Les systèmes politiques promus par Aristote dans La Poli­ tique, par Machiavel dans Le Prince, par Hobbes dans Le Corps...

« Les systèmes politiques promus par Aristote dans La Poli­ tique, par Machiavel dans Le Prince, par Hobbes dans Le Corps politique et par Rousseau dans Le Contrat social vous semblent-ils rationnels? Problématique 1.

Qu'attendent de telles œuvres de la part du lecteur ? 2.

Comment fonctionnent les systèmes proposés ? 3.

Ne sont-ils pas caractérisés par l'ambiguïté et le paradoxe? Plan 1.

Ces œuvres attendent et impliquent une réaction de la part du lecteur A.

Elles sont didactiques. B.

La distinction, l'organisation et l'illustration semblent être les moyens privilégiés du didactisme. c.

Le lecteur est confronté à une écriture politique, qu'il soit un simple individu, une autorité politique individuelle, le membre d'une collectivité, un autre écrivain politique. 2.

Cette écriture politique utilise la logique pour convaincre.

En effet, ces systèmes se veulent fondés sur la raison. A.

La démonstration logique constitue la base des raisonne­ ments proposés. Applications partielles B. 157 Cependant, malgré le recours à la logique et à la rationalisation, des divergences se font jour dans des raisonnements qui partent de points similaires ou assez voisins ... c.

Les failles de la démonstration et les contradictions de la raison, qui recourt au sentiment, peuvent aussi être mises en valeur par le lecteur de ces œuvres. 3.Mais pourquoi ce recours au sentiment a-t-il lieu? Ne rend-il pas le raisonnement ambigu et paradoxal ? A. En fait, il semble que le sentiment et même la passion soient à l'origine de la création de l'œuvre politique et expliquent certains postulats de départ. B. La passion finit même par se glisser insidieusement dans le raisonnement même. c.

Le sentiment a une incidence sur l'aboutissement des systèmes politiques mis en valeur. Plan détaillé du développement 1.

Ces œuvres attendent et impliquent une réaction de la part du lecteur. A.

Tout d'abord, on remarque qu'elles sont didactiques. Notes à rédiger: - Clarté du sujet et de l'interpellation: ce qui est en cause, c'est la liberté de l'individu. - Trois questions à l'origine des œuvres. Machiavel : Comment établir l'Etat ? Pour lui, la vocation du Prince est de fonder l'Etat.

Il a un modèle réel César Borgia. - Hobbes et Rousseau : Quelle est la meilleure forme de l'Etat ? Leur manière de procéder est plus abstraite. - Aristote, lui, faitunerecherchequi se veut objective sur les différentes structures politiques et les moyens de leur conservation. La distinction, l'organisation et l'illustration semblent être les moyens privilégiés du didactisme. Notes à rédiger: Distinction B. · 158 La dissertation littéraire • dans l'écriture: chez Aristote, balancement et types d'argumentation binaires ; chez Machiavel l'alternative, à partir de laquelle un choix est opéré tout au long du Prince. • dans la composition : chez Aristote, au livre V de laPolitique, oii trouve un plan en cinq points correspondant à des distinctions fondatrices d'une construction intellectuelle ; chez Machiavel, une nette distinction opératoire est posée dès le chapitre 1cr, elle concerne les genres d'États et les modes de conquête ; chez Hobbes grand souci delacomposition, d'ailleurs un peu lourde peut-être de ce fait -son livre est un ensemble intégré et enchaîné, issu de la distinction dans une succession- ; le principe de la composition chez Rousseau est de mettre en valeur les termes fondamentaux. - Organisation • Supposition de l'existence d'un déjà dit et rappels ; chez Machiavel, Hobbes et Rousseau, la répétition a une fonction privilégiée. • Utilisation du résumé de la sentence, de la maxime et de l'énonciation synthétique. Aristote part souvent d'une sentence.

Ex: «C'est la recherche de l'égalité qui suscite les séditions». Rousseau utilise tous ces procédés et demande explicitement et fermement la participation du lecteur: «J'avertis le lecteur que ce chapitre doit être lu posément, et que je ne sais pas l'art d'être clair pour qui ne veut pas être attentif». Illustration • Dans un cadre abstrait, l'illustration est nécessaire pour continuer à susciter l'intérêt du lecteur.

