Maroc (1990-1991) Jeu politique brouillé Les relations entre le pouvoir et l'opposition, tempérées par le consensus autour de la question...
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Maroc (1990-1991)
Jeu politique brouillé
Les relations entre le pouvoir et l'opposition, tempérées par le consensus
autour de la question du Sahara occidental - ex-Sahara espagnol récupéré par le
Maroc en 1975 et dont le Front Polisario a réclamé l'indépendance depuis cette
date -, ont connu certaines turbulences liées à la persistance de la crise
économique et sociale, et à la pression provoquée par la démocratisation de
nombreux pays, notamment en Afrique et en Europe de l'Est.
A plusieurs reprises,
les partis d'opposition ont manifesté leur souci de prendre du champ par rapport
aux initiatives politiques du régime et aux options économiques du gouvernement,
sans pour autant compromettre la défense de la marocanité du Sahara occidental.
Les quatre partis de l'opposition parlementaire, l'Istiqlal, l'USFP (Union
socialiste des forces populaires), le PPS (Parti du progrès et du socialisme) et
l'OADP (Organisation de l'action démocratique et populaire) ont même fait
alliance pour déposer en mai 1990, pour la deuxième fois dans l'histoire
parlementaire marocaine, une motion de censure contre la politique
"antipopulaire" et "anti-sociale" du gouvernement; sans succès, certes.
Sur le terrain des droits de l'homme, le régime s'est exposé à trop de critiques
pour que les partis d'opposition demeurent indifférents aux nombreuses atteintes
aux libertés et au malaise ambiant.
Une violente controverse a opposé, durant
tout le premier semestre 1990, le chef de l'État - le roi Hassan II - à Amnesty
International qui a dépêché une délégation et publié un rapport accablant,
notamment sur les pratiques de torture dont sont victimes certains prisonniers
d'opinion.
Les droits de l'homme à l'ordre du jour
Fidèle à sa stratégie de contrôle social et d'intégration politique, le roi a
cherché à réduire la contestation dans ce domaine en créant notamment, en mai
1990, un Conseil consultatif royal des droits de l'homme (CCDH), composé de
personnalités aux positions politiques diverses.
Ravivé par la publication en
France en 1990 de l'ouvrage critique de Gilles Perrault, Notre ami le roi, le
dossier des droits de l'homme a fini par compromettre les grandes manifestations
culturelles de L'Année du Maroc prévues à partir de l'automne 1990 en France et
dans le royaume; en contrepoint de la brouille politico-marocaine en 1990-1991,
le régime a orchestré une contre-offensive à la campagne "d'ingérence et
d'hostilité" sur le mode unitaire et national, à des fins légitimatoires.
L'annonce en juin 1991 de la publication en France par Abdelmoumem Diouri,
réfugié politique depuis 1971, de son troisième pamphlet, A qui appartient le
Maroc?, et son expulsion au Gabon, n'ont pas manqué d'illustrer à nouveau le
caractère singulier des relations franco-marocaines et de ternir quelque peu
l'image du royaume.
Cette tension, qui s'est développée sur un arrière-fond de violence sociale et
de désaveu idéologique pour son engagement aux côtés de la coalition
anti-irakienne dans la guerre du Golfe - consécutive à l'invasion du Koweït par
l'Irak le 2 août 1990 -, a très certainement pesé pour inciter le régime à une
plus grande flexibilité: les propositions du CCDH sur l'amélioration du sort des
détenus, la libération tant de fois repoussée de la famille du général Oufkir
(emprisonnée après la mort de ce deuxième personnage de l'État, le 16 août 1972,
suite à l'annonce d'un attentat perpétré contre Hassan II), les mesures
exceptionnelles d'amnistie de mars 1991 (pour 2 268 prisonniers de droit commun)
se sont inscrites dans ce contexte de libéralisation.
Sur le terrain social, les émeutes de décembre 1990 ont illustré la fragilité du
pouvoir.
Décidés à tester les capacités de réponse démocratique du régime, les
leaders syndicaux de la CDT (Confédération démocratique du travail) et de l'UGTM
(Union générale des travailleurs marocains) ont maintenu leur appel à la grève
générale le 14 décembre, en dépit de l'interdiction gouvernementale.
Ce
mouvement leur a en fait échappé pour céder la place à une émeute des jeunes et
des exclus qui a embrasé principalement Fès et touché d'autres villes (2 à 15
morts selon la MAP - Maghreb arabe presse, agence gouvernementale - contre 65
selon l'USFP).
Cette explosion a une fois de plus souligné les menaces de
rupture pesant sur cette société profondément inégalitaire.
Arrestations en
masse et procès en série ont suivi ces tragiques événements.
Devant la
mobilisation de l'Organisation marocaine des droits de l'homme (OMDH), certains
procès ont été reportés sine die, d'autres suspendus jusqu'aux travaux de la
commission d'enquête diligentée par le CCDH, le salaire minimum a été augmenté
de 15% et un "pacte de paix sociale" proposé.
Le Palais a également veillé à contrôler davantage la mouvance islamiste.
Le
principal mouvement, Al Adl....
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