LES VOIX DU TEXTE Ce qu'il faut savoir ► Mots-clés Énonciation, discours, locuteur, destinataire, moda/isateurs, discours rap porté (direct/ indirect)....
Extrait du document
«
LES VOIX DU TEXTE
Ce qu'il faut savoir
► Mots-clés
Énonciation, discours, locuteur, destinataire, moda/isateurs, discours rap
porté (direct/ indirect).
Qui parle? À qui? Co=ent distinguer narrateur et personnage, person
nage et auteur? Comment l'auteur donne-t-il la parole à ses personnages?
L'étude de ces questions relève de l'énonciation.
0
►
l'tNONCIATION ET LES MARQUES DU DISCOURS
Observer
► Ex.
: Aujourd'hui maman est morte.
Ou peut-être hier, je ne sais pas.
J'ai reçu un télégramme de l'asile:« Mère décédée.
Enterrement demain.
Sentiments distingués.
» Cela ne veut rien dire.
C'était peut-être hier.
Camus, L'Étranger
Deux messages ou énoncés s'emboîtent dans cet incipit* romanesque:
un télégramme qui n'a pas d'auteur, mais un destinataire, le narrateur.
Un discours qui a un locuteur anonyme (je), mais pas de destinataire : le
narrateur lui-même (journal intime) ? le lecteur? Autre mystère de la
communication: aujourd'hui, hier, demain ne désignent aucun jour mais
ne se définissent qu'en situa tion, pa r ra pport a u moment où pa rle le
locuteur.
► Retenir
• L'énonciation est l'ensemble des procédés qui inscrivent l'énoncé dans
une situation de communication établie entre un locuteur et un
destinataire.
• Les marques du discours sont données par le système énonciatif :
- indices personnels : locuteur (je, nous, on), destinataire (tu, vous) ;
- indices spatio-temporels (maintenant I ici; l'an dernier/ la deuxième
rue à droite; demain/ là, là-bas) qui n'ont de sens que par rapport à la
situation du locuteur ;
- système temporel organisé autour du présent de l'énonciation: je sais,
je savais, j'ai su, je saurai.
e
ÉNONCIATION ET SUBJECTIVITt
► Observer
► Ex.
: Car c'est bien exactement avec les mêmes mensonges que les
pouvoirs constitués de France et d'Allemagne vous ont sournoisement
dupés! Jamais les gouvernements d'Europe n'avaient encore fait preuve
d'un tel cynisme, disposé d'un pareil arsenal d'habiletés pour multiplier
les calomnies...
!
Martin du Gard, Les Thibault
Aucun indice personnel ne permet d'identifier l'auteur de ce tract.
Il est
néanmoins fortement présent par les marques de son jugement : apprécia
tion intellectuelle (exactement) et morale (sournoisement, cynisme, calom
nie ...
).
► Retenir
Des indices lexicaux suggèrent l'appréciation du locuteur sur son
énoncé:
- modalisateurs de la certitude (incontestablement I certainement /
peut-être ; savoir I croire I présumer) ;
- marques de l'affectivité ou de l'évaluation : termes et suffixes péjoratifs
ou mélioratifs (pudiquement I discrètement I sournoisement), adjectifs
affectifs.
0
►
LES RESSOURCES DE L'tNONCIATION
Observer
► Ex.
:
ELMTRE
(après avoir encore toussé) -
Enfin je vois qu'il faut se résoudre à céder,
Qu 'il faut que je consente à tout vous accorder,
Et qu'à moins de cela je ne dois point prétendre
Qu'on puisse être content et qu'on veuille se rendre.
Puisqu'on ne veut point croire à tout ce qu'on peut dire
Et qu'on veut des témoins qui soient plus convaincants,
Il faut bien s'y résoudre et contenter les gens.
Molière, Tartuffe
Le je désigne Elmire et le vous son interlocuteur Tartuffe, qui la presse de lui
céder.
Mais que désigne le pronom on ? Elmire elle-même, une fois (ce qu'on
peut dire, on= je), Tartuffe ailleurs (on= vous), mais aussi le mari d'Elmire,
Orgon, qui tarde à sortir de sa cachette sous la table (on= lui) : l'usage de on
sert à la fois la pudeur d'Elvire et son stratagème; dans cette situation d'énon
ciation complexe et comique, Molière joue de l'ambiguïté du pronom.
►
Retenir
• Dans le discours, les marques de l'énonciation sont nombreuses et
naturelles, leur absence obéit donc à une intention à définir :
généralisation, impersonnalité, pudeur, volonté d'objectivité...
• Dans le récit, elles sont rares dans la mesure où le narrateur tend à
s'effacer derrière les faits : on sera attentif aux intrusions et commentaires
de l'auteur ou du narrateur ; le récit à la première personne s'apparente au
discours : l'énonciation y expose le caractère du narrateur autant que les
événements ; dans l'autobiographie, on distinguera je-personnage et je
narrateur.
