Maroc (1998-1999) Disparition de Hassan II Pendant 38 ans son règne a été celui de l'arbitraire et du secret. Le...
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Maroc (1998-1999)
Disparition de Hassan II
Pendant 38 ans son règne a été celui de l'arbitraire et du secret.
Le
multipartisme, les constitutions successives et même l'"alternance" au
gouvernement n'ont été octroyés que de plus ou moins bonne grâce.
Car Hassan II
(décédé le 23 juillet 1999) a été le dernier monarque régnant de droit divin,
absolu.
Il a pu l'être pour des raisons historiques, mais aussi parce qu'il a su
composer avec un siècle épris de laïcité et de démocratie.
Son fils Mohammed VI
lui succède, mais ne le remplacera pas.
En 1998-1999, le Maroc a vécu l'an I de l'"alternance" gouvernementale voulue
par le roi Hassan II, qui a nommé le 4 février 1998 Premier ministre l'opposant
socialiste de toujours Abderrahmane Youssoufi, sans rupture traumatisante, mais
aussi sans réussite particulière, l'expérience servant à restructurer en douceur
"un champ de forces évolutif qui maintient la monarchie comme acteur central du
système politique" selon l'analyse du politologue français Rémy Leveau.
Survenue
au terme d'élections législatives entachées de fraudes en novembre 1997, qui
n'avaient apporté au "bloc démocratique" que 32 % des suffrages, la formation
d'un gouvernement autour de l'Union socialiste des forces populaires (USFP),
exclue de la gestion du pays depuis 1960, a suscité beaucoup d'espoir.
Cependant, au terme d'une année, aucune solution ne pointait encore pour
résoudre les problèmes de fond que sont la forte injustice sociale, le chômage
(frappant officiellement 19 % de la population active) et la déscolarisation en
milieu rural.
Cependant, leur prise en considération par un Premier ministre
continuant de jouir de la confiance de l'opinion nationale et internationale les
avait provisoirement "désamorcés".
Des méthodes difficiles à réformer
A.
Youssoufi, âgé de 75 ans, ne pouvait pas avoir les coudées franches.
Dirigeant un cabinet de 40 ministres, dont seulement neuf appartenant à l'USFP
et quatre - pour les "portefeuilles de souveraineté" (Intérieur, Affaires
étrangères, Justice et Affaires islamiques) - relevant du choix exclusif du roi,
lui-même en charge de la Défense, le chef du gouvernement devait négocier ses
prérogatives pied à pied.
Le premier anniversaire de sa nomination a été marqué
par la mutation de 71 hauts fonctionnaires.
Cette mesure, d'une portée avant
tout symbolique, ne visait toutefois qu'à effacer l'avanie infligée au Premier
ministre en septembre 1998, lors de la réaffectation des gouverneurs et préfets
des trente-sept provinces et deux wilayat - régions administratives - (Rabat et
Casablanca), opérée par le ministre de l'Intérieur, Driss Basri, inamovible à ce
poste depuis 1983 par la grâce du roi.
Homme fort du régime, D.
Basri a fait
réprimer, le 26 octobre 1998, une manifestation pacifique de diplômés au
chômage, au prix d'une centaine de blessés.
Début novembre, sans concertation
avec les ministres concernés, il a en revanche embauché dans la fonction
publique un demi-millier d'entre eux.
Le 15 février 1999, embarrassant de
nouveau le gouvernement, il a fait disperser par la police un cortège de
chômeurs non voyants...
"La symbolique du changement, d'accord, mais pas au-delà des 32 % obtenus aux
élections.
Il faut composer avec les autres forces", s'expliquait D.
Basri.
En
vertu de ce principe, les directeurs de la Radio-télévision marocaine (RTM)....
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