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Les personnages ÉLABORATION DES PERSONNAGES Les grands romans du XIXe siècle mettent en scène des personnages exceptionnels qui marquent l'action...

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« Les personnages ÉLABORATION DES PERSONNAGES Les grands romans du XIXe siècle mettent en scène des personnages exceptionnels qui marquent l'action de leur empreinte.

Zola n'adopte pas la même démarche : dans Germinal, les individus réalisent un dessein qui les dépasse, ils sont avant tout des fonctions.

Certains figurent des types et servent à illustrer des thèses.

Il est intéressant à ce propos de se référer au dossier prépa­ ratoire de Germinal (cf.

plus haut, p.

34).

Zola après avoir défini le sujet de son livre, précisé les thèmes, imaginé les scènes, et indiqué la progression dramatique, ajoute : « Voilà la carcasse en grand.

Seulement, il faut mettre là-dedans les personnages et les faire agir [...

] tous les caractères sont à trouver.

» Au total, le roman contient une cinquantaine de per­ sonnages, tous impliqués dans une même situation.

Ils représentent toutes les formes et toutes les nuances de comportement possibles face à la grève ; ils incarnent aussi toutes les passions humaines.

Chacun d'eux est déterminé par son tempérament, son âge, sa condition. Zola met en lumière la lutte sociale en construisant son roman autour de l'opposition entre bourgeois et ouvriers. Toutefois, il se garde d'idéaliser la classe ouvrière; de même, il ne souhaite pas rendre les bourgeois systémati­ quement odieux.

En fait, tous ne figurent que les rouages d'un système que Zola condamne, celui du capitalisme tel qu'il était pratiqué à la fin du XIXe siècle, sans freins et sans lois sociales. LES MINEURS Étienne Lantier • Origines et portrait physique C'est avec lui que s'ouvre et se ferme le livre.

La première partie de son existence est évoquée dans deux autres romans de Zola, La Fortune des Rougon (1871) et L 'Assommoir (1877). Né en 1846, il est le fils de GeNaise Macquart et de son amant, Auguste Lantier, ouvrier tanneur à Plassans (dans le Midi).

Mais GeNaise, abandonnée par Lantier, épouse Coupeau, un ouvrier zingueur, qui maltraite souvent l'enfant.

Étienne, dès l'âge de douze ans, travaille comme apprenti dans une fabrique de boulons.

Par la suite, il est envoyé à Lille et devient mécanicien. Au début de Germinal, Étienne a vingt et un ans.

Il erre depuis huit jours sur les routes du Nord, à la recherche d'un travail.

Il vient de Lille, où il était employé comme mécanicien aux ateliers du chemin de fer, mais il a été renvoyé pour avoir giflé son chef. Physiquement, Étienne est un garçon « très brun, joli homme, l'air fort malgré ses membres menus» (p.

57). Par son type méridional, il diffère de ses camarades. Catherine le trouve « joli, avec son visage fin et ses moustaches noires» (p.

92). • Une hérédité chargée Mais Étienne est possédé d'un mal héréditaire: dernier enfant d'une race d'alcooliques, il souffre « dans sa chair de toute cette ascendance trempée et détraquée d'alcool » (p.

93).

Il peut devenir méchant et même avoir envie de tuer quand il boit.

« Quand je bois, cela me rend fou» dit-il à Catherine (p.

93).

C'est ainsi qu'il a giflé son chef, après avoir bu.

Zola s'est en effet proposé d'illustrer dans la série des Rougon-Macquart la théorie des lois de l'hérédité : il avait .prévu de mettre chez Étienne cette névrose familiale qui peut dégénérer en folie homicide.

Mais finalement, dans Germinal, ce trait sera peu marqué.

Il n'apparaît guère que dans l'altercation d'Etienne avec son chef ou dans ses affrontements avec Chaval.

Le besoin de tuer surgit périodiquement en lui, mais il réussit à chaque fois à se vaincre; ainsi lors d'une rixe violente avec Chaval à !'Avantage, Étienne ressent « une brusque folie du meurtre, un besoin de goûter au sang [...

].

Et il lutte contre le mal héréditaire (p.

465). Lorsqu'il tue son rival, c'est dans un contexte de légitime défense. • Un amoureux timide Étienne est un jeune homme timide, renfermé, qui n'a guère l'expérience des femmes.

Aussi se montre-t-il très réservé face à Catherine, par qui il se sent profondément attiré mais il se laisse devancer par Chaval.

Lorsqu'il loge chez les Maheu, il lui faut vivre avec Catherine une intimité de chaque minute.

Le trouble des jeunes gens se fait pressant.

Pourtant, Étienne qui sait que Catherine l'attend dans son lit, ne la rejoint pas : « Plus ils vivaient côte à côte, et plus une barrière s'élevait, des hontes, des répugnances, des délicatesses d'amitié, qu'ils n'auraient pu expliquer eux-mêmes» (p.

224).

Et c'est au fond de la mine inondée qu'il la possédera avant qu'elle n'expire (p.

