Mexique (1987-1988) Une année charnière 1987, avant-dernière année de fonctions du président de la République Miguel de la Madrid, demeurera...
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Mexique (1987-1988)
Une année charnière
1987, avant-dernière année de fonctions du président de la République Miguel de
la Madrid, demeurera probablement l'année où les modèles politiques et
économiques qui régissaient le Mexique depuis cinquante ans auront vécu.
Au plan économique, les dix premiers mois s'étaient présentés sous les meilleurs
auspices.
Le gouvernement semblait enfin voir poindre les résultats de la
politique économique mise en oeuvre depuis 1982.
Celle-ci s'était caractérisée
par une application rigoureuse des recettes préconisées par le FMI: pressions
sur les salaires (près de 40% de baisse moyenne du pouvoir d'achat depuis le
début du sexennat), réduction du déficit budgétaire, réduction des subventions
aux produits et services de base (maïs, haricot, blé, lait, transports en
commun...), libre circulation des biens et des capitaux, etc.
Le programme de
privatisation d'entreprises publiques a été accéléré: il en restait un millier
au début de 1987, elles n'étaient plus que quatre cents en avril 1988.
De même,
le développement des maquiladoras (entreprises de sous-traitance), le long de la
frontière nord, a été impressionnant.
Investissements nord-américains, allemands
et japonais se sont multipliés, et les capitaux mexicains placés à l'étranger
ont commencé à revenir au Mexique.
L'activité de la bourse a connu en 1987 un développement spectaculaire.
Le 1er
septembre, lors de son traditionnel informe (message à la nation), le président
de la République a ainsi pu annoncer que l'on voyait la sortie du tunnel:
inflation décroissante, courbe positive de créations d'emplois dans le Nord,
réserves monétaires se chiffrant à 15 milliards de dollars, rééchelonnements de
la dette, conversion de certaines créances étrangères en prises de participation
dans l'industrie mexicaine (en particulier touristique)...
Un optimisme mesuré
pour l'avenir était donc permis.
Le "pacte de solidarité"
Le krach de Wall Street du 19 octobre, en entraînant celui de la bourse
mexicaine avec lui, a anéanti ces espoirs.
Tous les indicateurs économiques sont
repassés au rouge et le président a proposé, le 14 décembre, un plan de
redressement très rigoureux, baptisé "pacte de solidarité": dévaluation du peso,
hausse des prix des produits de base, nouvelle pression sur les salaires,
blocage des prix...
L'année s'est terminée avec 143% d'inflation, le plus
mauvais résultat depuis 1982.
L'administration avait pourtant fondé toute son action sur sa compétence
économique.
Cet échec ne l'a cependant pas incitée à changer de stratégie.
Bien
plus, le candidat désigné pour porter les couleurs du PRI (Parti révolutionnaire
institutionnel, au pouvoir depuis un demi-siècle) aux élections présidentielles
du 6 juillet 1988 était le jeune ministre des Finances en exercice, Carlos
Salinas de Gortari, formé à Harvard.
Il a été l'artisan de cette politique qui a
mis fin à plus d'un siècle de dirigisme économique et à des décennies d'un
certain type de populisme.
1987 est aussi l'année où, pour la première fois, un dignitaire du PRI,
Cuauthemoc Cardenas, a décidé de se présenter aux élections présidentielles
contre le candidat officiel.
Ancien gouverneur du Michoacan, fils du prestigieux
général Lazaro Cardenas (qui en 1938 avait nationalisé le pétrole et organisé la
réforme agraire), il avait demandé que le candidat aux prochaines élections fût
désigné par les militants au lieu de l'être comme de coutume par le président
sortant.
Ayant échoué dans sa tentative, il a décidé de se présenter sous les
couleurs d'une coalition de divers petits partis (Parti authentique de la
révolution mexicaine - PARM, Parti populaire socialiste - PPS, Parti socialiste
des travailleurs - PST).
L'écho recueilli par ses propositions de type
néopopuliste auprès des franges des classes moyennes et populaires les plus
touchées par l'austérité n'était pas sans inquiéter le candidat officiel, comme
ceux de l'opposition classique.
Salinas a affirmé que les élections ne seraient
pas truquées (l'adoption d'un nouveau code électoral rend la fraude très
difficile).
C.
Cardenas semblait en effet mordre sur tous les électorats: celui
du PRI, mais aussi celui du PAN (Parti d'action nationale), parti de droite qui
capitalisait traditionnellement les....
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