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Les mécanismes du rire Aucune situation n'est comique en elle-même. Un homme, par exemple, trébuche dans un escalier : sa...

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« Les mécanismes du rire Aucune situation n'est comique en elle-même.

Un homme, par exemple, trébuche dans un escalier : sa chute peut susciter soit le rire soit la commisération.

Tout est affaire de circonstances.

Au théâtre, tout dépend du traitement de la scène. Deux conditions sont ainsi nécessaires à la naissance du rire : l'existence d'un écart par rapport à une norme ; et la supériorité du rieur sur celui dont il rit.

Le comique est un art de la mise à distance. L'ÉCART PAR RAPPORT À UNE NORME On ne rit pas de ce qui est conforme à une règle communément admise.

Cela semble banal, normal ou logique.

En revanche, lors­ qu'un comportement s'écarte de la règle et que se produit un déca­ lage, le rire apparaît.

Nous rions d'une maladresse parce qu'elle résulte d'une incapacité à maîtriser un simple savoir-faire. 1 La transgression de la norme sociale Depuis Aristote, la comédie se propose de « peindre le ridicule ». Mais qu'est-ce que le ridicule ? Pourquoi déclenche-t-il le rire ? Le ridicule implique un travers, un défaut ou une contradiction.

C'est un non-respect des conventions et des pratiques ordinaires. De nombreux personnages de Molière relèvent de ce cas de figure.

L'avarice d'Harpagon est un amour de l'argent, que nous jugeons excessif et déraisonnable.

Les « précieuses » sont précisé­ ment « ridicules » parce qu'elles ont perdu tout bon sens, comme Orgon dans Tartuffe, ou les « femmes savantes » dans la pièce du même nom. ILa transgression d'un absolu Cet écart peut se produire par rapport à une idée, à ce qui devrait exister en raison ou dans l'absolu. Le comique de l'absurde n'existe que parce qu'il est une négation outrancière de la logique ou de l'évidence.

Ainsi, quand Madame Smith, dans La Cantatrice chauve, de Ionesco, parle de son médecin : C'est un bon médecin.

On peut avoir confiance.

Il ne recommande jamais d'autres médicaments que ceux dont il a fait l'expérience sur lui-même.

Avant de faire opérer Parker, c'est lui d'abord qui s'est fait opérer du foie sans être aucunement malade ! Chez Molière, Tartuffe est comique parce que c'est un menteur que tout le monde (sauf Orgon) a percé à jour et qu'il est donc en contradiction avec les principes moraux qu'il affiche. LA SUPÉRIORITÉ DU RIEUR L'écart est certes une condition nécessaire du comique, mais il est insuffisant.

En effet, le rieur ne rit que parce qu'il s'estime (à tort ou à raison, peu importe) exempt du travers du défaut, de la manie ou de la maladresse de l'autre. IL'« orgueil » du rieur Un véritable avare ne percevra pas Harpagon comme un personnage comique.

Ou alors, comme le dit le langage courant, il « rira jaune», c'e~t-à-dire d'un rire forcé, gêné, précisément pour masquer qu'il est un avare. « Mettre les rieurs de son côté », c'est toujours le moyen de se trouver dans une position de force ou de domination. Reprenons l'exemple de la chute.

Ainsi que le commente Baudelaire : Ce pauvre diable s'est au moins défiguré, peut-être s'est-il fracturé un membre essentiel.

Cependant le rîre est parti, irrésistible et subit.

Il est certain que si l'on veut creuser cette situation, on trouvera au fond de la pensée du rieur un certain orgueil inconscient. C'est là le point de départ : moi, je ne tombe pas : moi, je marche ~roit (« De l'essence du rire», in Œuvres complètes de Baudelaire, Editions Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade, 1961, p.

980981)..... »

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