacrifice de leur
cœur et ne leur demandaient d'autre grâce que celles de pouvoir
rendre un Troglodyte heureux.
Le soir, lorsque les troupeaux quittaient les prairies, et que les
bœufs fatigués avaient ramené la charrue, ils s'assemblaient, et,
dans un repas frugal, ils chantaient les injustices des premiers Troglodytes et leurs malheurs, la vertu renaissante avec un nouveau
peuple et sa félicité.
Ils célébraient les grandeurs des Dieux, leurs
faveurs toujours présentes aux hommes qui les implorent, et leur
colère inévitable à ceux qui ne les craignent pas; ils décrivaient
ensuite les délices de la vie champêtre et le bonheur d'une condition toujours parée de l'innocence.
Bientôt, ils s'abandonnaient à
un sommeil que les soins et les chagrins n'interrompaient jamais.
La Nature ne fournissait pas moins à leurs désirs qu'à leurs besoins.
Dans ce pays heureux, la....
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