L'OPINION, LA CONNAISSANCE ET LA VÉRITÉ De quelle vérité l'opinion est-elle capable? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet -...
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L'OPINION, LA CONNAISSANCE ET LA VÉRITÉ
De quelle vérité l'opinion est-elle capable?
COUP DE POUCE
■ Analyse du sujet
- L'opinion est tellement critiquée dans la tradition philosophique
qu'évoquer son accès à une vérité peut sembler paradoxal: on examinera
donc la question sérieusement.
- Si l'opinion est capable de vérité, que risque-t-il de manquer à cette
dernière?
- Qu'est-ce qui empêche l'opinion d'être rationnelle?
■
Pièges à éviter
- Ne pas se contenter d'une critique systématique de l'opinion : le
sujet implique qu'elle est dotée d'une relative positivité.
- Ne pas oublier que l'opinion est fréquemment anonyme, notamment
dans son origine.
- Ne pas traiter trop vite la question pour consacrer la majeure partie
de la copie à l'évocation des vérités profondes auxquelles n'accéderait pas
l'opinion.
CORRIGÉ
[Introduction]
Le terme d'opinion supporte des significations assez variées pour que,
d'une part, ce qu'il désigne comme jugement mal fondé soit condamné
par la philosophie et que, d'autre part, la « liberté d'opinion» se trouve
proclamée par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de
1789.
Si les philosophes sont méfiants à l'égard de l'opinion, c'est qu'elle
désigne un avis sans rigueur, qui se donne néanmoins l'apparence d'une
vérité : comme la philosophie est en quête de vérités solides, elle consi,.
1
dère presque nécessairement que la fragilité de l'opinion lui interdit d'ac
céder à la vérité; mais la vérité est-elle toujours hors de portée de l'opi
nion? N'y a-t-il pas des domaines où l'opinion serait suffisante?
[I.
Subjectivité et anonymat]
Ce qui gêne les philosophes depuis Platon, c'est que l'opinion n'est
fondée que sur des impressions, des sentiments personnels, au mieux des
croyances ou des jugements de valeur qui semblent ne renvoyer qu'à la
subjectivité de celui qui l'énonce.
Ainsi, l'opinion s'annoncerait par un
« moi, je pense que...» ou un« de mon point de vue...» qui signaleraient
immédiatement un enracinement dans la singularité, et ne laisseraient pré
sager, en guise de ce que l'on nomme si volontiers « débat d'opinions»,
qu'un affrontement de jugements a priori dont ne pourrait sortir aucune
idée claire, chaque intervenant demeurant en général, à la fin d'un tel
débat, sur ses positions initiales.
L'opinion, une fois affirmée par un indi
vidu, semble en effet lui appartenir en propre, faire partie de lui-même, au
point que devoir y renoncer lui semble impossible, parce que cela signifie
rait une sorte d'appauvrissement de son être même.
Mais on peut souligner, d'un point de vue différent, que l'opinion n'est
en fait jamais personnelle : elle dépend d'une mentalité, d'un groupe
social, d'une classe, et, sous cet aspect, participe des « idées reçues»,
admises sans discussion comme des sortes d'évidences, grâce auxquelles
l'individu qui y adhère confirme du même coup son appartenance à un
collectif.
La revendication subjective serait ainsi en trompe-l'œil, et il est
possible de considérer qu'elle n'est possible que parce que l'opinion est
en fait anonyme, et sans responsable initial repérable.
Adhérer à l'opi
nion, c'est ainsi faire sienne une rumeur, un on-dit, et profiter de son
absence d'auteur pour faire comme si elle était sienne.
Choisir l'adhésion,
c'est simplement admettre que l'opinion est suffisamment vraisemblable
pour n'avoir nul besoin d'être vérifiée.
Ce manque de vérification ou de preuve constitue, du point de vue de
l'exigence rationnelle, le plus grave défaut de l'opinion : on ne sait jamais
très bien d'où elle sort ni sur quoi elle s'appuie; elle a simplement en elle
de quoi séduire dans la situation où l'on se trouve, elle paraît ainsi
convaincante et persuasive, et cela suffit pour déterminer l'adhésion.
Il n'est donc pas étonnant que, lorsque les philosophes établissent un
classement des modes de connaissances, l'opinion se situe toujours au
degré inférieur.
Pour Platon, elle correspond à la doxa, en relation seule
ment avec les images et reflets des choses.
Spinoza considère qu'elle est
obligatoirement« sujette à l'erreur», parce qu'elle ne se produit jamais à
propos de quelque chose dont nous sommes certains, mais n'intervient
qu'« à l'égard de ce que l'on dit conjecturer ou supposer».
L'opinion est
1
..
donc fausse, illusoire, parfois même dangereuse, comme lorsqu'elle pré
tend se justifier en ayant recours à de fausses «évidences».
Ainsi, les
opinions racistes dissimulent la peur de l'autre sous l'affirmation de son
infériorité ou du danger qu'il représente.
[Il.
Le problème de l'opinion....
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