L'évolution des conditions de travail Le stupide travail à la chaîne du manœuvre anonyme, rivé des heures durant à la...
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L'évolution des conditions de travail
Le stupide travail à la chaîne du manœuvre anonyme, rivé des heures
durant à la répétition d'un même geste, a paru la préfiguration de la vie
future.
Mais cette conception, qui paraissait s'imposer à la vue des horribles
usines bruyantes et empoussiérées de 1920 et à l'examen des brutales et
anonymes solutions du Taylorisme, apparaît maintenant périmée.
Trois
facteurs fondamentaux agissent en effet simultanément pour réduire l'inhu
manité du travail humain : la réduction progressive des effectifs employés
dans le secteur secondaire; la nouvelle orientation de l'organisation scienti
fique du travail; la réduction de la durée du travail.
[...]
Non seulement les effectifs des hommes employés dans l'industrie sont
appelés à se réduire (ils ne dépassent plus 27 _à 28 % à l'heure actuelle
dans le pays le plus industriel du monde, les Etats-Unis), mais encore et
surtout les effectifs du manœuvre non spéci_alisé, prolétaire intégral, fondqit
plus rapidement encore : ils étaient aux Etats-Unis de 65 % en 1830, de
25 % en 1910 et de 18 % en 1940 (y compris les ouvriers agricoles).
La
machine, qui, jusque vers 1925, ,était un monstre hideux à voir, bruyant et
brutal, devient plus fine, plus silencieuse, plus souple; elle tend même à
devenir belle, ce qui est un signe de son adaptation à l'homme; mais
surtout, elle tend de plus en plus à s'acquitter à elle seule du travail auto
matique et requiert de moins en moins l'intervention périodique et identique
d'un geste de l'ouvrier : la machine moderne s'alimente elle-même et
exécute automatiquement les besognes du rythme cyclique.
L'homme se
limite ainsi, de plus en plus, aux tâches de commande et de réparation,
qui ne sont jamais avilissantes, et qui, en général, développent l'esprit de
réflexion et de décision.
[...]
Il faudra décidément que les hommes deviennent intelligents et plient
leur Ï!!,telligence à la méthode scientifique.
L'organisation du travail est à
l'heure actuelle en pleine révolution : on a compris que si les travailleurs
ont pu apparaître à priori interchangeables, ce n'est qu'au prix d'une
approximation grossière.
En fait, chacun d'eux a des aptitudes où il excelle
et qui sont peu nombreuses à côté de la multitude des qualités qu'il a
médiocres.
La base de l'organisation moderne du travail est d'offrir à chaque
travailleur l'initiative des activités pour lesquelles il est bien doué, et de le
décharger des tâches oùil est «quelconque)).
Les chefs d'entreprises compren
nent de mieux en mieux que leur rôle essentiel n'est pas le règlement du
détail de la marche de leur affaire, mais le choix ,des hommes; le grand
chef de service n'est pas celui qui, du matin au soir, épie et corrige ses
collaborateurs, mais celui qui, aux moments requis, apporte l'impulsion
décisive.
La limite idéale vers laquelle tend la nouvelle organisatiori du
travail est celle où le travail se bornerait à cette seule forme de l'action :
l'initiative.
[...]
Entre 1910 et 1939, la durée du travail a pu en effet être réduite dans
tous les secteurs [...] de plus de 3 500 heures par an à environ 2 ooo; il est
incontestable que ce fait sans précédent dans l'histoire de l'humanité
diminue le caractère accablant des métiers même serviles.
Cependant
cette réduction de la durée du....
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