573). • Un ouvrier consciencieux Étienne est d'abord employé comme herscheur* (cf. plus haut, p.

16).

Le travail est dur, mais il s'accommode au rythme de la mine.

« Au bout de trois semaines, on le citait parmi les bons herscheurs de la fosse» {p.

186). Finalement, on lui propose un emploi de haveur*, c'est ainsi qu'il entre dans l'équipe de Ma heu. • Un militant révolutionnaire Il se lance à corps perdu dans l'action révolutionnaire, révolté par la misère et la résignation de ses camarades. L'emportant sur les autres mineurs par son intelligence, son courage et sa personnalité, il devient leur chef.

Il correspond avec son ancien contremaître Pluchart, secrétaire de la Fédération du Nord, qui le pousse à créer une section de l'Internationale à Montsou.

La Première Internationale des travailleurs venait de se créer à Londres en 1864.

Les travailleurs du monde entier pourraient désormais s'unir.

Au niveau national, on distinguait « la section, qui représente la commune ; puis, la fédération, qui groupe les sections d'une même province ; puis la nation [ ...

] » (p.

192). Étienne se met à lire, sans méthode, des journaux engagés, diverses brochures ou traités d'économie poli- tique, un livre de médecine (p.

215).

Il endoctrine les Maheu et révolutionne peu à peu le coron : tous l'écoutent, espérant dans leur vie « une trouée de lumière » (p.

219).

Il prophétise une société future idéale, de nature communiste, reposant sur l'abolition de la propriété privée des moyens de production : « Étienne chevauchait sa question favorite, l'attribution des instruments de travail à la collectivité » (p.

338).

Le peuple prendrait le pouvoir, quitte à payer sa liberté par le sang et la violence : « et ni le feu, et ni le sang ne lui coûtaient » (p, 339).

Étienne deviel'}t donc le meneur, le chef incontesté ; mais il se laisse déborder par la fureur des grévistes.

Finalement, la grève a échoué.

Étienne repart comme il était venu, un matin d'avril. Lui qui a longtemps cru que la violence révolutionnaire était un moyen de changer le monde, envisage à la fin du roman des solutions plus pacifiques : l'action syndicale, organisée et bien maîtrisée pourrait permettre aux ouvriers de connaître le triomphe légalisé.

Le cœur léger malgré l'échec, il sait que rien ne sera plus jamais comme avant : les germes de la révolte seront récoltés dans les siècles futurs. . L'aventure d'Étienne est une formation personnelle: il apprend un métier, il découvre la passion, il se forme comme militant ouvrier et symbolise la prise de conscience de toute une classe, la classe ouvrière.

Il donne à Germinal la structure d'un roman d'apprentissage. Les Maheu Ils travaillent dans la mine depuis cinq générations et représentent la famille type des mineurs. • Guillaume Maheu, l'aïeul.li a découvert la veine qu'i porte son nom.

Il est mort de vieillesse à soixante ans (p.

57). • Nicolas Maheu, son fils, mort à quarante ans dans un éboulement (p.

57). • Vincent Maheu, dit Bonnemort.

Son surnom lui vient de ce qu'il a réchappé à trois accidents de la mine (p.

55). Il travaille au Voreux depuis l'âge de hüit ans: « Hein ? c'e§t joli, cinquante ans de mine, dont quarante-cinq au fond ! » (p.

56).

Il y a fait toutes les tâches.

Depuis cinq ans, on l'a retiré du fond car ses jambes ont du mal à le soutenir.

Il est devenu charretier et travaille de nuit.

Son aspect physique est inquiétant : il a une « grosse tête, aux cheveux blancs et rares, à la face plate, d'une pâleur livide, maculée de taches bleuâtres» (p.

55).

Mais surtout, il est atteint d'une maladie grave, la silicose, qui touche les ouvriers des mines.

Bonnemort ne cesse de tousser et de cracher: « Un violent accès de toux l'étranglait.

Enfin, il cracha, et son crachat, sur le sol empourpré, laissa une tache noire» (p, 51).

Bonnemort figure l'image des ravages que la mine peut exercer sur un homme. L'échec de la grève, la mort des siens, précipitent sa fin.

Il passe ses journées, hébété, paralysé, et, poussé par on ne sait quel instinct, il étrangle, de ses mains noires, Cécile Grégoire venue lui apporter des chaussures. • Toussaint Maheu, âgé de quarante-deux ans, il est haveur*.

Il est l'époux de Constance Maheu, dit la Maheude.

C'est un bon ouvrier, consciencieux, qui travaille dans des conditions très difficiles : sous une température de 35°, couché sur le flanc, dans un espace réduit et sans air, il doit détacher les blocs de houille ...

« La roche, audessus de lui, à quelques centimètres de son visage, ruisselait d'eau » (p.

86).

Brisé de fatigue, il se laisse progressivement gagner par la colère. • La Maheude1, épouse de Toussaint Maheu, « d'une beauté lourde, déjà déformée à trente-neuf ans par sa vie de misère et les sept enfants qu'elle avait eus» (p.

