Devoir de Philosophie

L'exigence éthique et les aspirations personnelles ■ LE DEVOIR. QU ELQU ES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION 1 REPÈRES I S UR...

Extrait du document

« L'exigence éthique et les aspirations personnelles ■ LE DEVOIR. QU ELQU ES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION 1 REPÈRES I S UR LA NOTION DE DEVOIR. • Un thème philosophique de formulation assez récente dans notre culture, mais hérité d'une problématique bien particulière de la nature humaine.

On a souvent fait remonter l'idée de devoir, comme repré­ sentation d'une exigence intérieure qui s'imposerait aux tendances spontanées de l'homme, à la pensée judéo-chrétienne qui, à partir des Pères de l'Èglise, tend à définir une éthique en relation avec le dualisme foncier de l'existence. [N.B.

Le mot éthique, du grec êthos - « rnœurs » -, désigne tout à la fois une conception morale définie et l'art de vivre qu'elle impli­ que pratiquement.] L'homme est engagé dans une aventure temporelle.

et il est le siège de deux ordres de « valeurs » : celles qui marquent son « sé­ jour » terrestre et corporel, et qui sont liées à la sensibilité, à la chair (cf.

saint Augustin, Confessions, livre X, chapitre 30) et celles qui attestent sa nature spirituelle, dépassant le domaine de l'existence temporelle, et marquant en lui une sorte de parenté divine.

La créa­ tion, suivie du péché originel, a donc fait l'homme libre mais soumis à des exigences contradictoires (le corps, l'esprit).

L'idée de devoir semble, initialement, s'être constituée en liaison avec ce dualisme et toute la thématique chrétienne du rachat, de l'abstinence, voire du sacrifice, par lesquels l'homme tend à abolir en lui ce qui est la marque de sa faiblesse, et à dépasser le donné. • La tradition philosophique rationaliste issue de la pensée classique a développé le dualisme sur le plan d'une conception psychologique d'ensemble, articulant les facultés humaines selon deux ordres de réalités (sensibles, intelligibles ; sensibilité, raison) et, plus générale­ ment, opposant le domaine de la raison, distinctive de l'homme.

à celui de l'affectivité et des passions qu'il s'agit de maîtriser {cf.

plus loin « les passions »). • Les courants romantiques ou préromantiques tendent à « restau­ rer» les droits de l'affectivité, voire à rejeter la perspective dualiste et normative traditionnelle {pour Rousseau, la raison est seconde et non première).

Le principe éthique devient avec eux une sorte de conscience instinctive, s'éprouvant essentiellement dans le sentiment. • Le formalisme kantien occupe une position originale : tout en re­ prenant certains aspects du dualisme traditionnel, Kant situe le prin­ cipe moral dans la raison comme pouvoir pratique, produisant une « volonté bonne en soi-même» {cf.

Fondements de la métaphysique des mœurs, première section, Éditions Delagrave, page 93).

Il para­ chève ainsi le mouvement d'intériorisation de la norme morale (thème du respect) sous la forme de devoir inconditionné (thème de l'impératif catégorique).

L'action morale de ce fait n'est plus soumis­ sion à une norme externe et transcendante; elle accomplit l'autono­ mie du sujet moral en manifestant à la fois son libre arbitre et sa bonne volonté. La pureté de l'intention morale, qui fait agir l'homme sans consi­ dération préalable de son propre intérêt, sans calcul (cf.

l'impératif catégorique « tu dois ») atteste en effet son pouvoir d'instaurer, dans l'ordre des déterminismes naturels, un type d'actions qui ne lui doit rien et n'est pas autre chose que la manifestation du libre arbitre humain.

Le corollaire de l'action morale et du libre arbitre qui la rend possible, c'est le respect absolu d'autrui saisi comme une fin en soi, « jamais comme un moyen ».

Ainsi le devoir permet-il de retrouver à travers le formalisme de la loi morale l'universalité de l'humanité prise comme valeur en soi, présente en tout homme (voir « la per­ sonne»). [LYON, GRENOBLE, STRASBOURG CDE] La morale est-elle une convention sociale ? ■ LA PERSONNE. REPÈRES Il y a quelque ambiguïté à confondre l'affirmation individualiste et les droits de la personne.

L'idée très répandue selon laquelle il y aurait opposition irréductible entre intérêt individuel et intérêt collectif relève d'une mystification idéologique elle-même solidaire d"une cer­ taine conception de la vie sociale : compétition, hiérarchie, débrouil­ lardise, initiative individuelle, seraient les seuls ressorts efficaces de toute société dynamique.

En fait, si l'on y réfléchit, les implications et les conséquences d'une telle conception sont difficiles à tenir dès lors qu·un point de vue éthique vient souligner des contradictions que déjà la vie sociale et politique tend à manifester ; concevoir son propre accomplissement personnel sur le mode d'une affirmation in­ dividualiste forcenée, n'est-ce pas s'exposer soi-même aux revers de fortune toujours possibles dans une société conçue comme « jungle» où prévaudraient rapports de force et « sélection >> impitoyable du « plus apte >> (c'est-à-dire, en fait, du mieux adapté aux exigences du moment)? Valoriser unilatéralement l'individualisme contre l'altruisme, ou l'altruisme contre l'individualisme (l'égoïsme), c'est méconnaître la nécessaire solidarité des personnes humaines, dès lors qu'elles se saisissent mutuellement comme des fins et non seulement comme des moyens.

La personne est une valeur en ce qu'elle se manifeste à moi comme ce qui, en l'autre et en moi-même, doit être défendu et préservé : l'humanité elle-même. Aux antipodes de l'individualisme - que.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