Les nations riches et les peuples pauvres Les peuples continuent à penser cc nation >) au lieu de penser «...
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«
Les nations riches et les peuples pauvres
Les peuples continuent à penser cc nation >) au lieu de penser « monde >>; les
peuples riches continuent de croire que le monde entier est à leur discrétion
pour leur permettre d'accroître à rythme régulier leurs niveaux de vie déjà
si élevés; les peuples pauvres n'ont pas conscienc� de la gravité de leurs
désordres internes, de leurs ambitions irréalisables, de leurs appels contra
dictoires.
Les politiques des uns et des autres restent courtes, extrêmement
courtes, du fait que ni les uns ni les autres ne perçoivent clairement les obli
gations qui devraient découler des complémentarités économiques et
culturelles et de la propagation universelle du savoir scientifique et technique
occidental.
Les dirigeants sont noyés dans l' « immédiateté >> devenue pour
eux un absolu qui leur voile toute grande perspective.
Un fait majeur devrait attirer l'attention.
L'exemple de l'Occident
a provoqué la contagion du désir de savoir.
Il n'est aucun peuple, si peu
développé qu'il soit, qui ne cherche à multiplier ses écoles primaires, à
fonder des écoles secondaires, à créer des écoles supérieures.
Par le savoir,
pour la première fois, l'humanité prend conscience de sa réalité totale,
et cela constitue une révolution aussi importante que celle des communi
cations et des transports.
On ne dispose pas encore de données très précises sur l'effort d'alphabéti
sation et d'instruction dans les pays sous-développés ou non développés...
L'effort de l'Inde [par exemple] est considérable : de 8 p.
cent il y a seule
ment quelques années, le taux d'alphabétisation était monté à 16,6 p.
cent
en 1954 1• [...] Dans le rapport de 1957 sur la situation sociale dans le
monde, les renseignements fournis par des pays représentant go p.
cent de
la population mondiale, la proportion d'enfants inscrits dans les écoles a
augmenté de 18 p.
cent entre 1950 et 1954.
En apprenant à lire, à observer, à comparer, à conclure, les peuples
pauvres apprennent aussi à réagir.
Les couches de population à bas niveau
de vie entrent en réaction contre les couches de population dominantes.
[...]
Les peuples sous-développés s'àperçoivent de la distance qui les sépare des
peuples développés en fait de satisfaction des besoins et du mépris et de
l'exploitation dont ils ont été l'objet.
En conséquence, ils entrent en réaction
contre l'Occident tout entier.
Mais, habitués que sont les Occidentaux à interpréter toute situation
dans leurs perspectives, ils accordent trop peu d'importance à l'agressivité
qui s'exprime aujourd'hui contre leurs errements.
Quand, par exemple,
r.
L'auteur note que selon le Pl�n de l'Éducation, l'alphabétisation des citoyens
de l'Inde sera achevée vers 1990, soit une quarantaine d'années après l'indépendance ..
Mamadou Dia 1 analyse l'économie africaine sous l'influence de l'Europe,
son interprétation parfois excessive choque les gens d'Europe� Elle est
cependant plus objective que l'interprétation naïvement conservatrice
à laquelle se raccrochent encore trop d'Européens.
[ ...] Qu'il nous suffise
de nous reporter ici à la revue française Études et Conjonctures, publiée par
un service officiel particulièrement objectif dans ses jugements :
« Malgré les efforts incontestables faits par les Européens pour amélio
rer la culture en certaines zones de l'Afrique Noire, on ne peut nier qu'ils
ont aussi des responsabilités en regard de la réduction des cultures vivrières
en plusieurs régions.
Parmi les causes de ce recul, on peut citer les migra
tions temporaires de main-d'œuvre, pratiquées quelquefois sur une grande
échelle, l'alcoolisme que les blancs ont contribué à répandre, l'abattage
parfois excessif des arbres, le développement de cultures industrielles épui
santes : arachide, canne à sucre, coton.
[...] Les Européens.
ont prélevé
dans certain cas une fraction importante des terres les plus riches et les
plus accessibles et les ont utilisées, parfois, jusqu'au stade ultime de latéri
sation.
Il est vrai que certaines de ces terres, en fait, étaient inutilisées ou
presque, par les autochtones.
En tout cas, ces pratiques ont parfois repoussé
les populations, pour les cultures vivrières, sur....
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