LES TESTS INFORMATISÉS F ini les tests version « papier-crayon » ? Pas encore. Mais les tests informatisés font une...
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«
LES TESTS
INFORMATISÉS
F
ini les tests version « papier-crayon » ? Pas encore.
Mais
les tests informatisés font une percée remarquée sur le
marché du recrutement.
De création récente (les premières
expérimentations remontent au début des années 80), ils sont
de plus en plus utilisés.
Pour les recruteurs, ils présentent moult
avantages.
Primo, ils sont plus simples à faire passer.
!.;examinateur peut vous
laisser seul devant votre écran.
C'est bien pratique.
Secundo, ils
permettent une accélération du traitement des réponses.
Pour
le test Potentiel, dont nous parlerons plus loin, l'ordinateur
compile les résultats des 450 questions en quelques minutes.
Exit les dépouillements longs et laborieux.
L'entretien peut
donc avoir lieu dans la foulée de la passation du test.
Tertio, l'in
formatique a permis d'intégrer de nouveaux critères de sélec
tion, impossibles à mesurer-sur la version« papier-crayon»:
elle permet entre autres de calculer le temps de réponse des can
didats.
Si vous hésitez trop longtemps, le recruteur peut en tirer
des conclusions sur vos capacités à prendre des décisions rapides...
Un critère important, voire essentiel, dans le recrutement d'un
agent de change ou d'un opérateur en salle des marchés.
■
Des tests modulables
Autre nouveauté de l'informatique : certains tests sont modu
lables.
Le programme ajuste de lui-même l'épreuve aux capaci
tés du candidat, au fur et à mesure du déroulement des opéra
tions.
Ainsi, selon la réponse, le programme réagit en envoyant
un groupe de questions plus difficiles.
Dans le cas con_traire, la
complexité des questions diminue.
Et ainsi de suite, jusqu'à ce
que l'ordinateur recueille suffisamment d'informations pour
évaluer le degré de difficulté du candidat.
ZOOM
Sous l'influence
de la machine
P asser des tests sur ordinateur
pourrait ne pas être si neutre
que cela et influencer le style de
vos réponses.
Ce sont en effet
les premières conclusions d'une
étud e menée par les éd itions EAP.
Ainsi les mêmes
tests passés sur papier donneraient des résultats dif
férents de la version informatique.
La sensibilité au
prestige, par exemple, serait plus importante devant
l'ordinateur.
De même, la tendance à l'acquiesce
ment.
Enquête et résultats à suivre ...
■ Ludiques ou paralysants
Et les avantages pour les candidats dans tout ça ? Certains recru
teurs vous diront que les tests informatisés sont plus ludiques à
passer.
« La formule papier-crayon m'a toujours fait penser aux
interrogations écrites qu'on avait à l'école», précise Jean-Michel
Fourgous, créateur de Potentiel.
Pour les traumatisés des interros,
mieux vaut donc un ordinateur aux allures de Game-Boy.
.'.
La « convivialité » de l'informatique a pourtant ses limites.
D'abord, tout le monde n'est pas forcément à l'aise devant la
machine.
« Certains candidats trouvent les tests informatisés
plus agréables à passer, souligne Jean-Luc Bernaud, psycho
logue aux Établissements d'applications psychotechniques
(EAP).
Mais tout dépend.
Leur passation a tendance à favoriser
des gens habitués à l'écran.
Les jeunes diplômés sont bien plus
à l'aise sur support informatique que les cadres plus âgés.
Face
à un écran, certains se sentent rassurés..Mais d'autres le rejet
tent.
» Ces tests peuvent en effet s'avérer stressants lorsqu'il
faut répondre très vite aux questions.
REPÈRES
La loi « Informatique
et libertés »
La loi « Informatique et libertés,, du 6
janvier 1978 a édicté pour principes la
protection de la vie privée dans la col
lecte de données sur informatique, le
droit d'accès à ces données et le droit
d'être informé des méthodes utilisées.
Voici trois des
principaux articles de la loi.
Pour en savoir plus, vous
pouvez vous reporter au service Minitel, 36.15 CNIL.
Article26:
« Toute personne a le droit de s'opposer, pour des
raisons légitimes, à ce que des informations nomina
tives la concernant fassent l'objet d'un traitement ...
»
Article27:
« Les personnes auprès desquelles sont recueillies
des informations nominatives doivent être informées :
• du caractère obligatoire ou facultatif des réponses ;
• des conséquences à leur égard d'un défaut de
réponse;
• des personnes physiques ou morales destinataires
des informations ;
• de l'existence d'un droit d'accès et de rectification.
Lorsque de telles informations sont recueillies par
voie de questionnaires, ceux-ci doivent porter men
tion de ces prescriptions.
»
Article28:
« Sauf dispositions législatives contraires, les infor
mations ne doivent pas être conservées sous une
forme nominative, au-delà de la durée prévue à la
demande d'avis ou à la déclaration, à moins que leur
conservation ne soit autorisée par la Commission.
»
ÉLÉMENTS D'UNE CONTROVERSE
I..:utilisation croissante des tests informatisés est à la hauteur de
la polémique qu'ils ont fait naître.
D'un côté, les défenseurs de
ces tests avancent qu'ils sont beaucoup plus fiables, plus objectifs
et garants de qualités scientifiques.
De l'autre, les opposants
rétorquent que la présentation sur informatique ne donne pas en
soi une preuve de scientificité.
Un mauvais test, version papier
crayon ou version informatisée, sera toujours un mauvais test.
■
Plus rapides mais pas plus fiables
« Informatique ou pas, seul le mode de passation change, pré
cise Jean-Luc Bernaud.