• Dans le texte d'idées, leur présence ou leur absence se fondent sur des
stratégies argumentatives qui permettent au locuteur de manifester
subjectivité ou objectivité.
0
►
LE DISCOURS RAPPORTt
Observer
► Ex.: Enfin, j'aperçus la grande Lise, une amie de Sylvie.
Elle m'em
brassa.
« Il y a longtemps qu'on ne 1 'a vu, Parisien ! dit-elle.
- Oh oui! longtemps.
- Et tu arrives à cette heure-ci ? - Par la poste.
- Et pas trop vite!»
Nerval, Les Filles du feu
Deux systèmes d'énonciation et le dispositif typographique délimitent
nettement le récit et le discours: le narrateur cède la parole aux person
nages, qui interrogent, s'exclament, s'apostrophent (Parisien!) en direct.
► Ex.
: Le vidame lui proposa de Le mener chez elle ; mais M.
de
Nemours crut qu'elle en serait choquée, parce qu'elles ne voyaient encore
personne.
Ils trouvèrent qu'il fallait que M.
le Vidame la priât de venir
chez lui, sous quelque prétexte.
Mme de La Fayette, La Princesse de Clèves
Le discours des personnages est intégré dans le récit.
Il lui est subordonné,
grammaticalement et stylistiquement: verbes introducteurs, concordance
des temps, élimination des marques de la langue parlée.
Il est rapporté,
modifié et condensé.
► Ex.
: Il poursuivit d'une voix vengeresse.
Avait-on jamais vu cela ? un
magasin de nouveautés où l'on vendai1 de tout! un bazar, alors! Aussi Le
personnel était gentil: un tas de godelureaux...
Zola, Au Bonheur des dames
Pas de frontière ni de hiérarchie entre le récit du narrateur et le discours
du personnage, qui, bien que transposé, garde la saveur de la langue par
lée.
► Retenir
• Le discours direct transcrit les propos des personnages tels qu'ils sont
censés être prononcés, en les signalant par une marque typographique et un
verbe introducteur ou en incise ; il permet de typer les personnages, dans
leurs ù1tonations, dans leur lexique et crée un effet de réel.
• Le discours indirect insère les propos dans la narration à laquelle il les
subordonne.
Il crée une médiation, une distance entre le personnage et le
lecteur, et sert plus à restituer l'information, la pensée que le propos.
• Le discours indirect libre fond les propos dans la narration : ni verbe
introducteur, ni subordonnant, mais une transposition des pronoms et des
temps ; le lexique et les intonations de la langue parlée sont conservés.
L'effet suggère la sympathie du narrateur pour ses personnages.
Méthode
COMMENT ÉTUDIER
LE JEU DES VOIX DANS LE TEXTE
Ce qu'il faut faire
QUI PARLE?
a.
Observer
• La présence du locuteur se repère par les marques de première per
sonne, mais aussi à des indices lexicaux : modalisateurs et vocabulaire
affectif.
• l'.identification du je se fonde sur des critères internes (didascalies,
verbes en incise) et, plus rarement, externes (auteur= narrateur dans
l'autobiographie) ; elle pose problème dans le récit: qui est le je
narrant ? mais aussi parfois en poésie : qui est le je du poète ?
b.
Analyser
l'.analyse fonctionne par un système de questions :
- sur le droit à la parole : à quel personnage est-il accordé (théâtre,
roman, plus rarement poésie) ?
- sur la caractérisation du locuteur par son discours (ton, registre de
langue, etc.) ;
- sur les stratégies narratives ou argumentatives employées par l'auteur
(romancier, dramaturge, poète, essayiste) ou le locuteur (personnage,
narrateur) pour masquer, camoufler, affirmer, etc., sa présence.
À QUI?
a.
Observer
• Chercher la présence du destinataire dans des marques gramma
ticales, mais aussi lexicales (apostrophe).
• Identifier le tu ou le vous par des critères internes (didascalies,
vocatifs de l'apostrophe, compléments de verbes énonciatifs), sans
oublier qu'un deuxième destinataire (le public, le lecteur) peut être visé
derrière le premier.
�---------------------• • ·
· • •----------------------,
b.
Analyser
• Définir la fonction impressive du discours, en cherchant comment et
dans quel but il tend à agir sur le destinataire : pour le convaincre, le
séduire, le contester, le tromper, lui ordonner, etc.
• Mesurer ce qu'apporte la présence du destinataire, notamment dans
des cas particuliers : adresse à un absent, à un objet, à soi-même
(monologue), discours à double entente, discours surpris ...
ÉTUDIER LE DISCOURS RAPPORTÉ
a.
Circonscrire les propos des personnages
• À l'aide des marques spécifiques, dans le discours direct et indirect.
• En repérant des indices subjectifs dans le discours indirect libre :
imitation de !'oralité dans le vocabulaire, la syntaxe et l'intonation.
b.
Identifier le mode....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