Mexique (1998-1999) Durcissement préélectoral du pouvoir Le Mexique a traversé en 1998 une phase de turbulence économique due à la...
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Mexique (1998-1999)
Durcissement préélectoral du pouvoir
Le Mexique a traversé en 1998 une phase de turbulence économique due à la chute
des prix du pétrole: la croissance du PIB a faibli (4,9 %), celle de l'emploi
s'est stabilisée, l'inflation a atteint 16,7 % et le déficit de la balance
commerciale s'est creusé.
L'adoption d'un budget d'austérité (qui s'est traduit
entre autres par une baisse de 37,5 % des dépenses pour l'enseignement
supérieur), le rétablissement du prix du pétrole à son niveau de 1997 et
l'obtention de crédits (27 milliards de dollars) émanant des institutions
internationales ont permis d'envisager un redressement de l'économie en 1999.
Cependant la crise bancaire s'est aggravée, malgré la conversion en dette
publique des passifs bancaires épongés par le Fobaproa (Fonds bancaire de
protection de l'épargne, organisme chargé de racheter les créances douteuses des
banques), transformé en IPAB (Institut de protection de l'épargne bancaire).
Ces
passifs devaient impliquer le paiement en 1999 d'intérêts équivalant à 2 % du
PIB.
Certes, l'audit exigé par le Parlement en échange de son accord aura permis
de déduire de cette somme tous les prêts bancaires douteux, mais le gouvernement
a limité l'accès des parlementaires aux informations qui auraient pu démontrer
l'appui privilégié dont bénéficie le parti officiel de la part de l'oligarchie
financière et sans doute des blanchisseurs d'argent de la drogue.
Malgré ce
renflouement, l'ouverture totale au capital étranger, et un nouveau plan de
restructuration des dettes des petits débiteurs, la crise bancaire a continué de
freiner la reprise.
En effet, le système bancaire ne finance plus
l'investissement et provoque une ponction annuelle sur le budget.
Par ailleurs,
la réforme fiscale, plus que jamais nécessaire du fait des fluctuations du prix
du pétrole, a été repoussée aux calendes par les députés.
Le nombre des pauvres est estimé à 50 millions, dont 26 millions dans la misère.
Le programme d'urgence Progresa couvre près de la moitié de ces derniers
(bourses scolaires aux enfants du primaire, aide alimentaire aux mères, soins
médicaux).
Cependant, ce programme ne compense pas la suppression des aides
alimentaires massives qui bénéficiaient à un grand nombre de familles
défavorisées, en particulier en ville.
En fait, les dépenses sociales ont
globalement diminué.
Ni guerre ni paix au Chiapas
Dans ce contexte, l'initiative présidentielle de privatisation du secteur de
l'électricité, vivement recommandée par la Banque mondiale, a provoqué un vaste
mouvement nationaliste (Front de défense de la nation) autour du syndicat des
électriciens, réussissant à faire reculer le président.
Au Chiapas, le dialogue de sourds entre le gouvernement et l' EZLN (Armée
zapatiste de libération nationale) s'est poursuivi, aucune des deux parties ne
voulant céder.
Cette situation a entraîné un pourrissement du tissu social, qui
s'est traduit par de fréquents conflits intra- et intercommunautaires, la montée
en force des groupes paramilitaires gouvernementaux et la militarisation
croissante des régions indiennes.
Assassinats de familles et expulsions de
sympathisants zapatistes par les neuf groupes paramilitaires existants se sont
poursuivis, grossissant le nombre de déplacés internes (14 000), tandis que
l'armée concentrait 20 % de ses effectifs dans cet État (30 000 à 40 000
soldats), multipliant les camps et les barrages, et que des étrangers solidaires
de l'EZLN étaient expulsés.
Face aux dangers de l'autonomisation des
paramilitaires, le gouverneur a fait promulguer une loi d'amnistie en échange de
la remise des armes.
Au plan politique local, le gouverneur a organisé personnellement la victoire du
PRI (Parti révolutionnaire institutionnel) aux élections municipales d'octobre.
D'autre part, le gouverneur a promulgué une loi de redécoupage municipal qui a
créé sept nouvelles communes dans la zone de conflit, afin d'affaiblir les
communes autonomes zapatistes, et une loi sur les droits indigènes qui réduit
ceux-ci au cadre de la communauté et ne reconnaît ni l'autonomie ni le
territoire des peuples indiens.
Cette stratégie a visé à rendre obsolètes les
accords de San Andrés (16 février 1996) relatifs à la culture et aux droits des
Indiens.
L' EZLN a organisé un référendum populaire pour légitimer l'initiative de loi de
la Cocopa (Commission parlementaire de concorde et de pacification) sur les
droits et la culture indigènes, préparé par une rencontre avec la société civile
au Chiapas en novembre.
Organisé le 21 mars par des brigades de jeunes dans plus
de mille communes des 32 États du pays, ce référendum a vu la participation de 2
500 000 personnes.
Les observateurs s'accordaient pour penser que les
négociations ne reprendraient pas avant le scrutin présidentiel de l'an 2002.
La répression des guérillas de l'ERP (Armée populaire révolutionnaire) et de
l'ERPI (Armée révolutionnaire du peuple insurgé) dans les États de Guerrero et
d'Oaxaca a par ailleurs porté de rudes coups à la direction de cette dernière.
Cette répression s'est accompagnée de la militarisation de zones indigènes et de
l'apparition d'un groupe paramilitaire.
Le fréquent recours à l'armée pour
réprimer les Indiens dans ces États et au Chiapas et l'arbitraire d'une justice
militaire inféodée à l'État-Major ont provoqué la première fracture qui aura
touché cette institution depuis 1952.
En a témoigné l'apparition publique en
décembre 1998 du Commando patriotique de conscientisation du peuple du colonel
Hildegardo Bacillo, inspiré de l'exemple de Hugo Chavez au Vénézuela, du
néo-zapatisme et de la lutte pour les droits de l'homme.
H.
Bacillo a été arrêté
six mois plus tard, ainsi que plusieurs officiers.
Préparatifs en vue de l'élection présidentielle
L'année 1999 a aussi été marquée par l'accélération des préparatifs en vue de
l'élection présidentielle de 2002.
Les scrutins provinciaux ont été un test non
seulement des tendances électorales mais aussi en matière de transparence du
scrutin.
En général, l'opposition a pu triompher là où son avantage électoral
était tel qu'il rendait la fraude politiquement coûteuse, et là où les deux
principux partis d'opposition, le PAN (Parti d'action nationale) et le PRD
(Parti de la révolution démocratique), se présentaient unis.
En 1998, le PRD l'a
emporté au Zacatecas, au Tlaxcala et en Basse-Californie du Sud.
Au Guerrero, il
a perdu pour une différence de voix de 1,9 % dans un contexte de fraude.
Le PRI
(Parti révolutionnaire institutionnel, au pouvoir depuis 1929) l'a aussi emporté
dans l'État d'Oaxaca (où le PRD et le PAN ont conquis cependant les principales
villes), au Sinaloa, au Tamaulipas et au Quintana Roo - avec les mêmes méthodes.
En revanche, au Veracruz, son candidat, fils de l'ancien président Miguel Aleman
Velasco, a obtenu une victoire sans taches du fait de la division du PRD, de
même que dans l'État d'Hidalgo.
Le PAN de son côté a progressé à Aguascalientes.
En 1999, l'opposition unie a gagné le Nayarit et contesté la victoire douteuse
du PRI dans l'État de Mexico, fief du "groupe d'Atlacomulco" des....
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