Mexique (1991-1992) Un tournant irréversible On fera la perestroïka avant de faire la glasnost, avait annoncé le président Carlos Salinas...
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Mexique (1991-1992)
Un tournant irréversible
On fera la perestroïka avant de faire la glasnost, avait annoncé le président
Carlos Salinas de Gortari en prenant ses fonctions en décembre 1988.
Force est
de constater que ses succès économiques et sa détermination politique lui ont
permis de reconquérir une légitimité qui lui était fortement contestée.
L'année 1991 et le premier semestre 1992 ont été économiquement fastes.
Une
croissance de 3,6%, nettement supérieure aux prévisions et qui devrait se
maintenir; une inflation maîtrisée (18,8% en 1991 et 9,7% prévus en 1992), un
service de la dette ramené en 1991, après renégociation, de 10% à 6% du PIB, un
volume considérable d'investissements (25 milliards de dollars), des
privatisations rapportant près de trois fois plus (en particulier celles des
banques) que leur valeur escomptée...
tout a semblé sourire à la jeune équipe du
président.
Le choix de l'ouverture quasi totale des frontières, le désengagement
de l'État du secteur productif (280 entreprises publiques fin 1991 contre 1 156
en 1982), la réorientation de la production vers l'exportation, la résorption du
déficit budgétaire (1,3% en 1991, probablement nul en 1992) se sont finalement
révélés payants.
Quelques ombres néanmoins à ce tableau idyllique: le creusement inquiétant du
déficit de la balance commerciale (11,2 milliards de dollars en 1991) et une
trop grande part de capitaux spéculatifs (4,5 milliards seulement des
investissements correspondent à des placements directement productifs) ont
dénoté le maintien d'une certaine fragilité de l'économie.
Au plan politique, C.
Salinas a continué à donner des gages de volontarisme et
de modernité: réforme électorale accroissant les pouvoirs de l'opposition sur le
contrôle des scrutins; sanctions immédiates contre les policiers responsables
d'exactions (tortures, violences); élévation, en 1991, au rang constitutionnel
de la Commission des droits de l'homme créée en 1990; destitution et
incarcération des deux généraux compromis dans le trafic de drogues, etc.
Le régent de la ville de Mexico a par ailleurs continué à prendre des mesures
radicales de lutte contre la pollution de la ville: interdictions de circuler,
fermetures d'écoles certains jours, fermetures d'entreprises polluantes, etc.
Sur la scène diplomatique, enfin, C.
Salinas a maintenu une intense activité
"latino-américaine", accueillant en juillet 1991 à Guadalajara le premier sommet
ibéro-américain, définissant une politique énergétique commune au Groupe des
Trois (Colombie, Mexique, Vénézuela), participant activement au Groupe de Rio
(groupe de treize pays d'Amérique latine ayant établi des mécanismes de
consultation permanente).
Modernisations constitutionnelles
Les électeurs ont salué l'embellie économique et les succès politiques: aux
élections législatives d'août 1991, le parti du président (PRI - Parti
révolutionnaire institutionnel) a obtenu 61,4% des suffrages, contre 17,7% au
PAN (Parti d'action nationale, droite) et 8,26% à un PRD (Parti révolutionnaire
démocratique, gauche) dont l'effondrement a surpris.
Bien que l'opposition ait
dénoncé de nombreuses irrégularités, ce scrutin fut incontestablement plus
transparent que de coutume.
Signe des temps nouveaux: le président a contraint
trois gouverneurs (de San Luis Potosi, Guanajuato et Tabasco) à démissionner à
la suite des protestations devant les irrégularités ayant entaché leur élection.
Mais ces élections ont surtout donné à C.
Salinas une Chambre où le PRI (320
sièges sur 500), avec l'appui du PAN (89 sièges, le PRD n'en ayant que 41), a la
majorité des deux tiers requise pour réformer la Constitution.
Il pouvait dès
lors s'attaquer aux derniers "archaïsmes" constitutionnels s'opposant à la
"modernisation" dont il se veut l'artisan.
Le premier a été la modification, approuvée par les trois grands partis, de
l'article 130 de la Constitution, qui régissait les relations (ou plutôt
l'absence de relations) avec les Églises.
Celles-ci ont désormais la
personnalité juridique et peuvent exercer leur activité au grand jour (90% de la
population est catholique), les clercs retrouvent droit de vote et droit de
propriété.
L'État, enfin, a prévu, en 1992, de renouer des relations
diplomatiques avec le Vatican.
Le deuxième a été la modification du régime de l'ejido (article 27 de la
Constitution), qui organisait la possession communautaire des....
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