Ainsi la métaphore du corps humain pour évoquer le Corps politique chez Aristote, Hobbes et Rousseau est nette ; plus floue chez Machiavel.

Ex: la reconnaissance de la mortalité de l'État, la description de ses maladies, l'examen des remèdes. 159 Applications partielles Même si les causes, les diagnostics et les solutions diffèrent selon les auteurs, le didactisme qui les propose contribue à l'instauration d'un rapport d'intelligence avec le lecteur. B. Le lecteur est confronté à une écriture politique qu'il soit un simple individu, une autorité politique individuelle, le membre d'une collectivité, un autre écrivain politique. Notes à rédiger : - Le lecteur est un simple individu : c'est le cas chez Hobbes ; le philosophe le glorifie à travers celui qui lui renvoie son image constituée en personne civile : le souverain.

C'est un moyen de justifier la monarchie. Le lecteur est une autorité politique individuelle : c'est le cas chez Machiavel ; le livre est adressé à Laurent de Médicis, c'est l'offrande habile d'une expérience théorisée.

En fait, Machiavel prétend faire profiter de son savoir un Prince selon lui capable de prendre le pouvoir et dont il attend une réhabilitation méritée. Le lecteur est membre d'une collectivité : c'est le cas chez Rousseau où ce lecteur est invité à concevoir la volonté générale pour participer au système qu'elle fonde pour l'utilité publique. - Le lecteur est un autre écrivain politique.

Dans ce cas, méthode et esprit critique jouent plus, mais un inconvénient : cette lecture ne peut être que chronologique (ex : Rousseau lecteur de Hobbes). Transition : Mais quelle que soit l'appréciation du lecteur, l'auteur politique s'efforce de fonder son écriture sur une démarche rationnelle.

On a à faire à quatre systèmes qui se disent fondés sur la raison, et qui n'ont pas manqué d'être critiqués en son nom dans la mesure où seule la raison décèle la déraison d'une logique : une raison qui s'astreint à rester ellemême, ce que ne fait pas la première, qui outrepasse ses compétences. * * * La dissertation littéraire 160 2.

Tout d'abord, en effet, ces systèmes se veulent fondés sur la raison. A. La démonstration logique constitue la base des raisonnements proposés. Notes à rédiger: - L'écriture revêt un aspect démonstratif et logique.

Le style d'Aristote est impersonnel.

La première personne est rare.

Le sujet grammatical des phrases est souvent l'État ou l'un de ses éléments. C'est un effacement délibéré des marques de la subjectivité.

Les panneaux indicateurs de son discours ont la même fonction. Machiavel a deux modes privilégiés : l'examen de toutes les situations possibles et imaginables et une solution trouvée pour toutes, l'enchaînement logique d'un chapitre à l'autre (ex : début du chapitre XIV «Les princes doivent donc ...

»). Hobbes: stylemathématiquecaractérisépar l'énumération et la dépendance logique.

La déduction logique déroule son système d'implications et le concept se constitue par le dévoilement de son extension.

Le style mime la pensée et ses ratios. Même souci de logique marqué par le style chez Rousseau qui s'efforce de plus de prévenir toute remarque tendant à briser sa logique : «Mais dirat-on ...

».

Cela d'une part parce que le langage politique est à créer et que Rousseau se présente comme une sorte de pionnier, d,-autre part parce que le langage humain est caractérisé par la succession et qu'il ne peut tout exposer à la fois. - Les systèmes se veulent logiques. Aristote va de la description à la prescription, Machiavel parle de la perfection d'une méthode politique réaliste qui part d'une analyse négative de la nature humaine et va jusqu'au recours à la solution radicale. B. Cependant, malgré le recours à la logique et à la rationalisation, des divergences se font jour dans des raisonnements qui partent de points similaires ou assez voisins. Notes à rédiger: - Machiavel, Hobbes et Rousseau partent de la notion de crainte.

Mais pour les deux premiers nommés, la crainte existe à l'état de nature, pour 161 Applications partielles Rousseau elle ne survient qu'avec l'existence d'une société, ce qui éloigne les deux types de raisonnement.

De plus, malgré le rapprochement du départ, Machiavel et Hobbes aboutissent.... »