Les registres de la comédie Pour provoquer le rire ou le sourire, la comédie dispose d'une gamme de registres très...

« Les registres de la comédie Pour provoquer le rire ou le sourire, la comédie dispose d'une gamme de registres très étendue : l'ironie, l'humour, le trait d'esprit ou le burlesque.

Ce sont autant de procédés d'écriture.

Ils n'appar­ tiennent certes pas en propre au genre de la comédie.

Le roman, la poésie, la littérature d'idées en usent également1.

La comédie ne s'interdit pas pour autant d'y recourir. L'IRONIE L'ironie réside dans une énonciation dont on souhaite qu'elle soit comprise autrement que dans son sens littéral.

Le plus souvent, c'est une manière de dire et de faire entendre le contraire de ce que l'on pense.

L'antiphrase en est donc la figure de style la plus courante. Chez Molière, Orgon, de retour chez lui après deux jours d'ab­ sence, s'enquiert des uns et des autres.

Dorine, la servante de la maison, l'informe des malaises de son épouse.

Mais Orgon ne se soucie que de la santé de son cher Tartuffe.

Dorine conclut : Et je vais à Madame annoncer par avance La part que vous prenez à sa convalescence. (Tartziffe, I, 4, v.

257-258.) C'est évidemment contraire à la réalité : Orgon n'a manifesté aucune inquiétude sur l'état de santé de sa femme. La difficulté de l'ironie tient à son repérage.

Si le destinataire ne la décèle pas, il commet un contresens en interprétant l'énoncé au pied 1.

Voir, pour plus de détails, le chapitre 13, p.

130 et suivantes. de la lettre.

A l'oral, le ton du locuteur (de l'acteur, au théâtre) avertit qu'il convient de comprendre l'inverse de ce qui est dit.

Dans un écrit, seule l'analyse du contexte permet de s'en apercevoir. Enfin, toute ironie n'est pas nécessairement comique.

li existe une ironie tragique quand un personnage découvre que, malgré ses efforts, le destin se joue de lui. L'HUMOUR !:humour est moins railleur que l'ironie.

En effet, il ne cherche pas à blesser.

li consiste en une prise de recul par rapport à la réalité : soit pour dédramatiser une situation ; soit pour démystifier une valeur ou une attitude ; soit pour souligner l'absurdité d'un comportement. Le Barbier de Séville, de Beaumarchais, s'ouvre sur les retrouvailles de Figaro et du Comte, son ancien maître : LE COMTE.

- [ ...

] Je me souviens qu'à mon service tu étais un assez mauvais sujet. FIGARO.

- Eh! mon Dieu, monseigneur, c'est qu'on veut que le pauvre soit sans défaut ... LE COMTE.

- Paresseux, dérangé ... FIGARO.

- Aux vertus qu'on exige d'un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d'être valets ? LE COMTE, riant.

- Pas mal ! !:humour désarme ici les critiques du Comte et justifie plaisamment les reproches adressés à Figaro. L'humour noir est une autre façon de ne pas prendre les choses au sérieux en tenant à distance les choses les plus graves, comme la souffrance et la mort.

Ainsi ce dialogue entre Vladimir et Estragon dans En attendant Godot, de Beckett : ESTRAGON.

- Je les laisse là [mes chaussures] - Un temps- un autre viendra, aussi ...

aussi ...

que moi, mais chaussant moins grand, et elles feront son bonheur. VLADIMIR.

- Mais tu ne peux pas aller pieds nus. ESTRAGON.

- Jésus l'a fait. VLADIMIR.

- Jésus ! Qifest-ce que tu vas chercher là ! Tu ne vas pas tout de même pas te comparer à lui ? LA COMÉDIE 105 ESTRAGON.

-Toute ma vie je me suis comparé à lui. VLADIMJR.

- Mais là-bas il faisait chaud ! Il faisait bon ! ESTRAGON.

- Oui..... »