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Lorsque 1982 s'achève, la communauté financière internationale vient d'attribuer au Cameroun le label de "l'un des meilleurs risques-pays d'Afrique". La...

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« Lorsque 1982 s'achève, la communauté financière internationale vient d'attribuer au Cameroun le label de "l'un des meilleurs risques-pays d'Afrique".

La stabilité politique exceptionnelle et la gestion tranquille de l'économie de ce pays rassurent.

La production pétrolière (50 000 tonnes en 1977, 6 millions de tonnes en 1982) est venue donner un vigoureux coup de fouet au développement économique du pays, relégué au deuxième rang des préoccupations du pouvoir pendant près de quinze ans pour cause de "normalisation" politique du pays.

L'économie du Cameroun semble alors enfin véritablement lancée. C'est le moment que choisit le président de la République, M.

Ahmadou Ahidjo, à la tête du pays depuis vingt-quatre ans, pour se retirer. Depuis le 4 novembre 1982, date de cette démission, le centre de l'actualité camerounaise est de nouveau politique.

C'est que le processus de succession, amorcé en douceur, s'est subitement emballé trois mois plus tard, obligeant l'ensemble de la classe politique à concentrer l'essentiel de ses énergies à traiter ce qui ressemble de plus en plus à une crise de régime, au-delà d'une crise personnelle. Au cours des trois premiers mois de la succession, M.

Ahidjo avait en effet engagé tout le poids de son autorité pour renforcer celle de son successeur, tant dans le peuple qu'au sein du parti unique, l'Union nationale camerounaise.

Mais, très rapidement, des propos maladroits ou mal compris, des déclarations et des actes non concertés, auront rapidement raison de cette collaboration, et la crise éclate entre les deux chefs.

La tentative de réconciliation entreprise par le chef de l'État français, M.

Mitterrand, au cours de sa visite officielle au Cameroun les 20 et 21 juin 1983, tout comme celles, plus timides et désordonnées, engagées les mois suivants par divers émissaires (français, camerounais...) ne la règleront pas.

Le 22 août 1983, le président Biya annonce la découverte d'un "complot contre la sécurité de la République", réorganise la tête des forces armées, et renvoie du gouvernement le Premier ministre et le ministre des Armées, proche de l'ancien président.

L'identité des personnes appréhendées à cette occasion suggère la complicité de M.

Ahidjo.

Celui-ci, après avoir violemment réagi sur les ondes internationales contre cette accusation implicite, annonce le 27 août 1983 sa démission de la présidence de l'UNC. Fort du double effet d'amplification du soutien populaire qu'il reçoit, et du désaveu populaire de M.

Ahidjo à l'annonce de ce complot, M.

Biya va se faire élire triomphalement à la tête de l'UNC à l'issue du Congrès extraordinaire convoqué à cet effet le 14 septembre 1983.

Bien qu'ayant désormais entre les mains la totalité des pouvoirs, il organise le 14 janvier 1984 une élection présidentielle anticipée.

Seul candidat, il est élu, sans surprise, à 99,98%.

Puis, à l'issue du procès du complot qui se déroule du 23 au 28 février 1984, le tribunal militaire de Yaoundé condamne M.

Ahidjo, principal inculpé à mort par contumace.

Mais le président Biya commue la peine en "détention". Une économie dynamique Cette mesure de clémence est considérée par certains (dont ceux que l'on nomme déjà les "durs" du nouveau régime) comme une marque de faiblesse.

D'autres (les "modérés") estiment qu'autoriser le procès lui-même était déjà une opération politique maladroite.

Dans ce contexte extrêmement tendu, le 6 avril 1984, la Garde républicaine, appuyée par une petite fraction de militaires, gendarmes et policiers, tentait un coup de force.

Le pouvoir était sauvé par la réaction des forces armées restées loyales aux institutions.

Mais le sang avait beaucoup coulé.

On dénombrait, selon les sources, entre soixante-dix et plusieurs centaines de victimes militaires et civiles.

Le 16 mai 1984, quarante-six condamnations à mort et plusieurs dizaines de peines de prison étaient prononcées par le tribunal militaire de Yaoundé à l'issue du procès contre les auteurs du putsch. Ce climat de crise politique qui a sévi dans le pays depuis le début de 1983, associé à certaines mesures dites de rigueur prises par le gouvernement a eu deux conséquences principales sur le plan économique et social.

Tout d'abord, il a créé une appréhension chez de nombreux commerçants, qui ont stocké des marchandises, pénalisant ainsi l'ensemble des ménages: le pays a ainsi connu fin 1983 - début 1984 des pénuries d'huile, de sel, de sucre, de riz,.... »

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