LES PASSIONS ÉLOGE ET ALIÉNATION DES PASSIONS Ch. Fourier proclamait : « Nos passions les plus décriées sont bonnes telles...
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LES PASSIONS
ÉLOGE ET ALIÉNATION DES PASSIONS
Ch.
Fourier proclamait : « Nos passions les plus décriées sont bonnes telles
que Dieu nous les a données; il n'y a de vicieux que la civilisation ou industrie
morcelée qui dirige toutes les passions à contresens de leu/marche naturelle,
et des accords généraux où elles arriveraient d'elles-mêmes dans le régime
sociétaire.
» La civilisation rappelle sans cesse, â propos des personnages
célèbres, leur passion.
Il y a celle de Jésus, mais celle aussi du savant ou du
maniaque.
Toutes les passions peuvent être admirables, mais nul n'oublie
le raisonnement d'Aristote sur la nécessaire « catharsis» des passions.
Selon
le penseur grec, nous éprouvons trop intensément certains états, il faut nous
en débarrasser.
Un art poétique, une certaine façon de faire, de montrer par
le théâtre ou d'entendre par les musiques, permettent à l'âme d'être envahie
et donc â l'esprit d'être purifié.
Ainsi la tragédie, le spectacle par excellence,
suscite pitié ou crainte, qui sont les deux entrées passionnelles de l'être.
La psychologie se passionne et le vocabulaire s'enrichit pour décrire ce
moment si intense de la vie humaine.
On redoute l'empire, l'exaltation,
l'excitation, la folie, la rage...
de la passion.
On apprend â la modérer, réfréner,
contenir, maîtriser.
Les moralistes n'ont pas de jugement assez sévère pour
les condamner : « Les passions ont une injustice et un propre intérêt qui fait
qu'il est dangereux de les suivre, et qu'on doit s'en défier, lors même qu'elles
paraissent les plus raisonnables.
» Cette maxime de La Rochefoucauld
correspond bien à ce moment du xvn e où, sous l'influence des jansénistes
et de Port-Royal l'homme est amené à suspecter tout ce qu'il fait et où le
héros devient même le coupable.
A la passion héro"ique et morale de Corneille
s'oppose l'homme déchu, impuissant que Racine présente.
Mais derrière cette alternance, ce conflit de penseurs, nous découvrons un
problème central : quel sens attribuer au mot de passion ? Quoique longtemps
on ait critiqué l'aliénation qu'elles provoquent, la plupart des hommes se
rattachent â l'idée centrale qu'exprimait Vauvenargues: « Les passions ont
appris aux hommes la raison.
»
La littérature et surtout les arts seraient les expressions les plus parfaites
des passions.
Ainsi Zadig les déplore, mais l'ermite de Voltaire rétorque:« Ce
sont les vents qui enflent les voiles du vaisseau, elles le submergent
quelquefois, mais sans elles il ne pourrait voguer.
» Ainsi Diderot attribue aux
passions les grandes choses, soit dans les mœurs, soit dans les ouvrages de
l'esprit.
Enfin Balzac, dans la préface â la Comédie Humaine, trouve la formule
à laquelle son siècle souscrit : « La passion est toute l'humanité.
Sans elle,
la religion, l'histoire, le roman, l'art seraient inutiles.
»
Donc les infinies possibilités des passions partagent les psychologues en
deux camps.
Les uns, par la tradition religieuse et morale, s'évertuent à reconnaî
tre les faiblesses et les désordres du cœur humain.
Ainsi les orateurs sacrés
dressent-ils des tableaux terribles, Bourdaloue sur l'ambition et Massillon sur les
penchants et les vices I Plus tard, les romanciers naturalistes....
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