L'essentiel du cours Si les personnages sont des êtres de papier, des « vivants sans entrailles » comme le précise...

« L'essentiel du cours Si les personnages sont des êtres de papier, des « vivants sans entrailles » comme le précise Paul Valéry, ils par­ viennent néanmoins à peupler nos mémoires.

Certains romans finissent même par se résumer à un ou plusieurs personnages marquants.

Cependant, malgré ce pouvoir commun, les personnages peuvent jouer des rôles bien dif­ férents selon les œuvres qu'ils habitent. D'autres vies que les nôtres • Ce que découvre bien souvent le lecteur en ouvrant un roman, c'est la richesse et lfcom-plexitê cVun�conscience.

L'intérêt de La Princesse de Clèves, roman écrit par Mme de La Fayette au xv11' siècle, réside peut-être moins dans la descrip­ tion historique de la cour du roi Henri Il que dans la très fine analysé�dessenti­ ments amoureux.

Sur le plan de la psychologie, le personnage de la princesse de Clèves n'a rien à envier aux héroïnes de tragédie. • L'utilisation de la focalisation interne peut s'avérer précieuse.

C'est le cas dans La Chartreuse de Parme lorsque la bataille de Waterloo est vue à travers le regard du jeune et fougueux Fabrice del Dongo.

Ce roman, comme beaucoup d'autres, propose également un voyage initiatique: le personnage évolue au fil du roman. Le voyage n'est pas seulement géographique: c'est aUssi uné-avenfore intérieure. • Le rCJrrian epistolafre offre un autre exemple intéres.santc:le lien particulier unissant le lecteur et les personnages.

En confiant la conduite de l'histoire aux personnages eux-mêmes, grâce aux lettres qu'ils écrivent, le romancier se passe d'intermédiaire.

Nul narrateur ne vient raconter, à la place des personnages, ce qu'ils ont vécu.

Ce choix suscite parfois des pages bouleversantes comme dans Les Lettres portugaises, roman de Guilleragues écrit au xvn' siècle.

Cette confession d'une religieuse portugaise est si touchante que, longtemps, l'œuvre a été consi­ dérée comme un témoignage authentique et non comme une œuvre de fiction. Un modèle ou un miroir ? • Pour être touchant, le personnage doit souvent être vraiseITJ_blal:Jle.

L'histoire du roman tend donc à éloigner les personnages des modèles de l'épopée. • De nombreux personnages ne sont plus des héros au sens étymologique, c'est­ à-dire des demi-dieux.

Au contraire, le roman nous place face à des personnages a qui existent également grâce à leurs failles, à leLJrs SClUffranc:_es et à leursdef uts. Manon Lescaut, de l'abbé Prévost, raconte par exemple l'aventure d'un couple de jeunes amants qui n'hésitent pas à mentir ou à tromper pour parvenir à leurs fins.

Dans Thérèse Raquin d'Émile Zola, Thérèse est la complice passive de son amant lorsque ce dernier assassine Camille, son mari.

Le remords viendra hanter les deux amants qui finiront par se suicider. Le personnage au service d'une critique qui le dépasse • La représentation des défauts d'un personnage peut également permettre à l'auteur de se livrer à une-s�tire qui ne vise pas uniquement le personnage ridicu­ lisé..... »