Mécanisme et enjeux des réécritures L'essentiel du cours Même les livres les plus singuliers et les plus originaux entre tiennent...
Extrait du document
«
Mécanisme et enjeux
des réécritures
L'essentiel du cours
Même les livres les plus singuliers et les plus originaux entre
tiennent des liens étroits avec d'autres œuvres.
Ces rapports
d'intertextualité peuvent être variés.
S'inspirer
• L'écrivain peut avoir des modèles dont il s'inspirera plus
ou moins consciemment.
Dans Défense et Illustration de La
langue française, Du Bellay défend la conception d'un écrivain« imitant les meil
leurs auteurs grecs, se transformant en eux, les dévorant et après les avoir bien
digérés, les convertissant en sang et nourriture.
» C'est, au XVI"siècle, la théorie de
l'innutrition : !'écrivain s'inspire de grands modèles pour construire son œuvre.
• Il faut distinguer l'inspfration et l'innutntion du plagiat.
Si l'innutrition est une
réécriture active, une recréation, le plagiat n'est qu'une vulgaire copie, plus ou
moins bien masquée, consistant à réécrire une œuvre sans la renouveler.
La Fon
taine a par exemple réécrit les fables d'Ésope ou de Phèdre, mais il n'a pas plagié
ces auteurs : il a créé une œuvre nouvelle et singulière.
• De grands mythes peuvent également inspirer les écrivains.
Les mythes
d'Œdipe et d'Antigone rassemblent par exemple des écrivains de différentes
époques.
Durant !'Antiquité, Sophocle a notamment écrit trois tragédies impor
tantes : Œdipe, Antigone et Œdipe à Colone.
Au XV11° siècle, !'écrivain baroque Jean
de Rotrou écrit _sa propre version d'Antigone tandis que Corneille propose en 1659
une tragédie intitulée Œdipe.
Au xx" siècle, ces mythes sont encore bien vivants.
Jean Cocteau représente le personnage d'Œdipe dans La Machine infernale.
Jean
Anouilh rencontre également un grand succès avec sa pièce Antigone jouée pour
la première fois en 1944.
À nouveau, l'inspiration ne s'oppose pas à l'invention.
Pasticher
• L'imitation peut aller jusqu'au pastiche.
Cette relation d'intertextualité est
particulière puisqu'elle consiste à reproduire les caractéristiques du style d'un
auteur.
Il y a dans le pastiche une part de jeu littéraire, mais il peut également
s'agir d'un hommage.
Marcel Proust évoque ainsi, à propos de certains de ses
pastiches, une« critique laudative ».
Ainsi, dans Pastiches et Mélanges, il raconte
un même fait divers « à la manière de » différents auteurs comme Flaubert ou
Saint-Simon.
Le pastiche tient donc à la fois de l'analyse et de la création.
Pour
imiter le style de Flaubert, Proust a commencé par remarquer, par exemple, son
utilisation très originale de l'imparfait de l'indicatif.
Le pastiche nous rappelle
que toute réécriture commence par une lecture attentive.
• Certains auteurs, sans pasticher précisément d'autres écrivains, peuvent imiter
des caractéristiques stylistiques bien précises.
C'est le cas de Raymond Queneau
qui, dans ses Exercices de style, propose quatre-vingt-dix-neuf réécritures d'une
même histoire.
Il utilise alors les caractéristiques d'un genre(« Comédie»,« Son
net»),d'une figure....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