L'euphorie qui avait suivi les six essais nucléaires des 28 et 30 mai 1998 (succédant aux essais indiens des 11...
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L'euphorie qui avait suivi les six essais nucléaires des 28 et 30 mai 1998
(succédant aux essais indiens des 11 et 13 mai) dans un quasi-consensus national
a été de courte durée.
Le déclin des institutions s'est accentué et la
polarisation ethnique et sociale s'est renforcée alors que le pays semblait
s'enfoncer dans une crise économique sans issue.
L'annonce par le Premier ministre Mian Nawaz Sharif, le 11 juin, de la
construction du barrage de Kalabagh a suscité une forte opposition dans la
Province de la frontière du Nord-Ouest (NWFP), ainsi que dans le Sind et au
Baloutchistan.
Les partis nationalistes pachtou, baloutches et sindhis,
dénonçant l'hégémonie du Pendjab, ont formé en octobre 1998 le Mouvement des
nations opprimées du Pakistan (PONAM), réclamant un amendement de la
Constitution en vue d'établir un système confédéral garantissant une large
autonomie aux "nations" qui forment le Pakistan.
M.
Nawaz Sharif, soucieux de se concilier les partis religieux et de détourner
l'attention de l'opinion des difficultés économiques, a introduit en août le 15e
amendement (Shariat Bill) permettant au gouvernement d'émettre des directives
pour appliquer la loi islamique et de "prescrire le bien et interdire le mal".
Ce projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale en octobre 1998 dans une
version édulcorée, a été rejeté par le Sénat.
Le Premier ministre avait pourtant
incité la population à faire pression sur les sénateurs pour les contraindre à
le voter.
Le général Jahangir Karamat, chef de l'État-Major, a été contraint de
démissionner en octobre.
Il avait affirmé que le principal problème du pays
était l'économie et préconisé la formation d'un Conseil national de sécurité
pour éviter le chaos.
L'armée a toutefois été de plus en plus impliquée dans les
institutions civiles: la gestion de la WAPDA (Compagnie de l'eau et de
l'électricité), en quasi-faillite, lui a notamment été confiée et 30 000
militaires ont été chargés de recenser fraudeurs et mauvais payeurs.
Les violences entre factions du MQM (Mouvement national unifié) ont repris à
Karachi, où plus de 600 personnes, dont 110 pour le seul mois d'août, ont trouvé
la mort entre janvier et octobre 1998.
Après le meurtre en octobre de Hakeem
Muhammad Saeed, ancien gouverneur du Sind et recteur de la Hamdard University,
le gouvernement a accusé le MQM d'être une organisation terroriste, ce qui a
entraîné la rupture de l'alliance entre ce parti et la Ligue musulmane du
Pakistan (PML).
Le gouvernement provincial a été dissous et le Sind est passé
sous administration fédérale, l'armée étant chargée de seconder l'administration
civile pour le maintien de l'ordre.
Des tribunaux militaires (déclarés
inconstitutionnels par la Cour suprême en février 1999) ont été instaurés dans
la province pour lutter contre le terrorisme.
Cette "thérapie de choc" n'a
pourtant pas semblé avoir les effets escomptés.
Violences confessionnelles
Comme les années précédentes, les violences confessionnelles entre sunnites et
chiites ont fait de nombreuses victimes au Pendjab.
Dix-sept chiites ont
notamment été tués en janvier 1999 dans une mosquée de la région de Multan.
Le
Lashkar-e Jhangvi, groupe terroriste sunnite, a par ailleurs revendiqué un
attentat perpétré en janvier à Raiwind et visant apparemment le Premier
ministre.
En outre, le suicide au mois de mai de l'évêque John Joseph pour
protester contre la discrimination dont les chrétiens sont victimes, et plus
particulièrement contre l'utilisation abusive de la loi sur le blasphème
(article 295-C du Code pénal), a été suivi de manifestations parfois violentes.
Le procès pour corruption intenté contre l'ancien Premier ministre Benazir
Bhutto et son mari, Asif Ali Zardari, s'est conclu en avril 1999 par leur
condamnation à cinq ans de prison et à une amende de 8,6 millions de dollars,
tandis que la presse britannique dénonçait la corruption de M.
Nawaz Sharif et
de ses proches.
Deux événements ont accru l'isolement diplomatique du Pakistan et mis en danger
son alliance traditionnelle avec l'Iran: d'une part la progression militaire des
taliban (mouvement fondamentaliste pachtou) vers le nord de l'Afghanistan, et
d'autre part les frappes américaines en Afghanistan, en représailles aux
attentats perpétrés contre les ambassades américaines au Kénya et en Tanzanie,
le 7 août 1998.
La tension s'est considérablement aggravée en septembre 1998,
après les massacres de diplomates iraniens et de chiites afghans à
Mazar-i-Charif, dont l'Iran a tenu le Pakistan pour responsable.
Les pays d'Asie
centrale, craignant la contagion du fondamentalisme, ont dénoncé tout au long de
l'année le soutien pakistanais aux extrémistes religieux.
Par ailleurs, le
projet de gazoduc qui devait amener le gaz turkmène au Pakistan a été abandonné
après les frappes américaines.
Celles-ci ont fait des victimes pakistanaises
appartenant au Harakat ul Mujahidin, groupe extrémiste sunnite qui mène le
djihad au Cachemire, ce qui a permis à l'Inde de dénoncer l'ingérence
pakistanaise dans cet État.
Les relations avec l'Inde avaient toutefois connu une embellie en février 1999
avec la visite à Lahore du Premier ministre indien, Atul Bihari Vajpayee.....
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