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■ L'ILLUSION. LE PROBLÈME PHILOSOPHIQl}E DE 1 REPÈRES I L'ILLUSION : POINTS DE REPERE. • Mise au point succincte sur...

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« ■ L'ILLUSION. LE PROBLÈME PHILOSOPHIQl}E DE 1 REPÈRES I L'ILLUSION : POINTS DE REPERE. • Mise au point succincte sur la notion même d'illusion. Éviter une confusion entre apparence, illusion et erreur.

L'illusion ne s'oppose pas, comme on le croit, à la réalité.

Elle a une consi­ tance propre (elle n'est pas irréelle).

De manière générale, l'illusion est une apparence trompeuse.

Dire que l'illusion est erreur est inexact, car l'illusion a un caractère nécessaire.

Elle ne peut pas ne pas être, car elle existe en fonction d'un mécanisme particulier qui la produit.

Je ne peux pas percevoir un bâton plongé dans l'eau autre­ ment que comme une ligne brisée.

Illusion nécessaire, produite par la différence des indices de réfraction de l'air et de l'eau.

Mais, muni d'une telle connaissance, je me garde d'affirmer que le bâton est brisé.

L'illusion perceptive ou optique n'engendre pas d'emblée I' er­ reur.

Elle la suggère, parfois avec une force irrépressible.

L'apparence se joue de moi (ludere : jouer) mais je reste, théoriquement, libre des jugements que je porte sur elle.

L'identification et la reconnaissance de l'illusion ne la modifient pas.

Elles la déjouent, la réduisent à un leurre inefficace.

Mais tout serait trop simple si le problème de l'illu­ sion s'épuisait dans la maîtrise du rapport perceptif.

Si celui-ci est déterminé par la position du sujet percevant, il est aussi investi par les données de toute une affectivité, qui engendre un autre type d'illusion.

L'homme, par exemple, projette dans la nature ce qui lui est familier, ce qui lui rappelle inconsciemment sa propre vie.

Il pense ainsi la nature par analogie ou par valorisations.

L'illusion géo­ centrique, finaliste, anthropomorphique que caractérise Spinoza combine ainsi l'illusion perceptive et les effets inaperçus d'une sub­ jectivité qui «fait délirer» la nature avec elle.

Les pièges du langage, les symbolismes de l'imagination matérielle déterminent un monde d'illusions avec lequel l'homme doit rompre s'il veut connaître le réel et s'affranchir de l'apparence (cf.

Bachelard, explication génétique des obstacles épistémologiques).

Enfin, dans l'activité réflexive même, la raison ou ce qui en tient lieu se nourrit d'illusions dès qu'elle croit pouvoir s'affranchir des limites que lui impartit l'expé­ rience, saisir comme objets existant réellement de simples contenus de pensée (cf.

la distinction kantienne du penser et du connaître). Attribuer la puissance et la fréquence des illusions à la faiblesse intrinsèque des «facultés» de l'homme et/ ou à la relativité de sa condition (Pascal) ne semble pas suffisant.

Bien des illusions collecti­ ves changent de nature, de contenu, avec l'évolution historique.

Il en est ainsi des diverses illusions idéologiques que les différentes épo­ ques nourrissent sur elles-mêmes.

Ainsi de l'illusion, toujours renais­ sante, qu'une forme de société serait «naturelle», c'est-à-dire conforme à une logique absolue et intemporelle.

L'élucidation généti­ que des illusions collectives et des mythologies dans lesquelles elles s'expriment relève d'une problématique de type sociologique et his­ torique (Durkheim, Marx) mais aussi de l'entreprise que définit la psychologie collective (cf.

Freud et, dans une certaine mesure, les analyses de J.-P.

Vernant dans Mythe et pensée chez les Grecs). • Quelques références utiles. - Représentation philosophique d'ensemble du problème de /'illu­ sion et de son statut général. ► Les puissances d'illusion dans le récit symbolique de Platon, «Allégorie de la caverne», La République, livre VII. ► Une condition déchue, génératrice d'illusions.

Cf.

Pascal, Pen­ sées (édition Brunschvicg, p.

83 : « L'homme n'est qu'un sujet plein d'erreur, naturelle et ineffaçable sans la grâce.

Rien ne lui montre la vérité.

Tout l'abuse; ces deux principes de vérité, la raison et les sens, outre qu'ils manquent chacun de sincérité, s'abusent récipro­ quement l'un l'autre»). ► Le recensement des différentes illusions qui conduisent l'homme à l'erreur, d'après Bacon (Novum organum, 1) : illusions liées à-la succession des théories qui se contredisent, au langage quotidien dépourvu de rigueur, aux préjugés issus d'une éducation et d'un milieu, à l'empirisme ou, au contraire, au goût de la spéculation abstraite, etc. - L'approche génétique des différents types d'illusion. ► L'illusion géocentrique comme illusion de perspective.

Cf.

Copernic, Lettre-préface au De revolutionibus orbium cœlestium : « ...

Le cours apparent des étoiles n'est qu'une illusion d'opti­ que, produite par le mouvement réel de la Terre et par les oscillations de son axe.

» ► L'illusion finaliste comme produit de l'imagination humaine. Spinoza, Éthique, 1 (Appendice). ► L'illusion du libre arbitre comme ignorance des causes vérita­ bles de l'action.

Spinoza.

Lettre à Schuler (Éditions Garnier-Flamma­ rion, tome IV, Lettres, lettre 58). ► L'illusion du dogmatisme métaphysique.

Kant, Critique de la raison pure (Dialectique transcendantale). ► L'illusion idéologique selon Marx.

A une explication de I' ori­ gine de l'inversion idéaliste (al.

Marx associe une étude du méca­ nisme par lequel se constitue l'illusion d'autonomie de l'idéologie (b). a) Cf.

Introduction à la Critique de /'économie politique (Éditions Sociales, page 165). « Pour la conscience - et la conscience philosophique est ainsi faite que pour elle la pensée qui conçoit constitue l'homme réel et, par suite, le monde n'apparaît comme réel qu'une fois conçu -, pour la conscience, donc, le mouvement des catégo­ ries apparaît comme l'acte de production réel (...

r dont le ré­ sultat est le monde.

» b) Cf.

L'Idéologie allemande, première partie (Éditions Sociales), et L.

Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, de F. Engels (in Études philosophiques, Éditions Sociales, page 56) « Chaque idéologie, une fois constituée, se développe sur la base des éléments de représentation donnés et continue à les élaborer ; sinon elle ne serait pas une idéologie, c'est-à-dire le fait de s'occuper d'idées comme d'entités autonomes, se dé­ veloppant de façon indépendante et uniquement soumises à leurs propres lois ( ...) Que les conditions matérielles d'exis­ tence des�hommes, dans le cerveau desquels se poursuit ce processus mental, en déterminent en fin de compte le cours, cela reste chez eux nécessairement inconscient, sinon c'en se­ rait fini de l'idéologie.

» ► L'étude des illusions liées aux valorisations affectives in­ conscientes.

Bachelard, Psychanalyse du feu (Éditions Gallimard, collection « Idées »). • Corrélations. La réflexion sur les illusions occupe une place décisive dans la philosophie.

On peut la référer, entre autres, aux questions suivan­ tes : - le langage (cf.

la rhétorique comme puissance d'illusion et la théorie de /'obstacle verbafl ; l'imagination (cf.

le fantasme comme scénario imaginaire, et les illusions de la vie affective) ; - le jugement (cf.

le pouvoir de distanciation de la volonté par rapport à la « force » des représentations) ; - la religion ; l'idéologie (question optionnelle problème des illusions.... »

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