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Mexique (1989-1990) Les sirènes du Nord Dès sa prise de fonctions, le 1er décembre 1988, Carlos Salinas de Gortari avait...

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« Mexique (1989-1990) Les sirènes du Nord Dès sa prise de fonctions, le 1er décembre 1988, Carlos Salinas de Gortari avait su créer la surprise dans la plupart des domaines, bousculant nombre de tabous et de structures sur lesquels s'appuyait depuis un demi-siècle le régime le plus stable d'Amérique latine.

Certes, pour beaucoup de changements, l'impulsion avait été donnée par l'administration précédente, où il occupait le poste de ministre des Finances.

Mais l'accélération a été brutale, et les mutations enclenchées paraissent souvent irréversibles. C'est le cas tout d'abord de l'économie, dont l'ouverture, la dérégulation et l'intégration progressive au marché nord-américain ont été menées avec détermination.

D'importantes barrières douanières demeuraient malgré l'adhésion au GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) en 1986.

Elles ont été démantelées, et la plupart des réglementations tatillonnes qui freinaient l'activité économique ont été abolies.

La stratégie de retour à la confiance a porté ses fruits.

Les investissements nationaux ont fortement progressé (+10,7% en 1989) principalement dans les maquiladoras (sous-traitance) et dans les secteurs tournés vers l'exportation.

Le programme de privatisation a changé de dimension.

Après les quelque 800 (sur un total de 1 155) petites entreprises publiques retournées au privé sous l'administration De la Madrid (1982-1988), ce sont des fleurons du secteur étatique qui ont été concernés: téléphone, compagnies d'aviation, industrie hôtelière, une grande partie de la pétrochimie, autoroutes, la sidérurgie annoncée pour la fin de l'année 1990... Retour à la confiance économique Le capitalisme mexicain, hier surtout financier et spéculatif, devient industriel et expansif: CEMEX (ciment) et VITRO (verre) ont racheté des entreprises nord-américaines, devenant ainsi respectivement les quatrième et troisième producteurs mondiaux de leur secteur, PEMEX (pétrole) a acquis un réseau de distribution en Espagne...

La confiance des entrepreneurs mexicains semble donc être réelle, même si le retour des capitaux expatriés (estimés à 84 milliards de dollars, dont 3 seraient revenus) a été moins rapide qu'espéré. La plupart des grands indicateurs ont été en 1989 positifs: croissance de 2,5% (1,1% en 1988, 4% espérés en 1990), inflation maîtrisée (19,7% contre 51,7% en 1988, 159,2% en 1987), grâce surtout à la reconduction régulière du "pacte de solidarité économique" (gouvernement-patronat-syndicats) d'autocontrôle des prix et des salaires.

Seule la balance commerciale est restée préoccupante.

Après plusieurs années de solde largement positif, elle a été légèrement déficitaire (0,7 milliard de dollars), malgré la reprise des cours du pétrole et la croissance des exportations non pétrolières, insuffisantes cependant pour couvrir l'explosion des importations de biens de consommation.

Par ailleurs, la croissance rapide des importations agricoles a souligné la crise d'un secteur aux structures obsolètes, déficitaire depuis de nombreuses années, et que le pouvoir, par crainte des conséquences politiques, ne semblait pas vouloir aborder de front. Le gouvernement, régulièrement cité en exemple par le FMI et George Bush, espérait beaucoup du "plan Brady" pour alléger le poids de la dette.

Le Mexique fut le premier (juillet 1989) bénéficiaire de ce plan, et le premier déçu.

Il n'y a eu ni allégement significatif ni réouverture de crédits bancaires.

Tout s'est passé comme si la confiance externe, elle, n'était pas encore revenue.

En a témoigné la faiblesse des investissements étrangers, malgré la réglementation très libérale en vigueur depuis mai 1989.

Fin 1989, l'endettement externe n'avait que légèrement diminué (95,1 milliards de dollars contre 96,7 fin 1988). L'équipe Salinas semblait plus que jamais convaincue que la solution à ce problème, comme à celui d'une reprise durable de la croissance, passait par l'accélération du processus d'intégration du Mexique au grand marché de libre-échange nord-américain, avec qui sont réalisés plus des deux tiers des échanges commerciaux.

Tout au long de l'année 1989, une série d'accords produit par produit ont été signés, et, en mars 1990, des négociations se sont ouvertes à Washington pour élargir le cadre de ces accords. Subordination du politique à l'économique? Le changement majeur dans la politique extérieure mexicaine a été l'abandon du multilatéralisme qui l'avait.... »

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