Maroc (2003-2004) Le spectre du terrorisme Le Maroc, perçu désormais comme l’autre royaume du terrorisme, aux côtés de l’Arabie saoudite,...
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Maroc (2003-2004)
Le spectre du terrorisme
Le Maroc, perçu désormais comme l’autre royaume du terrorisme, aux côtés de
l’Arabie saoudite, est entré de plain-pied dans le nouvel ordre international de
l’après-«11 septembre 2001», sur le plan intérieur avec les attentats de
Casablanca, le 16 mai 2003, et, sur le plan extérieur, avec ceux de Madrid, le
11 mars 2004.
Ces deux manifestations meurtrières – 45 morts dans la métropole
marocaine, 192 morts dans la capitale espagnole – ont révélé un terrorisme à la
fois international, lié au réseau terroriste Al-Qaeda d’Oussama Ben Laden, et
«filialisé», à travers des lambeaux de réseaux dotés d’une autonomie
opérationnelle.
Dans la nuit du vendredi 16 mai 2003, à Casablanca, cinq attaques-suicides quasi
simultanées contre des lieux publics ont fait voler en éclats l’image d’un
royaume réconciliant tradition et modernité sans fêlure identitaire, sous la
direction d’un Commandeur des croyants, à la fois chef de l’État et chef
spirituel – calife – descendant du prophète Mahomet.
À cette image, cultivée
durant le long règne du roi Hassan II (1961-1999), s’est superposée la réalité
d’un pays arabo-musulman fragilisé par l’écart grandissant entre une majorité de
ses habitants travaillés par l’islam politique et un régime privilégiant
l’alliance avec l’Occident.
«Puisque les gouvernants sont des mécréants, la
lutte est nécessaire», concluait un brûlot anonyme qui avait circulé à la veille
du 16 mai 2003 dans des mosquées de Casablanca, avant d’être publié par la
presse marocaine.
Progression du parti islamiste légal
Une semaine après ces attentats, le dimanche 25 mai 2003, des dizaines de
milliers de manifestants défilaient à Casablanca pour dire «non au terrorisme».
Les organisateurs de la marche avaient banni du cortège à la fois les partisans
du Parti de la justice et du développement (PJD), la formation islamiste légale,
et ceux de Justice et bienfaisance (Al-Adl wa Al-Ihssane), l’association
islamiste semi-clandestine du cheikh Abdessalam Yassine.
Officiellement, il
s’agissait d’éviter des affrontements entre «barbus» et «éradicateurs».
Mais les
journaux marocains ont invoqué aussi la peur des démocrates d’être submergés par
une foule islamiste.
En septembre 2002, aux élections législatives, le PJD, qui
avait pourtant «choisi» de présenter des candidats seulement dans la moitié des
circonscriptions, à la suite de tractations avec le palais royal, était passé de
14 à 42 sièges au Parlement, devenant la quatrième force politique du royaume.
Aux élections municipales du 12 septembre 2003, le PJD, tout en renouvelant son
«autorégulation», s’est imposé à la deuxième place, derrière le Parti de
l’Istiqlal (national conservateur) mais devant l’Union socialiste des forces
populaires (USFP).
À Casablanca, dans les huit arrondissements – sur seize – où
il se présentait, le parti islamiste est arrivé en tête.
En réaction aux attentats de Casablanca, le roi Mohammed VI a annoncé, le 29 mai
2003, «la fin de l’ère du laxisme», une lutte contre «l’obscurantisme» qui ne
devait pas faire dévier le Maroc de sa «marche vers la démocratie et la
modernité».
L’avant-veille, le Parlement avait définitivement adopté une loi
antiterroriste portant le délai de la garde à vue à douze jours, conférant à la
police de larges pouvoirs pour perquisitionner tout lieu de jour comme de nuit,
pour intercepter plus facilement le courrier et procéder à des écoutes
téléphoniques, ainsi que pour outrepasser le secret bancaire.
Après des rafles
dans des milieux islamistes, qui ont officiellement abouti à l’arrestation de
quelque 1 500 «activistes», plusieurs vagues de procès – en juillet, août et
septembre 2003 – se sont soldées....
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