LES PHILOSOPHIES HELL:8NISTIQUES STOICISME, ÉPICURISME, SCEPTICISME par Pierre AUBENQUE La mort d'Alexandre (323 av. J.-C.), point de départ de ce...
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LES PHILOSOPHIES HELL:8NISTIQUES
STOICISME, ÉPICURISME, SCEPTICISME
par Pierre AUBENQUE
La mort d'Alexandre (323 av.
J.-C.), point de départ de
ce que les historiens nomment l'époque hellénistique, ne
mar que pas seulement une césure dans l'histoire de la
Grèce.
Suivie de peu par la mort en 322 du dernier philo
sophe classique de la Grèce, Aristote, elle coincide avec.
une
rupture tout aussi nette dans l'histoire de la philosophie,
rupture que les mutations historiques liées à la conquête
des cités grecques par la Macédoine ont contribué à provo
quer.
Ce n'est pas un hasard si le plus ample et le plus complet
des dialogues de Platon s'intitulait la République et si c'est
dans le cadre d'une réflexion sur l'Etat qu'il y exposait sa
théorie philosophique.
La perte de l'indépendance des
cités grecques a pour premier effet, dans l'ordre spirituel,
de dissocier J'unité de l'homme et du citoyen, du philo
sophe et du politique, de l'intériorité et.
de l'extériorité,
de la théorie et de la pratique, href, cette « belle totalité
avec soi » qui caractérise, selon Hegel, l'âge classique de la
Grèce� ce temps où l'homme se sentait chez soi dans la cité.
Au moment où le cadre traditionnel de la cité grecque
s'efface devant un Empire dont les décisions échappent à la
critique· comme à la délibération de ses sujets, le philo
sophe se trouve confiné soit dans la théorie pure, soit ·dans la
prédication simplement morale,.
dès lors que la politique,
forme la plus haute de la praxis pour les Grecs, cesse de
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LA PHILOSOPHIE I
dépendre de lui pour relever d'un maître étranger.
C'est
le moment où la liberté de l'homme libre, qui J1~sque-Ià
se confondait avec l'~xercice des droits civiques, se transmue, faute de mieux, en liberté intérieure; où les idéaux
grecs d'autarcie et d'autonomie, qui cherchaient jusqu'alors
à se satisfaire dans la cité, se trouvent confiés aux seules
ressources spirituelles de l'homme individuel; où la spéculation sur la nature tend à n'être plus que l'auxiliaire d'une
morale préoccupée avant tout de procurer à chacun le
salut intérieur.
Mais c'est aussi le moment où la dissolution
même des anciens cadres politiques, en même temps que les
brassages de populations consécutifs à la conquête
d'Alexandre, feront naître· des solidarités nouvelles : ce
temps verra la naissance du cosmopolitisme.
Moins soucieuses de dire l'Etre que de consoler ou de tranquilliser les hommes, les philosophies de l'époque hellénistique n'atteindront pas à la vigueur théorique du platonisme .ou de l'aristotélisme.
Leur physique même se.ra
souvent d'emprunt.
Préoccupées de donner une réponse
immédiate aux problèmes d'adaptation posés à l'individu
par les transformations sociales, elles auront un caractère
et une fonction « idéologiques » plus marqués que les philosophies de l'âge classique.
D'un autre côté; elles_ sauront
atteindre un niveau d'universalité suffisant pour figurer,
en face des épreuves de .la vie, diverses attitudes possibles
de la conscience, qui apparaîtront vite comme autant de
catégories intemporelles ou de stéréotypes culturels propo•
sés à l'homme d'Occident.
Il suffit de nommer les trois
grands courants hellénistiques : stoïcisme, .
épicurisme,
scepticisme, pour s'apercevoir qu'il s'agit là de trois « arts
de vivre » qui, par-delà les circonstances historiques de leur
apparition, resteront en tous temps offerts à notre imitation.
C'est à l'époque hellénistique que naît le concept popu•
laire de la philosophie, qui désigne un certain art, difficile
certes, mais en droit accessible à tous, de vivre heureux
même dans des circonstances contraires.
C'est à un tel
concept que se réfère encore aujourd'hui l'expression
« prendre les événements avec philosophie ».
LES PHILOSOPHIES HELLÉNISTIQUES
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Les trois courants hellénistiques n'en sont pas moins
très différents les uns des autres.· On pourrait opposer le
dogmatisme des deux premiers - stoïcisme et épicurisme au scepticisme qui constitue le troisième.
Il faut ajouter que,
si les deux premiers se sont développés dans deux écoles
organisées, le troisième est plutôt un état d'esprit commun
à plusieurs penseurs ou écoles d'origines diverses.
I.
LE STOICISME
Ses représèntants
Le stoïcisme tire son nom du Portique (Stoa), lieu
d'Athènes où se....
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