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L'intérêt d'une autobiographie n'est pas tant dans les événements qu'elle raconte que dans le témoignage qu'elle apporte sur le travail...

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« L'intérêt d'une autobiographie n'est pas tant dans les événements qu'elle raconte que dans le témoignage qu'elle apporte sur le travail de mémoire et les mécanismes du souvenir ? Analyse du sujet et problématisation : Le sujet interroge ce qui peut faire l’intérêt d’une autobiographie.

Par le terme d’intérêt il est implicitement suggéré que c’est de la réception et du lecteur qu’il faudra traiter. Par autobiographie, on entendra un récit dans lequel une personne raconte sa propre vie.

Dans Le Pacte autobiographique, Philippe Lejeune la définit comme un « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité.» La thèse formulée par le sujet est que l’intérêt le plus grand de l’autobiographie se trouve « dans le témoignage qu’elle apporte sur le travail de mémoire et les mécanismes du souvenir » : c’est donc la genèse de l’autobiographie, le travail et l’effort de remémoration et la façon dont cet effort est rendu perceptible dans l’œuvre finale qui constitue l’intérêt profond de l’autobiographie, au delà des « évènements » racontés, c’està-dire des anecdotes plus ou moins intimes propres à l’auteur.

Le sujet fait résider donc rédiger l’intérêt majeur de l’autobiographie dans sa portée universelle, puisque chacun peut se reconnaître dans la perception des mécanismes de la mémoire et du souvenir. Problématique : Où se trouve l’intérêt du lecteur quand il lit une autobiographie, dans la narration d’anecdotes intimes ou dans la découverte de mécanismes psychologiques universels ? I) L’intérêt limité de la narration d’évènements personnels 1) Le lecteur s’intéresse aux évènements de la vie intime de l’autobiographe par « voyeurisme » Une autobiographie est un récit intime dévoilant des aspects très personnels sur la vie de l’auteur.

On ne peut donc lire une autobiographie que par intérêt pour la personne de l’auteur, que celui-ci soit populaire ou que sa vie soit marquée par des évènements particuliers, insolites.

Le lecteur peut donc apparaître comme une sorte de « voyeur » recherchant, dans une autobiographie, à percer l’intimité de l’autobiographe. Ex : Cet intérêt curieux, voire « voyeur » pour l’autobiographie est souvent présent pour des autobiographies de personnages publics, issus de l’actualité médiatique à cf.

les autobiographies de grands sportifs ou d’hommes politiques qui paraissent tous les jours. 2) Le processus d’identification assure seul l’intérêt du lecteur pour les évènements autobiographiques La narration d’évènements personnels voire intimes dans une autobiographie peut favoriser une posture d’identification assurant l’intérêt du lecteur pour ce type de récit.

Le fait qu’il s’agisse d’un récit vécu, « vrai », authentique, et d’une narration à la première personne renforcent le processus d’identification.

L’autobiographe peut donc devenir un modèle de réussite, ou simplement refléter les difficultés existentielles de son lecteur. Certains autobiographe jouent sur ce phénomène d’identification, et donc, sur une certaine complicité avec le lecteur, pour garantir le succès de leur autobiographie. Ex : Rousseau, dans Les Confessions, considère d’abord le lecteur comme un juge, un « arbitre » (préface de 1850), mais cherche à instaurer, au fil du récit, une complicité avec lui devant le conduisant ainsi à devenir un admirateur ( montrer que Rousseau ne cesse de se mettre en valeur et d’affirmer sa supériorité et qu’il évoque explicitement sa valeur de modèle, notamment dans le préambule de 1850 : son ouvrage « peut servir de première pièce de comparaison pour l’étude des hommes ») II) L’intérêt du lecteur se trouve dans le travail psychologique de la mémoire L’intérêt du lecteur pour le genre autobiographique ne vient pas seulement des évènements racontés : dans presque tous les genres littéraires, on observe une narration d’évènements.

Quel est- donc l’intérêt spécifique du genre autobiographique ? Il semble se trouver dans le travail psychologique de la mémoire et dans le mécanisme du souvenir que met en place l’autobiographie. 1) La involontaire mémoire est souvent fragmentée et Nombre d’autobiographies mettent en avant le mécanisme d’une mémoire fragmentée et de souvenirs fragmentaires.

Certaines autobiographies présentent donc les évènements de manière non chronologique, selon les irruptions de souvenirs, dûs à une mémoire souvent involontaire. Ex : · Le mécanisme de la mémoire affective, sensorielle, défini par Proust à propos de la madeleine et de la réminiscence qu’elle implique dans Du coté de chez Swann : Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir. àLa mémoire sensorielle, affective et involontaire est un bon allié dans la quête autobiographique du souvenir authentique. · La mémoire fragmentée et le souvenir fragmentaire dans Le scaphandre et le papillon de Jean-Dominique Bauby ou dans Roland Barthes par Roland Barthes · L’entreprise Gidienne dans Si Le grain de meurt : J’écrirai mes souvenirs comme ils viennent, sans chercher à les ordonner.

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