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Les passants - Jean JOUBERT Sont-ils vivants les hommes de brouillard qui me dédient un geste de la main, très...

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« Les passants - Jean JOUBERT Sont-ils vivants les hommes de brouillard qui me dédient un geste de la main, très faible, dans la foule du matin, et dont les mots tombent comme des mouches? Ou bien ai-je vécu sans le savoir dans une ville où végètent les morts, souvent très doux comme vagues au port, parfois déments et prêts à tout briser? Ceux que j'aimais sont morts avant la nuit, et la rougeur étroite à leur croisée n'est dans le soir que la rose fanée » qui brûle bas sur la lampe funèbre. Vont-ils masquer la rive, les étoiles et le reflet du monde sur les eaux, du pan troué de leurs pauvres manteaux lorsque l'effraie rôde sur les terrasses? ou me voler la flamme qui m'occupe, discrète et tendre et toujours menacée, à moi qui suis aux frontières du temps, peut-être mort, et qui me crois vivant. Jean JOUBERT, Campagnes secrètes, 1974. difficultés du texte La compréhension du poème fait problème : d'abord pal les images utilisées, par exemple celle de la «rose fanée», ensuite par la détermination des «hommes de brouillard», de «ceux que j'aimais» et du pronom «ils» au début de la quatrième strophe.

Difficile de donner, avec certitude, un unique sens. L'élève doit accepter ces ambiguïtés et ne pas craindre de donner plusieurs interprétations, en signalant celle qui lui semble la plus plausible.

L'essentiel, en effet, dans ce genre de devoir, est de montrer que l'on est sensible aux difficultés d'un texte, voire jà ses obscurités. plan détaillé Introduction : remarques Si l'introduction dégage «l'idée» générale, elle doit aussi s'attacher à la forme.

L'auteur confie en effet son incertitude sur la vie et la mort, le rêve et la réalité.

Mais il est surtout intéressant de constater que le poème ne présente qu'une longue suite d'interrogations. Trois verbes commencent les quatrains par une question et seul le troisième est formulé sur le mode affirmatif.

Les difficultés de compréhension proviennent donc, en partie, du doute qui émeut le poète. Première partie : une interrogation sur l'hostilité et l'amour • Venant de Jean Joubert, il semble que le sentiment ne comporte pas d'ambiguïté : «Ceux que j'aimais sont morts...» simplement, l'amour ne s'accorde distinctement qu'à ceux qui sont morts.

Il porte donc, a priori, toute une charge de désespoir, ou de désillusion.

Ainsi, l'emploi restrictif «n'est ...

que la rose fanée» suggère discrètement l'impression d'un espoir déçu.

Mais la déception n'empêche pas la pitié exprimée dans «pauvres manteaux».

L'auteur définit, en effet, son inspiration comme «discrète et tendre». Quelles sont les intentions des hommes à l'égard du poète? • Une bienveillance.

Elle se manifeste tout d'abord dans la comparaison «très doux comme vagues au port ».

La protection du havre donne une impression de calme, d'abri. Le thème de l'eau sera d'ailleurs repris par la suite.

Notons que le port symbolise parfois la mort.

La proximité de la rime précédente permet cette interprétation, d'autant que les quatre premiers quatrains sont construits sur des rimes embrassées d'un type particulier : la structure habituelle est a,b,b,a,.

Ici seul l'élément central rime, accentuant la portée des mots qui s'appellent par le son. De façon plus discrète, «les hommes de brouillard» veulent communiquer avec le poète. Mais le verbe «dédier», s'il implique du respect, sous-entend aussi une certaine distance. L'apposition «très faible», rejetée au vers suivant, confirme cette idée. • La malveillance.

A la douceur du port protecteur s'oppose le vers «parfois déments et prêts à tout briser».

L'auteur développe ainsi le thème de la tempête.

L'hostilité se déploie en deux temps.

D'abord, de façon atténuée avec «vont-ils masquer...».

Ces êtres risquent donc de s'interposer entre le poète et le monde, qui ne sera perceptible que par intervalles, «du pan troué de leurs pauvres manteaux».

On peut penser que seules les étoiles seront discernables, mais elles ne sont pas tout à fait de ce monde! • La seconde atteinte est plus grave : elle ne s'attaque plus aux sources de l'inspiration mais à l'auteur lui-même.

Plus exactement à ce qui le fait vivre et écrire : «la flamme qui m'occupe».

Le danger est souligné par.... »

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