L'optimisme consécutif au coup d'État d'octobre 1999 (qui avait renversé Mian Nawaz Sharif) a fait place au désenchantement face à...
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L'optimisme consécutif au coup d'État d'octobre 1999 (qui avait renversé Mian
Nawaz Sharif) a fait place au désenchantement face à la lenteur de la mise en
œuvre du programme de réformes annoncé par le général Pervez Musharraf, qui
semblait pris en otage par les partis religieux.
Le chef de l'Exécutif a réitéré
son engagement de respecter l'arrêt rendu en mai 2000 par la Cour suprême - qui
justifiait la prise de pouvoir des militaires au nom de la "doctrine de la
nécessité" et leur accordait un délai de trois ans pour organiser des élections
législatives -, sans toutefois indiquer le processus qu'il envisageait pour le
retour à la démocratie.
Des élections locales "sans partis" se sont déroulées en
plusieurs phases entre décembre 2000 et juillet 2001.
La participation au
scrutin a été relativement faible et une partie des sièges réservés aux femmes un tiers du total - n'ont pas été pourvus faute de candidates.
Les élections
n'ont pas véritablement permis le renouvellement du personnel politique souhaité
par le général Musharraf, une bonne partie des élus étant liés à des partis
politiques ou aux structures traditionnelles de pouvoir.
Le Mouvement national
unifié (MQM) a boycotté le scrutin à Karachi, permettant à la Jamaat-e islami et
au Parti du peuple pakistanais (PPP) de remporter la majorité des sièges.
Par
ailleurs, le maintien des électorats séparés pour les minorités non musulmanes
(listes à part) a entraîné le boycottage du scrutin par celles-ci, notamment
dans la province du Sind.
Le 20 juin 2001, P.
Musharraf a été investi président,
déclenchant des protestations d'une partie de la classe politique et des
juristes.
Corruption : épilogues et nouvelles révélations
L'ancien Premier ministre M.
Nawaz Sharif a été condamné en juillet 2000 à
quatorze ans d'emprisonnement et à l'interdiction d'exercer toute fonction
publique pendant vingt et un ans pour l'achat illégal d'un hélicoptère.
Il a
également vu sa condamnation à perpétuité pour piraterie aérienne et tentative
de meurtre (avril) confirmée en appel, mais a finalement été gracié en décembre
2000 par le général Musharraf en échange de son exil en Arabie saoudite et de la
confiscation d'une partie de ses biens.
Son départ a exacerbé les luttes de
clans au sein de sa formation, la Ligue musulmane du Pakistan (PML), qui a connu
une scission.
L'ancien Premier ministre Benazir Bhutto est restée en exil, tandis que son
mari, Asif Zardari, entamait sa cinquième année en prison.
L'affaire des retranscriptions d'écoutes téléphoniques publiées en février 2001
par le Sunday Times de Londres, révélant qu'un juge de la Haute Cour de Lahore
avait fait l'objet de pressions de la part du gouvernement de M.
Nawaz Sharif
pour condamner B.
Bhutto à une peine maximale, a renforcé la perte de confiance
dans l'appareil judiciaire.
La publication par la presse indienne, en août 2000, d'extraits du rapport de la
Commission Hamood ur Rehman, désignée en 1972 pour établir les responsabilités
dans la sécession du Bangladesh, a fortement gêné l'armée, accusée dans ce
document d'inefficacité et de corruption.
La Grande alliance démocratique (GDA), regroupant dix-neuf partis et qui
réclamait le retrait des militaires et l'organisation d'élections législatives,
n'a pas réussi à mobiliser la population en raison du discrédit frappant la
classe politique et qui avait permis le coup d'État de 1999.
Une quarantaine d'attentats non revendiqués (mais généralement attribués aux
services de renseignement indiens) ont été perpétrés dans des marchés et des
gares routières.
Les violences confessionnelles ont également connu une forte
recrudescence.
Plusieurs dignitaires religieux sunnites et chiites ont été
assassinés à Karachi et à Peshawar et des hindous et des ahmadis ont été la
cible d'attaques en octobre au Baloutchistan et au Pendjab.
De nouveaux
affrontements entre sunnites et chiites dans la zone tribale de l'Orakzai Agency
(ouest du pays) ont fait au moins dix-neuf morts en février 2001.
Par ailleurs,
la pendaison, le 28 février 2001, d'un militant du Sipah-e Sahaba (SSP, Armée
des compagnons du Prophète, mouvement extrémiste sunnite), condamné à mort pour
le meurtre de Sadiq Ganji, consul d'Iran assassiné en 1990 à Lahore, a déclenché
une vague d'attentats contre des chiites suivie de représailles contre des
mosquées liées au SSP.
Les pressions exercées par les partis religieux ont amené le général Musharraf à
battre en retraite après avoir annoncé des réformes concernant la loi sur le
blasphème, les droits des femmes et des minorités et les meurtres d'honneur.
L'intolérance était de plus en plus forte, notamment dans la Province de la
frontière du Nord-Ouest (NWFP), où une campagne violente a été menée contre les
chaînes de télévision par câble et où les bureaux du quotidien The Frontier
Post, à Peshawar, ont été saccagés et incendiés.
Les déclarations des autorités à propos de l'enregistrement des madrassa (écoles
religieuses) et du contrôle de leur financement n'ont pratiquement pas été
suivies d'effets en raison de l'opposition virulente des partis religieux.
Le Bureau national de la responsabilité financière (National Accountability
Bureau, NAB) a poursuivi ses activités.
Cinquante-sept hommes politiques ont été
condamnés pour corruption et le NAB a affirmé fin février 2001 que 45 milliards
de roupies avaient été récupérées depuis l'arrivée au pouvoir des militaires, en
octobre 1999.
Aucune procédure n'avait toutefois été engagée contre des
militaires ni des juges en fonction.
Un soutien aux taliban pénalisant
Le....
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