LES ·VACANCES Texte. Vacruices à la chaîne Les vacances des Françaîs ont eu, cette ·année, une presse exécrable. La critique,...
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LES ·VACANCES
Texte.
Vacruices à la chaîne
Les vacances des Françaîs ont eu, cette ·année, une presse
exécrable.
La critique, pour une fois est unanime.
« Le
Figaro » a gémi tous les jours que le spectacle était
navrant, tout à fait d'accord, pour une fois, avec
« Charlie-Hebdo » où le professeur Choron a fui après
quatrejours 1a Côte d'Azur; « Une chaleur à crever! Des
bagnoles à crever ! Du bruit à crever ! Une foule à crever!'
Des dépôts d'ordures à crever!...
Ah, retrouver Paris après
}!enfer et s'allonger au pied d'un marteau-piqueur ! ».
La
télé a montré les baigneurs de Fos se trempant à l'ombre
des complexes industriels..
« Paris-Match » a recueilli, en
Languedoc, sur la plage de la Grande-Motte les confidences
de l'estivant qui met son réveil à 7 h 30 pour être sûr
d'avoir « un e,mplacement au borc;l de l'eau » et déjeune
sur la plage parce que, s'il s'en allait, sa « bonne place »
serait prise.
« Le Monde » a fait écho au mécontentement
- des ·« autochtones » envahis par I.es hordes urbaines, aux
Bretons, submergés par ce qu'ils appellent K le tourisme du
désordre >>, aux Corses suffoques en août par
l'« agglutination »• des migrants continentaux.
Les descriptions de cette gigantesque épreuve collective,
de cette auto-punition de masse ne semblent pas exagérées
quand on a traversé la France cet été.
Les hordes affamées
piétinant dans les self-services des autoroutes ; les horribles
démons de l'immobiUer abattus comme des sangsuès sur la
Baie de Marie-des-Anges; La Côte·p'Atur aujourd'hui sans
côte, recouverte par les caravanes, les campings et les
fourmis baigneuses, rocade sans· autre azur désormais que
la combinai�on des serveurs de stations-service; la Corse
exsangue rongée par les termites vacanciers, Bastia investi
par les incendies de la fermentation au soleil de ses dépôts
d'ordures et par ceux des forêts embrasées; le cancer
s'étendant, des « villages de vacances » qui en viennent à
ressembler à des bidonvilles organisés par le racket rapace
des marchands de sommeil et soleil, le mois d'août apparaît,
à première vue, comme cette épreuve communautaire dont
onze mois de « métro - boulot - dodo » permettront
peut-être à ceux qui l'ont traversée, sans qu'on puisse
l'assurer, de se remettre lentement.
On peut, bien entendu, expliquer que l'exode annuel vers
les aires du feu, de la pullulation et de la pollution est
davantage un choix de l'industrie et de la mécanique à
produire, qui laisse reposer les machines et suggère
fermement à leurs servants d'aller « se reposer ».
Que la
fermeture « par roulement » serait une solution coûteuse
et compliquée.
Que les Français ne choisissent pas- de partir
en août : on les y contraint.
Mieux : on les persuade qu'il
préfèrent agir ainsi.
On peut ajouter aussi qu'.il faudra une
longue éducation des masses pour les amener à préférer le
petit coin calme du Morvan ·ou de la Haute-Provence, les
charmes de la solitude et les délices de la retraite aux
grands entassements rissolants des apocalypses du « loisir ».
Qu'enfin, se baigner à la chaîne est mieux que travailler
à la chaîne.
Çlaude ROY, 1974.
Questions.
1 ° Résumer le texte.
2° Expliquer les phrases en italique dans le texte.
3 ° Trouver au moins deux sens au verbe crever dans la
phrase : « une chaleur à crever...
ordures à crever ».
Analyser l'humour de : « s'allonger au pied d'un
marteau-piqueur ! » et trouver dans le texte une expression
bâtie sur le même modèle.
Commentaire.
Ils sont nombreux ceux qui choisissent le bord de la mer
comme lieu de vacances.
Obéissent-ils à une mode ?
la m,1ée d'insectes qui s'abat sur une reg1on et la
dévaste entièrement lors de son passage.
Ici, ce sont
les grands immeubles hideux....
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