65). Foncièrement bonne, raisonnable et prudente, elle incarne la prise de conscience progressive des mineurs.

D'abord hostile à la grève, elle se laisse aller à espérer èn un monde meilleur.

Elle prend la tête du cortège des grévistes, « avec des yeux ensauvagés» (p.

383) et pousse son mari à jeter des briques aux soldats qui gardent la fosse.

Elle se résigne à nouveau, alors que tout est détruit autour d'elle, à reprendre un travail harassant, « l'échine cassée» (p.

587). 1.

Les épouses des mineurs reçoivent le nom de famille de leur mari féminisé par la dérivation suffixale (Maheu, Maheude ; Pierran, Pierronne), et précédé de l'article féminin.

Cette appellation peut être considérée comme une marque de subordination de la femme à l'homme et reflète un contexte social, celui du monde ouvrier. Les sept enfants Maheu • Zacharie, vingt et un ans, « maigre, dégingandé, la figure longue, salie de quelques rares poils de barbe, avec les cheveux jaunes et la pâleur anémique de toute la famille» (p.

62).

il est haveur*.

Il épousera Philomène Levaque, dont il a deux enfants, Achille et Désirée.

Il n'aime guère le travail et se montre peu motivé par la grève, mais quand Catherine est ensevelie dans le Voreux, il n'a de cesse de la retrouver : « Zacharie ne vivait plus, aurait mangé la terre pour retrouver sa sœur » (p.

541 ).

Il périt brûlé à la suite d'un coup de grisou. • Catherine, quinze ans, est une jeune fille fluette aux cheveux roux et au teint pâle.

Le teint blême de son visage était « déjà gâté par les continuels lavages au savon noir» (p.

61 ).

Elle a de grands yeux « d'une limpidité verdâtre d'eau de source, et dont le visage noir creusait encore le cristal» (p.

114).

Courageuse, elle se lève à quatre heures du matin pour préparer le maigre déjeuner de la famille. Arrivée à la mine, elle pousse sa berline dont le poids atteint sept cents kilogrammes : « Elle suait, haletait, craquait des jointures, mais sans une plainte [...

] (p.

90).

Elle est la maîtresse de Chaval qui la brutalise, mais à qui elle reste fidèle: « c'était son homme, celui qui l'avait eue le premier» (p.

387).

Attirée par Étienne elle refoule son amour pour lui. • Jeanlin, onze ans.

Petit, aux membres grêles, il a une face de « singe blafard et crépu» (p.

63), des « yeux verts», de« larges oreilles» (p.

472).

Il exerce le métier de galibot*. Malicieux, rusé et brutal, c'est un « brigand d'enfant» à !'«échine de fouine, longue et désossée» (p.

471), toujours à la recherche de ce qu'il « pourrait faire de mal» (p.

379).

Il exerce sa domination sur Lydie et Bébert qu'il menace et brutalise, volant Lydie résignée à Bébert. Victime d'un éboulement dans la mine, il conserve ses jambes, mais reste boiteux et « il fallait le voir filer d'un train de canard, [..

.] avec son adresse de bête malfaisante et voleuse» (p.

319).

Il martyrise Pologne, la lapine des Rasseneur et tue d'un coup de couteau le petit soldat breton, chargé de gar_der la f9sse.

Souvent désigné par des métaphores animales (singe, fouine, canard, chat sauvage), Jeanlin représente l'enfance dégénérée, produit de la misère (p.

239). • Alzire, la petite infirme bossue, « si chétive pour ses neuf ans» (p.

61).

D'une intelligence précoce, elle aide sa mère et s'occupe de ses petits frères et sœurs.

Elle meurt de faim dans une tragique agonie (p.

455). • Lénore, six ans, Henri.quatre ans, Estelle, trois mois. Les Levaque • Jérôme Levaque est haveur* avec Maheu.

Coureur, buveur, il bat sa femme. • La Levaque, sa femme a quarante et un ans.

Elle est sale, « affreuse, usée, la gorge sur le ventre et le ventre sur les cuisses» (p.

152).

Elle est la maîtresse de leur logeur Bouteloup. • Philomène, leur fille aînée, « mince et pâle, d'une figure moutonnière de fille crachant le sang» (p.

112).

Elle est la. maîtresse de Zacharie dont elle a deux enfants. • Bébert, leur fils, « gros garçon naïf» (p.

76) âgé de douze ans, est galibot*.

Il s'est pris d'affection pour Lydie Pierron, mais celle-ci est convoitée par Jeanlin qui joue au chef de bande.

Soumis à Jeanlin, Bébert n'ose lui résister. • Bouteloup, « gros garçon brun de trente-cinq ans » (p.

114), loge chez les Levaque et est l'amant de la Levaque. Les Pierron • François Pierron, chargeur* à l'accrochage*, est veuf et père de Lydie.

Il est marié à la Pierronne et ferme les yeux, par intérêt, sur les infidélités de sa femme avec le maître-porion* Dansaert.

Lors de la grève, alors que tout le coron est.... »

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