Maroc (1995-1996) Le coup de pouce français La visite d'État en France du roi Hassan II les 6 et 7...
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Maroc (1995-1996)
Le coup de pouce français
La visite d'État en France du roi Hassan II les 6 et 7 mai 1996 - sa première
venue officielle depuis novembre 1985 - a marqué la fin d'une seconde "brouille"
entre l'ex-métropole et son ancien protectorat.
L'affaire Ben Barka l'enlèvement à Paris, le 29 octobre 1965, et la disparition du principal
opposant marocain - avait tenu le souverain chérifien éloigné de Paris jusqu'en
1976, bien après le retrait du général de Gaulle (1969) et le "suicide", en
1972, du général Mohammed Oufkir, l'ancien "numéro deux" du royaume qui avait
été au coeur de l'affaire Ben Barka puis d'une tentative de régicide.
Toutes
proportions gardées, la publication du livre Notre ami le roi de l'écrivain
Gilles Perrault, en 1990, a de la même façon fait éclater le scandale - touchant
cette fois-ci les violations des droits de l'homme au Maroc.
Au lendemain de la
chute du Mur de Berlin, sous la pression de son opinion publique, la France a
desserré ses liens avec l'allié "modéré" du temps de la "guerre froide".
Mais
cinq ans plus tard, face à la montée de l'islamisme en Afrique du Nord, il est
apparu urgent aux autorités françaises de mettre fin à la quarantaine frappant
le Commandeur des croyants, chef spirituel d'un islam "serein et tolérant",
selon les propos du président de l'Assemblée nationale français Philippe Séguin.
Pour une politique euro-méditerranéenne
Controversée, boycottée par le groupe parlementaire communiste et les trois
quarts des députés socialistes, la réception de Hassan II à l'Assemblée
nationale - un honneur qui n'avait jusque-là était fait qu'à Bill Clinton et au
roi Juan Carlos d'Espagne - devait symboliquement effacer le souvenir d'une
royale répression.
En accordant la parole à Hassan II, roi de droit divin, dans
le sanctuaire de la légitimité populaire, la droite revenue au pouvoir en France
a notifié sa volonté de renouer avec le trône alaouite.
D'autant qu'en matière
de droits de l'homme et de libertés publiques, le Maroc avait donné des gages: à
partir de 1991, les libérations successives de l'opposant marxiste Abraham
Serfaty, des vingt-huit survivants du bagne de Tazmamart et, également, après
dix-huit ans de détention au secret, de la "famille Oufkir" (l'épouse et les six
enfants du général félon, qui à l'été 1996, après bien des péripéties, ont
arraché le droit de quitter le pays) ont dépeuplé le "jardin secret" de Hassan
II.
Ce dernier a, par ailleurs, vidé ses prisons de la plupart des détenus
politiques en accordant, en juillet 1994, à 427 d'entre eux sa grâce royale.
Enfin, une nouvelle révision constitutionnelle a été prévue pour septembre 1996,
devant mettre fin à la désignation d'un tiers des députés par l'administration
et les corps de métier, grâce à l'introduction d'une seconde chambre qui leur
sera réservée.
Cependant, tout comme les libérations restent inachevées tant que
les victimes de l'arbitraire ne recouvrent pas leurs droits civiques (obtention
de passeports, indemnisations, recours en justice contre leurs
tortionnaires...), cette "ouverture" a semblé ne pas pouvoir aboutir à une vraie
démocratisation, tant que ne seraient pas organisées les élections "sincères et
transparentes" maintes fois promises.
Toutefois, aux yeux du président Jacques Chirac qui, en juillet 1995, avait
réservé sa première visite officielle de chef d'État au Maroc, les "avancées
significatives" du royaume chérifien contrastaient avec les violences marquant
l'Algérie, l'immobilisme de façade prévalant en Libye et le verrouillage
répressif frappant la Tunisie et l'Égypte.
Après la conclusion d'un traité
d'association avec la Tunisie, l'Union européenne (UE) a signé, le 16 novembre
1995, un accord de libre-échange avec le Maroc qui, ayant réglé ses contentieux
de pêche et d'exportation d'agrumes avec l'Europe, a fait le choix stratégique
de son ancrage.
Désormais, le plus occidental des pays nord-africains figure au
coeur de la nouvelle politique euro-méditerranéenne, lancée en novembre 1995 par
une conférence ministérielle à Barcelone.
En vue de la suppression de tous les droits d'entrée sur son marché national à
l'horizon de 2010, le Maroc s'est lancé, à partir de décembre 1995,....
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