L'origine et la date de ce poème sont obscures. Mallarmé ne le publie pas dans Le Parnasse contemporain de 1866....
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L'origine et la date de ce poème sont obscures.
Mallarmé ne le publie pas dans Le Parnasse
contemporain de 1866.
Ce n'est qu'en 1883 qu'il le confie à Verlaine pour ses Poètes
Maudits (avril 1884).
En 1887, dans La Revue Indépendante, il le place entre le "Le
Guignon" et "Placet futile" (de 1862).
Victor Hugo appelait Mallarmé "mon cher poète
impressionniste".
Sa manière est en effet celle des peintres impressionnistes : au lieu de
décrire les objets, il exprime l'impression ressentie devant eux.
Le poème est une
succession d'impressions dont l'ensemble compose une atmosphère suggestive.
Mouvement du poème : Une succession de trois tableaux :
V.
1-4 : la peinture sacrée d’un moment de hors du temps.
V.
5-9 : la réflexion lyrique du moment qui suit le baiser donné par la bien-aimée.
V.
10-16 : le bouleversement de la réalité due à l'apparition.
Première partie : Peinture sacrée où dominent les tons bleus et blancs.
Impression générale de tristesse voilée, marquée dès le premier vers : La lune s'attristait.
Aucun détail vraiment réel ; le poète semble absorbé dans la contemplation d'un tableau:
les séraphins sont en effet les anges musiciens des peintres italiens de la renaissance et
des préraphaélites anglais.
Ces derniers recherchent la naïveté mystérieuse et non la
beauté resplendissante ; leur influence est grande sur les poètes, en particulier Rimbaud
(son "Ophélie" et "la Mort d''Ophélie" du peintre Millais).
Ces séraphins sont "en pleurs" :
impression de mélancolie rêveuse.
Les rejets des vers 2 et 3, "rêvant", "vaporeuses",
détachent très nettement ces deux termes qui donnent l'atmosphère particulière de ces 4
vers.
Le vers 2 est une suite d'impressions de plus en plus larges (schéma : 2 - 4 - 6 ) ;
progression stoppée brusquement par le rejet "vaporeuses".
Au vers 3, toujours cette
sensation d'alanguissement : "de mourantes violes".
Les musiciens célestes soutiennent de leur suave mélodie la songerie du poète : couleurs
et sons se confondent pour créer une atmosphère paradisiaque, surnaturelle, qui
s'épanouit au vers 4.
Ce vers "de blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles" est ample,
rythmé, très riche en correspondances.
Il réunit en les superposant auditives: (sanglots),
visuelles (blancs) musicales et plastiques (glissant) ; pour les corolles des fleurs bleues, il
faut remarquer l'emploi du mot "azur», expression de la future hantise du poète (Cf.
"L'Azur").
Le vers est plein d'allitérations : le son "s" qui évoque la note haute et filée sur
les "violes" interrompue par une brève dissonance qui la souligne la nasale "â "
accompagnant les nombreuses consonnes liquides "1" : musicalité extrême de ce vers :
"de blancs sanglots glissant sur l'azur des corolles".
Deuxième partie : Méditation amoureuse qui suit le premier baiser : sorte de
chaste songerie après cette "victoire".
Le v.
5 précise l'action dans le temps (le vers 10 la précisera dans l'espace).
c'est un très
jeune homme qui parle au vers 5; ce qui justifie l'épithète "béni".
Les quatre vers suivants évoquent l'atmosphère de mélancolie verlainienne et sont
parfaitement clairs, sans ambiguïté : cette mélancolie n'est pas due au regret ou à la
déception (V.
8), mais à quelque chose de bien plus vague : un parfum (V.
7), quelque
chose d'immatériel, d'indéfini : après la rencontre de l'être aimé, le jeune homme éprouve
en quelque sorte la nostalgie du moment qui précédait la rencontre.
Vers 6 et 7 : l'état d'âme du poète après la rencontre est bien évoquée ici : l'esprit occupé
par cette rencontre qui l'envahit tout entier: "S'énivrait savamment".
Le vers 7 est un beau
tétramètre nettement rythmé, avec la correspondance "parfum de tristesse" qui rapproche
un sentiment d'une sensation olfactive.
Les rimes féminines 7 et 8 contrastent avec la rime....
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