Marcel Proust ou la Mémoire révélatrice 1871-1922 Le Narrateur La vie de Marcel Proust pourrait se confondre avec celle que...
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Marcel Proust
ou la Mémoire révélatrice
1871-1922
Le Narrateur
La vie de Marcel Proust pourrait se confondre avec celle
que le Narrateur, qui lui ressemble comme un frère,
remonte à rebours dans A la recherche du temps perdu :
c'est l'histoire d'un jeune homme de la bourgeoisie qui
avait vingt ans quand éclate l'affaire Dreyfus.
De 1890 à la
guerre, il comprend que certaines valeurs morales,
attachées au sentiment de la hiérarchie des classes
sociales, sont en train de se désagréger.
Il veut être le
témoin de cette évolution et se met à analyser et à relater
ce que sa mémoire a retenu du passé.
Après des études de Lettres et de Droit, Proust se
consacre exclusivement à la littérature.
Il s'exerce à des
genres très différents : l'essai (1908, Contre Sainte-Beuve)
qui conteste l'explication de l'œuvre par l'homme; le
roman (posthume, 1952, Jean Santeuil ); le conte (1896,
les Plaisirs et les jours); l'étude littéraire (1905-1908,
Pastiches et mélanges).
Ces essais, ces ébauches
s'effacent devant A la recherche du temps perdu, l'un des
monuments les plus considérables de l'histoire des
littératures.
Mémoire et sensation
A la recherche du temps perdu est une vaste somme
romanesque de sept volumes, publiés à partir de 1913.
Ils s'intitulent : Du côté de chez Swann (1913), qui
englobe Un amour de Swann, épisode parfois détaché de
l'ensemble; A l'ombre des jeunes filles en fleurs (1918); le
Côté de Guermantes (1920); Sodome et Gomorrhe
(1922); la Prisonnière (1923); Albertine disparue (1925);
le Temps retrouvé' (1927).
1.
Ces trois dernières publications sont posthumes.
Marcel
Proust a obtenu le prix Goncourt en 1919 pour A l'ombre des
jeunes filles en fleurs.
Le prix Goncourt est régulièrement décerné
depuis 1901.
L'unité de ce cycle réside dans la présence du
Narrateur et dans le retour des personnages.
C'est le
Narrateur qui, un jour, décidant de fixer sa vie fugitive par
l'œuvre littéraire, donne l'impulsion initiale.
Il laisse les
souvenirs surgir, relatant au fil des années 1880-191 o son
enfance, son adolescence, l'âge d'homme : « Il en est ainsi
de notre passé.
C'est peine perdue que nous cherchions
à l'évoquer, tous les efforts de notre intelligence sont
inutiles.
Il est caché hors de son domaine et de sa portée,
en quelque objet matériel (en la sensation que nous
donnerait cet objet matériel) que nous ne soupçonnons
pas.
Cet objet, il dépend du hasard que nous le
rencontrions avant de mourir, ou que nous ne le rencon
trions pas.
»
Ainsi, les sensations que la mémoire a emmagasi
nées à son insu suffisent-elles à ressusciter, avec le
passé, les faits qui les ont produites.
La saveur d'une
madeleine trempée dans du thé rappelle au Narrateur un
moment de son enfance, lorsqu'il avait éprouvé la même
sensation gustative.
Une petite phrase musicale de sonate
cristallise autour d'elle, de proche en proche, toutes les
circonstances qui autrefois avaient entouré cette percep
tion auditive.
A l'illumination succède alors l'analyse qui
s'efforce de reconstituer les événements dans leur
totalité : la sensibilité qui se souvient est capable de
substituer au passé réel un passé imaginaire.
Telle est la
méthode de Marcel Proust pour remonter le cours du
temps.
La foire aux vanités
Dans A la recherche du temps perdu, Proust est alors
conduit, de par sa propre expérience, à peindre l'affronte
ment de deux mondes en déclin.
D'un côté, la lignée
aristocratique des Guermantes, vieille noblesse de pro
vince; de l'autre, le petit monde des salons parisiens,
dilettantes et parvenus, bourgeoisie enrichie, parasites en
tous genres et marginaux à scandales.
La famille brillante et hautaine des Guermantes se
compose essentiellement du duc Basin de Guermantes,
qui a épousé sa cousine Oriane; de son frère, le baron de
Charlus; de leur neveu Robert, marquis de Saint-Loup.
Le clan des « gens du monde »....
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