Le véritable avantage de ces tests est le
gain de temps.
Mais l'argument selon lequel une correction
faite par une machine est plus juste et plus fiable n'est pas
valable.
I..:informatique est juste un support, mais ce n'est pas
une garantie de fiabilité.
Pour les tests traditionnels, on a de
toute façon développé des techniques standardisées pour
réduire les erreurs de mesure à la correction.
» Jean-Luc
Bernaud est un adepte du« papier-crayon»,« car il y a échange
et humanisation de la relation.
Je trouve important que le
recruteur soit présent au moment de la passation.
Qu'il puisse
contrôler ce qui éventuellement bloque le candidat devant
l'écran.
Si l'examinateur est présent, il pourra intervenir et
veiller au bon respect des consignes.»
■
Les systèmes experts
La polémique porte aussi sur l'interprétation des résultats don
nés par l'ordinateur.
Là, il faut bien distinguer deux types d'outil
informatique : il y a ceux qui se contentent de compiler rapide
ment les réponses et de livrer un résultat brut.
C'est alors au
recruteur (ou au psychologue) d'analyser et d'interpréter.
Le test
Sosie fait partie de cette première catégorie.
Il existe une seconde
catégorie d'outils.
Ce sont les« systèmes experts», capables de
traiter les réponses et de fournir une interprétation.
« Le risque
est grand, du côté du consultant, de s'en remettre totalement
au diagnostic de l'ordinateur et de le prendre pour argent
comptant, s'inquiète une psychologue aux éditions ECPA.
Il
faut toujours être prudent.
» Autrement dit, il ne faut pas
prendre le verdict de l'ordinateur pour parole d'évangile.
Aussi,
le Potentiel, bien que doté d'un système d'interprétation,
impose certaines règles au recruteur qui le fait passer : il doit
nécessairement, dans un entretien, confronter l'analyse de la
machine à son propre diagnostic.
Pour compléter le tout, on
demande au candidat de s'autoévaluer.
S'il y a contradiction
entre sa propre perception des choses et le verdict de l'ordina
teur, le candidat peut s'en expliquer.
La machine ne doit en aucun cas décider seule du recrutement ;
c'est ce que précise la loi de 1978, relative à l'informatique, aux
fichiers et aux libertés.
l;article 2 de cette loi stipule bien
qu'« aucune décision administrative ou privée impliquant une
appréciation sur un comportement humain ne peut avoir pour
fondement un traitement automatisé d'informations donnant
une définition du profil ou de la personnalité de l'intéressé».
■
Les recommandations de la CNIL
Attention aux abus ! l;utilisation des tests informatisés a
entraîné des dérapages, poussant la Commission nationale de
l'informatique et des libertés (CNIL) à intervenir.
Par rapport à
ces pratiques, elle a rendu un avis, comprenant une série de
recommandations, en respect de la loi de 1978.
• Les informations collectées doivent être strictement néces
saires au recrutement envisagé et en relation étroite avec la
finalité du traitement.
• Lorsque la collecte de données sensibles est justifiée par la
nature du poste à pourvoir, celle-ci nécessite l'accord express
des intéressés, en vertu de l'article 31 de la loi Informatique et
Libertés et de l'article 6 de la convention du Conseil de l'Europe.
• Toute personne a le droit de connaître et de contester les
informations et les raisonnements utilisés dans les traitements
automatisés dont les résultats lui sont opposés.
La commission rappelle donc bien que l'ordinateur doit rester
un outil d'aide à la décision et qu'il ne doit en aucun cas se substi
tuer au jugement du recruteur.
Quant au droit d'accès du can
didat aux informations, la commission souligne qu'il s'applique
non seulement aux données le concernant, mais également aux
raisonnements et aux modalités d'interprétation des résultats
sur l'écran.
Si vous avez le moindre doute sur une procédure qui vous
semble plus ou moins légale, vous pouvez consulter le Minitel
36.15 CNIL (0,99 Fla minute).
Ce serveur vous en dit plus sur
la loi de 1978, la CNIL, vos droits, vos obligations...
Il existe quelques dizaines de tests informatisés.
Beaucoup
reprennent les principes des questionnaires de personnalité.
Seul le mode de passation change.
Plutôt que de dresser une liste
(fastidieuse !) de tout ce qui existe sur le marché, nous avons
préféré vous détailler deux tests, le Potentiel et le Sosie, les plus
utilisés à l'heure actuelle dans le recrutement.
Les questions
posées dans les tests ne pouvant être reproduites telles quelles,
nous en avons construit pour vous,« à la manière de».
LE POTENTIEL
[I]
450
questions
Ce test du Potentiel est plus souvent appelé Sigmund, du nom
de la société qui l'édite.
« À 14 ans, on m'a fait passer des tests
qui ont décrété que j'étais nul en maths, alors que j'étais un
bon élève, explique Jean-Michel Fourgous, l'instigateur du
Potentiel.
Deux ans plus tard, je passais des tests qui donnaient
des résultats opposés.
Je me suis dit qu'il fallait changer cela.»
De son expérience malheureuse, il tire une conviction : les
tests ne sont pas des outils fiables.
I..:ordinateur devrait per
mettre d'établir un meilleur diagnostic.
D'où son idée de créer
un test informatisé, plus objectif et spécialement étudié pour
un contexte d'entreprise.
« Souvent, les tests sont élaborés par
des chercheurs-cliniciens, sans véritable culture d'entreprise»,
souligne-t-il.
Lancé il y a dix ans, le Potentiel est aujourd'hui très....
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