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Maroc (1999-2000) État de grâce Depuis la disparition du roi Hassan II, le 23 juillet 1999, le Maroc vit, selon...

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« Maroc (1999-2000) État de grâce Depuis la disparition du roi Hassan II, le 23 juillet 1999, le Maroc vit, selon l'historien français Benjamin Stora, "des retrouvailles de la parole et de la mémoire".

L'accession au trône de son fils Mohammed VI a marqué une rupture forte du temps dynastique, après un règne de trente-huit ans.

Elle a donné lieu à un état de grâce exceptionnel, d'autant que le nouveau monarque, né en 1963, est apparu en phase avec un pays dont 78 % des habitants ont moins de 38 ans. "Il n'est pas moi et je ne suis pas lui", avait dit feu Hassan II du prince héritier.

Celui-ci, sans renoncer à ses larges prérogatives constitutionnelles et au rôle de Commandeur des croyants qui font de lui un souverain de droit divin, a entrepris un aggiornamento si vaste de ce qu'avait édifié son père qu'il semble en désavouer des pans entiers.

Cependant, l'octroi de libertés ne transforme pas des "sujets" en citoyens.

À la différence de la démarche du roi Juan Carlos dans l'Espagne postfranquiste, Mohammed VI n'a pas d'emblée franchi le Rubicon de la démocratisation.

Son entreprise de rénovation, à bien des égards œdipienne, pourrait se limiter à une modernisation du makhzen, le pouvoir traditionnel, patrimonial et clientéliste, du "sultan" marocain. Les limites de l'ouverture Les premiers actes posés ont suscité l'euphorie.

Innovant dans le style, rompant avec la distance protocolaire et le rythme lent d'un monarque à la fin reclus dans son palais, Mohammed VI est visible, accessible et plein de sollicitude pour la masse des exclus, voire pour les victimes du long règne de son père. Surnommé le "roi des pauvres", il a mis en place, dès août 1999, une commission royale chargée de l'indemnisation des anciens prisonniers politiques et des familles de "disparus".

Le 30 septembre, il a autorisé le retour au Maroc d'Abraham Serfaty, l'irréductible opposant que Hassan II, après dix-huit ans de détention à Kénitra, avait fait expulser en 1991 vers la France.

À la mi-octobre, le nouveau roi a effectué une tournée des provinces du Nord et, notamment, du Rif, l'ancien foyer de révolte délaissé par la Couronne depuis la fin des années cinquante.

Comme d'autres déplacements du jeune monarque, ce voyage de "réparation historique" s'est accompagné d'une ferveur populaire inconnue depuis l'indépendance. Le geste le plus fort a été, le 9 novembre 1999, le limogeage du ministre de l'Intérieur Driss Basri, qui occupait ce poste depuis 1974 et qui était, de fait, le vrai chef de tous les gouvernements successifs, en qualité de "grand vizir" de Hassan II.

Au cœur d'une toile sécuritaire, il avait exercé une mainmise totale sur l'administration, à travers les gouverneurs de province dont une partie a été relevée de ses fonctions le 31 décembre 1999.

La Direction de la sûreté du territoire (DST, police politique) ayant également changé de dirigeant, avec la nomination à sa tête du colonel Hamidou Laânigri, tous les "services" sont passés sous le contrôle de militaires.

Mohammed VI s'appuie ainsi - outre sur ses anciens condisciples du Collège royal qu'il a placés à des postes stratégiques - principalement sur l'armée que son père avait éloignée du pouvoir à la suite de deux tentatives de putsch, en 1971 et 1972. Les conditions de cette "ouverture" en définissent les limites.

Les Forces armées royales (FAR), dont 200 000 soldats sanctuarisent en l'occupant le Sahara occidental que revendique également le Front Polisario (mouvement indépendantiste sahraoui), sont désormais le garant du Trône.

Aussi, quand le capitaine Mustapha Adib a dénoncé, en décembre 1999 dans les colonnes du quotidien français Le Monde, la corruption au sein de l'armée, a-t-il été condamné à cinq ans de prison par un tribunal militaire siégeant à huis clos. Tout aussi implacablement, l'activisme souverain de Mohammed VI et la démultiplication des commissions directement rattachées au Palais confinent le gouvernement et le Parlement dans l'immobilisme.

Nommé en février 1998 Premier ministre.... »

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