· Les quatre âges de la vie (âshrama, « effort orienté») L'être humain, plongé dans le flux transmigratoire (samsâra) qui...
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Les quatre âges de la vie
(âshrama, « effort orienté»)
L'être humain, plongé dans le flux transmigratoire
(samsâra) qui emporte tout vivant selon un processus
automatique de rétribution de ses actes et volitions,
évolue très concrètement, au cours de sa vie terrestre,
d'après un parcours en quatre étapes, stades, âges ou
états de vie.
- Stade de l'étudiant, voué à l'étude de la Révéla
tion, sous la direction d'un précepteur, d'un maître
(guru).
- Stade du «maître de maison», adonné au tra
vail, aux devoirs rituels, chargé de famille et d'obliga
tions diverses.
- Stade du «retraité» qui, s'étant retiré de toute
vie active, n'en poursuit pas moins la pratique de
quelques devoirs rituels..
- Stade du «renonçant» : itinérant sans maison et
sans famille, mort aux siens, libre de tout devoir rituel,
consacré uniquement à sa propre libération totale.
Si les trois premiers stades constituent ce qu'on
pourrait appeler les stades d'une vie normale, et d'au
tant plus qu'on appartient aux deux-trois premiers
rangs de la société, le dernier stade exige une telle
renonciation à toute activité, un tel détachement de
tous les liens hul)1ains, qu'il n'est pas de pratique cou
rante, quoiqu'il ne soit pas rare et que le nombre de
ces « solitaires» ou «semi-solitaires» - s'ils forment
un petit groupe autour d'un maître spirituel - avoi
sine sans doute plusieurs millions d'individus.
Deux remarques, en passant.
Ce parcours d'étapes est proprement masculin, la
femme, qu'elle soit enfant, épouse, mère, a son rôle et
sa place dans la famille et aux côtés de l'homme, mais
n'a pas de trajet orienté comparable.
Par ailleurs, il est vraisemblable que le stade de
l'étudiant n'est, dans sa plénitude studieuse et chaste,
vécu que par le rang des brahmanes.
Ce qui conduit
à penser que cette description théorique des quatre
stades de vie, au départ, visait principalement, sinon
exclusivement, l'évolution exemplaire d'une vie de
brahmane.
Les quatre buts de l'homme
(purusha-artha)
La tradition hindoue assigne à l'homme quatre
buts légitimes dans l'existence: vivre selon le dharma
(l'ordre bien établi), acquérir des biens, des richesses
(artha), connaître les plaisirs (notamment) d'amour
(kâma), rechercher la délivrance (moksha).
Les trois premiers buts composent l'existence mon
daine de tout un chacun; le dernier s'en distingue for
tement en ce qu'il les supprime.
Celui qui poursuit la
délivrance, la libération du renaître, n'a plus d'obliga
tions sociales, renonce à toute acquisition de biens,
renonce à toute sensualité.
Il quitte le monde des actes
pour entrer exclusivement dans celui de la connais
sance libératrice.
Il est un «renonçant» (sannyâsin),
en quête d' Absolu.
Ces buts, sauf le dernier, sont codifiés en des sortes
de «manuels» ou de traités.
Pour le dharma, à la fois loi morale, sociale et reli-
gieuse, l'un des plus anciens traités le codifiant est le
Mânavadhanna-shastra ou Traité des lois de Manu, en
abrégé, Lois de Manu.
Douze chapitres développent
les droits et devoirs des particuliers, des souverains,
des castes, les règles de pureté, les rites, les sacrifices,
la justice, la guerre, le commerce, etc.
Les Lois de Manu explicitent donc non seulement le
bon ordre naturel, tel que les rites correctement exécutés
et suivis en garantissent le maintien, mais aussi le bon
ordre social juste dont la transgression conduit à un état
d'injustice et de désordre (adfzarnia).
II en résulte que
tout manquement à l'ordre rituel comme à l'ordre
social doit être soumis à sanction et à réparation.
Un seul ouvrage I codifie la sexualité humaine, autre
but de l'existence.
Le Kâmasûtra, ouvrage érotique qui
magnifie l'amour physique dans le même temps qu'il
en décrit toutes les facettes et recettes, tous les jeux et
enjeux.
Le plus curieux - du moins pour nous - est
que cet ouvrage semble avoir été composé par un brah
mane, engagé dans le stade de vie du« renonçant».
Tout se passe comme si le désir sexuel, constitutif
de tout être humain, qu'il soit marié ou non, mono
game ou polygame, hétérosexuel ou homosexuel,
avait droit à trouver satisfaction au niveau qui est le
sien, sans sublimation ni instrumentalisation de l'un
par l'autre, mais dans le partenariat amoureux tel quel.
Partenariat dans lequel la femme (qu'elle soit mariée,
maîtresse ou prostituée) trouve en tant que partenaire
sexuel son devoir d'état, son svadharma.
Si la tech
nique amoureuse est au service de ce partenariat et
aide à.
le constituer comme droit de la femme au plai1.
Par définition, un tel ouvrage, qui d'emblée se présente comme
complet, ne souffre que des copies ou des abrégés qui, moins réussis
que l'original, n'ajoutent rien.
sir et devoir de l'homme à le lui donner, il n'empêche
que, comme le dit un texte postérieur,
« En ce monde, le résultat de l 'amour, c'est de n'être
qu'une seule pensée.
Quand l'amour laisse les pen
sées (de chacun) différentes, c 'est comme s'il y avait
union de deux cadavres.
»
in....
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