LES UPANISHADS Upanishad : upa : proche de ; ni : bas ; shad : être assis. Littéralement, la signification...
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LES UPANISHADS
Upanishad : upa : proche de ; ni : bas ; shad : être
assis.
Littéralement, la signification de ce terme serait :
être assis aux pieds de (son maître).
Ces textes sont donc issus, pour une part, de ces
relations privilégiées entre maître et disciples, et pour
une non moins grande part de ces joutes oratoires met
tant aux prises, pour la solution d'une énigme ou
d'une difficulté, des tenants de thèses opposées.
Ces textes comportent également un savoir d'époque
et des discussions à son sujet.
Aussi des dialogues entre
doctes, entre un père et son fils, et même entre un
prince et son épouse «revendiquant» - ce qui ne fut
évidemment pas fréquent mais est attesté - le droit et
exprimant son désir de quitter I'impermanence de
I'agir et de l'avoir pour la densité d'une dernière étape
de vie, vouée à la connaissance de I'Absolu et au déta
chement, voies d'accès à l'immortalité entendue comme
état de celui qui n'ayant plus à renaître n'a plus à
(re)mourir.
Eternité.
On recense «classiquement» une bonne centaine
d'Upanishads de quelques dizaines de lignes à une cen
taine de pages.
Avec celles qui au cours des temps se
sont ajoutées, on en compterait quelque deux cents.
Quoi qu'il en soit seuls une petite quinzaine sont les
plus célèbres, les plus commentées et traduites, consi
dérées comme védiques, les autres étant post- ou extra
védiques.
On pense que ces spéculations sur le savoir révélé
ont été composées entre 600 et 200 avant notre ère.
Venant à la suite des spéculations et explications
sur le rituel (Brâhmana) et leurs compléments« fores
tiers» (Âranyaka) ainsi appelés parce que produits
par des ermites ou des renonçants retirés en des lieux
inhabités
les Upanishads inaugurent une véritable
réflexion tnétaritualiste.
Réflexion d'autant plus métaritualiste que, par la
force des choses, elle émanait souvent d'hommes âgés
que leurs forces déclinantes et/ou leur éloignement de
tout lieu habité rendaient incapables d'accomplir des
sacrifices dans les formes astreignantes de leur codifi
cation.
Et surtout qui n'en avaient pas besoin, coupés
qu'ils étaient de toute vie active, de ses buts (plaisir,
richesses), de ses obligations (moralité, sacrifices,
charges familiales et sociales):
Ainsi, par une sorte d'intériorisation de l'esprit du
sacrifice, intériorisation d'autant plus fondée qu'elle
était facilitée par la reprise en profondeur des textes
appris par cœur dans les stades de vie active· anté
rieurs, la connaissance en tant que telle, déconnectée
en quelque sorte du primat sacrificiel régissant le bon
ordre (dharma) de l'agir et de l'avoir, pouvait se don
ner comme but l'appréhension de la vérité suprême ou
ultime, de l'Absolu.
Vérité saisie tant sur le mode des
correspondances entre l'univers (le macrocosme) et
Thomme (le microcosme) que sur celui, finalement,
de l'identité de l'âtman et du brahman.
• Âtman:
- principe de vie analogue au «souffle»;
élément qui après la mort gagne soit le ciel, soit
le monde des mânes, soit se réincarne ;
- âme cosmique et âme individuelle.
Désigne:enfin et surtout:
- le soi «absolu» de l'homme, et en tant que tel
véritable et éternel, absolument conscient et
absolument heureux.
En général, se traduit
alors par «soi».
• Brahman:
- «énergie» mise en œuvre lorsqu'un sacrifice
est célébré;
- (au masculin) l'officiant du sacrifice.
Désigne enfin et surtout :
!'Absolu.
Absolu défini négativement comme non-sexué,
impersonnel, indifférencié, non-double, etc.
Et positivement peut-être, pour autant que cela
donne à penser sans pouvoir être véritablement
pensé, comme Ultime Réalité, Seul existant, Etre
éternel, absolu et permanent, etc.
