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L'ÉTAT ET LA SOCIÉTÉ Tout pouvoir s'accompagne-t-il de violence ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - La question...

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« L'ÉTAT ET LA SOCIÉTÉ Tout pouvoir s'accompagne-t-il de violence ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - La question porte sur la nécessité d'une liaison perm��nte entre pouvoir et violence.

On peut la traiter de plusieurs points de vue: l'instau­ ration du pouvoir, son maintien, son usage éventuel de la violence. - Il s'agit cependant du pouvoir en général, et pas seulement du pou­ voir politique : on pourra donc évoquer l'existence d'un pouvoir judi­ ciaire, médical, etc. - Que peut apporter la violence au pouvoir? son fondement? son maintien? sa garantie? Y a-t-il une relation concevable entre violence et légitimité? ■ Pièges à éviter - Ne pas considérer que la violence est nécessairement en acte : elle peut être latente, ou symbolique. - Le pouvoir concerne aussi bien l'individu que la communauté : ne pas mélanger les deux points. - Ne pas oublier que la réponse à la question implique, en deçà d'une conception du pouvoir lui-même, une conception de l'homme, soit que celui-ci le subisse, soit qu'il le revendique. CORRIGÉ [Introduction] Dans le monde contemporain, les révoltes semblent fréquentes contre les pouvoirs établis.

Et il est également fréquent que ces derniers réagis­ sent à ce qui les conteste par la violence: ils font intervenir l'armée ou la police pour rétablir le calme.

De telles situations révèlent-elles une rela- tion constante et nécessaire entre pouvoir et violence? Sont-elles au contraire anormales ou exceptionnelles? Tout pouvoir s'accompagne-t-il, par sa nature même, de violence, ou peut-on concevoir que celle-ci se trouve au contraire suspendue par l'exercice du pouvoir lorsqu'il devient légitime? [I.

Le pouvoir comme refus de la violence initiale] À travers la diversité de leurs thèses, les théoriciens du contrat social montrent que le pouvoir est d'abord, pour une société humaine, une solu­ tion pour lutter contre la violence. Pour Hobbes, l'instauration du pouvoir permet de mettre fin à une « guerre de tous contre tous» qui, produite par les tendances initiales de l'homme, ne peut évidemment qu'être désastreuse.

Cela n'a cependant pas pour conséquence une disparition totale de la violence, qui se trouve plutôt déplacée, passant des individus encore soumis au désordre naturel au« tyran» qui en dispose désormais pour imposer l'ordre aux citoyens­ sujets. C'est pourquoi Rousseau critique fortement les thèses du Léviathan, qui ne peuvent élaborer qu'une société fondée sur une inégalité radicale: le tyran a tous les droits - et il peut en exiger violemment le respect -, alors que les sujets n'ont que des devoirs: qu'ils les oublient ou essaient d'y échapper et ils subissent la violence. Le « contrat social» tel que le comprend Rousseau, comme implicite­ ment à la base de toute société correctement organisée, instaure au contraire une égalité complète entre les citoyens, puisque tous renoncent à leur indépendance naturelle et aux privilèges éventuels qui pouvaient s'en déduire en raison de leurs inégalités physiques.

Cette égalité se tra­ duit par leur statut commun relativement à la loi: celle-ci les traite tous de la même façon et chacun participe à son élaboration puisque sa voix compte dans la formulation de la« volonté générale». De part et d'autre, on constate cependant que la violence ne peut fonder le droit : elle est naturelle, alors que le pouvoir est culturel.

Le tyran de Hobbes n'est pas celui qui aurait fait violemment preuve de sa supériorité, il est d'abord celui auquel les hommes confient leur avenir.

Et Rousseau formule une critique fondamentale du prétendu« droit du plus fort», qui souligne que ce« plus fort» ne l'est que momentanément et que sa force ne peut en conséquence produire ni un droit durable, ni un pouvoir légi­ time. [Il.

· Le pouvoir comme menace de violence] Si l'on admet que la violence relève de la nature (et pas uniquement de la nature de l'homme: la nature est violence parce qu'elle est destructrice de vie et, comme le souligne Georges Bataille, consommatrice effrénée d'énergie), alors que la société, où se manifeste le pouvoir sous ses diffé­ rents aspects, est d'ordre culturel, on constate que le pouvoir ne peut utili­ ser qu'une violence transformée, c'est-à-dire intégrée dans la culture elle­ même. C'est pourquoi le pouvoir peut se définir par l'exclusivité qu'il se réserve de la violence dite «légitime».

Cette dernière n'est plus le déchaînement incontrôlé de la force, elle s'organise institutionnellement, et son usage est justifié par des fins admises comme positives.

Ce dernier terme est toutefois ambigu, parce que la positivité en question est définie par le pouvoir lui-même et par sa réalité.

S'il s'agit d'un pouvoir démo­ cratique (au sens moderne), on peut considérer que la violence institution­ nelle (celle de l'armée et de la police) est au service du«bien commun»: le maintien de l'ordre assure la sécurité et interdit des revendications que l'on pressent comme potentiellement génératrices d'inégalité. Si, au contraire, le pouvoir est tyrannique ou dictatorial, l'exercice de la violence ne vise.... »

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