Louis de Jaucourt, Encyclopédie, Article « Traite des nègres ». TRAITE DES NÈGRES (Commerce d’Afrique). 1. C'est l'achat des nègres...
Extrait du document
«
Louis de Jaucourt, Encyclopédie, Article « Traite des nègres ».
TRAITE DES NÈGRES (Commerce d’Afrique).
1.
C'est l'achat des nègres que font les Européens sur les côtes d'Afrique, pour
employer ces malheureux dans leurs colonies en qualité d'esclaves.
Cet achat de
nègres, pour les réduire en esclavage, est un négoce qui viole la religion, la morale,
les lois naturelles, et tous les droits de la nature humaine.
2.
Les nègres, dit un Anglais moderne plein de lumières et d'humanité, ne sont point
devenus esclaves par le droit de la guerre ; ils ne se dévouent pas non plus
volontairement eux-mêmes à la servitude, et par conséquent leurs enfants ne
naissent point esclaves.
Personne n'ignore qu’on les achète de leurs princes, qui
prétendent avoir droit de disposer de leur liberté, et que les négociants les font
transporter de la même manière que leurs autres marchandises, soit dans leurs
colonies, soit en Amérique où ils les exposent en vente.
3.
Si un commerce de ce genre peut être justifié par un principe de morale, il n'y a
point de crime, quelque atroce qu'il soit, qu'on ne puisse légitimer.
Les rois, les
princes, les magistrats ne sont point les propriétaires de leurs sujets, ils ne sont
donc pas en droit de disposer de leur liberté, et de les vendre pour esclaves.
4.
D'un autre côté, aucun homme n'a droit de les acheter ou de s'en rendre le
maître ; les hommes et leur liberté ne sont point un objet de commerce ; ils ne
peuvent être ni vendus, ni achetés, ni payés à aucun prix.
Il faut conclure de là
qu'un homme dont l'esclave prend la fuite, ne doit s'en prendre qu'à lui-même,
puisqu'il avait acquis à prix d'argent une marchandise illicite, et dont l'acquisition
lui était interdite par toutes les lois de l'humanité et de l'équité.
5.
Il n'y a donc pas un seul de ces infortunés que l'on prétend n'être que des esclaves,
qui n'ait droit d'être déclaré libre, puisqu'il n'a jamais perdu la liberté ; qu'il ne
pouvait pas la perdre ; et que son prince, son père, et qui que ce soit dans le monde
n'avait le pouvoir d'en disposer ; par conséquent la vente qui en a été faite est nulle
en elle-même : ce nègre ne se dépouille, et ne peut pas même se dépouiller jamais
de son droit naturel ; il le porte partout avec lui, et il peut exiger partout qu'on l'en
laisse jouir.
C'est donc une inhumanité manifeste de la part des juges de pays libres
où il est transporté, de ne pas l'affranchir à l'instant en le déclarant libre, puisque
c'est leur semblable, ayant une âme comme eux.
XVIIIe siècle : lutte des Lumières contre l’esclavage et la traite des Noirs.
NB : « nègre » ne doit pas être pris dans un sens raciste.
Ce terme est devenu péjoratif
vers la fin du XXe siècle.
N’oubliez pas que Senghor a inventé le concept de la
« négritude ».
(N’empêche que, dans le vocabulaire de tous les jours, d’une personne du XXIe siècle,
bannissez ce mot, c’est mieux !).
I- Un texte argumentatif :
A- Un article d’encyclopédie
NB : n’oubliez pas qu’il y avait encore la censure au XVIIIe siècle.
• Ce texte commence comme un article de dictionnaire : « C'est l'achat des nègres que
font les Européens sur les côtes d'Afrique, pour… » + titre noté en majuscules.....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