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L'intelligibilité du réel et ses problèmes ■ THÉORIE ET EXPÉRIENCE. · THÉORIE ET EXPÉRIENCE : j REPERES j QUELQUES ÉLÉMENTS...

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« L'intelligibilité du réel et ses problèmes ■ THÉORIE ET EXPÉRIENCE. · THÉORIE ET EXPÉRIENCE : j REPERES j QUELQUES ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION. • L'ambivalence du mot expérience. Indépendamment de ses multiples nuances dans diverses expres­ sions courantes (« c'est un homme d'expérience» - « fais-en l'expé­ rience et tu comprendras», etc.), le mot expérience renvoie schéma­ tiquement à deux données distinctes : l'expérience vécue et l'expérience scientifique (qu'on appelle souvent expérimentation pour la différencier de la première).

La réflexion sur cette différence comporte un enjeu décisif, non seulement au niveau de l'interpréta­ tion critique du vécu, mais aussi au niveau des normes sur lesquelles se règle la conduite humaine.

L'interprétation non critique de I'expé­ rience personnelle doit être problématisée au niveau des processus mentaux implicites (généralisations abusives, subjectivisme, etc.) qui la sous-tendent.

Il convient donc de dépasser l'opposition apparente entre le côté actif de l'expérience que l'on fair (car tout dépend des conditions et des normes de cette expérience) et le côté passif de l'expérience que r on subir (car la façon dont on « accueille >> une expérience n'est jamais neutre; elle engage toute une personnalité). • Problématisation de l'expérience vécue érigée en référence exemplaire. Une expérience personnelle, qu'elle recouvre un acquis rétrospec­ tif d'ensemble (« avoir de l'expérience»).

ou un épisode vécu !« faire une expérience»}, reste toujours partielle, relative, et souvent contra­ dictoire.

Il faut ici encore dénoncer l'illusion selon laquelle les faits vus ou vécus « parleraient d'eux-mêmes » et définiraient leur propre intelligibilité.

Il y a une certaine naïveté à croire que le vécu se suffit à lui-même, qu'une simple description permet d'en saisir le sens de façon neutre et objective.

Toute perception - et a fortiori toute inter­ prétation - est déterminée par des structures mentales définies, des a priori subjectifs (valorisations inconscientes) qui filtrent le « mes­ sage de la vie ». Dans la façon dont l'expérience vécue s'organise et s'interprète, des processus mentaux implicites (refoulement, généralisations, etc.) se déroulent.

Le problème est de savoir si, dans la vie quotidienne, il est possible de maîtriser complètement ces processus, à l'instar de ce qui se passe dans /'expérimentation scientifique.

Et ce problème est décisif aussi bien pour l'interprétation d'une expérience passée que pour la conduite d'une expérience présente. En d'autres termes, la question est de savoir si la saisie et l'inter­ prétation du vécu seront laissées au hasard des rencontres empiri­ ques et à la singularité d'une subjectivité ou bien si elles seront normées par une exigence de lucidité, de vigilance critique et d'effi­ cacité.

On comprend que l'approche comparative de la conduite de l'expérience vécue et de l'expérimentation scientifique puisse être instructive à cet égard. • L'interprétation dogmatique de l'expérience et sa critique par Hume. Il s'agit d'analyser l'acte mental implicite par lequel une succes­ sion ou une association empirique est interprétée, et référée à une loi causale nécessaire.

C'est d'un point de vue essentiellement logique que Hume critique l'affirmation selon laquelle un objet, qui a maintes fois manifesté telle ou telle propriété, la manifestera de nouveau, et indéfiniment, dans l'avenir : il y a là une inférence, c'est-à-dire une opération logique tirant une conclusion d'un fait observé dont la vali­ dité fait problème.

Du point de vue de l'observateur, tant qu'il n'a pas la compréhension interne d'un rapport constitutif entre l'objet en question et les propriétés qu'il manifeste, l'affirmation qu'il effectue ne peut avoir qu'un caractère conjectural. « Toutes les inférences tirées de l'expérience sont des effets de l'accoutumance, non du raisonnement)> (Hume, Enquête sur /'enten­ dement humain, section cinq). Kant, dans un texte célèbre, a souligné l'apport de Hume à l'éla­ boration d'une philosophie critique de la connaissance : « Je l'avoue franchement : ce fut l'avertissement de David Hume qui interrompit d'abord, voilà bien des années, mon sommeil dogmatique>> (Prolégo­ mènes.... »

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