Se saisit là comme un double effort intellectuel,
celui de structurer la diversité du réel et de l'expliquer
par des correspondances analogiques (dont la perti
nence, liée aux savoirs d'époque et aux condensations
symboliques, nous échappe souvent) et celui d'en
appréhender le sens ultime.
Par une démarche à la fois
complexe dans la réflexion psychologique mise en
œuvre, et à la fois simple dans l'unification obtenue:
sous le multiple l'Un (Absolu), à partir de l'Un le
multiple.
Deux notions cardinales, qui, contrairement aux
notions d'âtman et de brahman rejetées par le boud
dhisme et le jaïnisme, seront des «évidences» de base
de la pensée panindienne, font, à cette époque et dans
ces textes, leur apparition spécifique: karma et samsâra.
• Karma(n) (racine KR, faire)
Dans les Védas:
Le mot s'y trouve mais avec un sens différent de
celui qu'il prendra par la suite.
Acte rituel dont
l'exécution correcte garantit le Bon Ordre (dharma).
De purement «mécanique», il se leste progressive-
ment d'une valeur éthique: l'acte bien fait devient
un acte bon; la rétribution «mécanique» de cet acte
devient une rétribution justifiée par sa «bonté».
Déjà dans quelques Upanishads, mais surtout par la
suite:
La chaîne de rétributions des actes et des volitions :
tout acte, qu'il soit physique ou «en pensée»,
enchaîne celui qui le commet à en percevoir-acquit
ter le prix, au cours d'un cycle de re-vies et de re
morts, sans commencement ni fin.
• samsâra (racine sam-SR: couler avec)
Dans les Védas :
Ni le mot, ni le concept ne s'y trouvent.
Déjà dans.
quelques Upanishads, mais surtout par la
suite:
Le cycle même des re-vies et re-morts, sans com
mencement ni fin, que le karma implique mais ne
montre ni ne démontre.
Postulats d'évidence de la pensée panindienne, sur
lesquels nous aurons encore à revenir.
Tout se passe
comme si chaque être vivant (homme, dieu, animal)
était «né», était «existant» une fois pour toutes, ·
chaque vie et mort n'étant que les péripéties karmiques
d'un insaisissable moi, plongé pour les hindouistes
dans l'ignorance de son identité âtman-brahtpan,
plongé pour les bouddhistes dans l'ignorance de sa
vacuité.
En fait karma et samsâra sont les deux faces d'un
même jeton, d'une même réalité: l'existence.
Une façon commode, et somm_e toute pédagogique,
de rendre compte de ces textes est d'utiliser le résumé
stéréotypé qu'en donne la tradition séculaire sous la
forme des « Grandes Paroles» (mahâvâkya ou man
tras) dans lesquelles s'exprime, de façon condensée et
propice à la méditation spéculative, l'identité du brah-
man et de l'âtman.
Ces sentences oht par ailleurs le
mérite supplémentaire d'être extraites de quatre Upa
nishads différentes, dont chacune est le commentaire
d'un des quatre Védas.
LES QUATRE « GRANDES PAROLES»
(MAHÂVAKYA)_
« La connaissance ("intuitive'?
est brahman » (Prajnânam Brahma)
Cette « grande parole» se trouve dans l'Aitareya
Upanishad qui est le commentaire du premier livre
recueil des Védas : le Rigvéda.
Cette Upanishad en
seigne la connaissance de l'âtman et de sa nature au
travers de ses deux manifestations : le macrocosme
(l'univers), le microcosme (l'homme).
Extraits:
L 'Âtman était« Cela» à/ 'origine.
Rien d'autre n 'ou
vrait les yeux.
Il considéra : « Je veux.
émettre les mondes.
»
Tout ce qui respire, marche, vole et ce qui reste
immobile, tout cela a pour guide la sagesse, prend
appui sur la connaissance.
Le monde a la sagesse pour guide, la sagesse est
son support.
La connaissance.
voilà le Brahmàn.
in l'hindouisme, textes recueillis et présentés
par Anne-Marie Esnoul, Fayard, I 972, pp.
49 et 55
46....
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