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Mobilité internationale des capitaux et croissance économique depuis la fin du x1x• siècle INTRODUCTION Accroche du sujet Les crises financières...

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« Mobilité internationale des capitaux et croissance économique depuis la fin du x1x• siècle INTRODUCTION Accroche du sujet Les crises financières asiatique et russe de 1997 et 1998 confortent les critiques récurrentes adressées au processus de libéralisation financière inter­ nationale.

Ces critiques ne sont pas nouvelles.

Les crises financières qui accompagnent la grande crise des années trente expliquent les politiques de restriction des mouvements de capitaux après la Seconde Guerre mondiale. Une forte mobilité des capitaux était alors considérée comme une source d'instabilité pour la croissance. Définition(s) et problématique Les mouvements internationaux de capitaux se développent dès le milieu du x1x• siècle à un moment où le capitalisme industriel de marché change de rythme d'accumulation.

Les investissements et les innovations nécessitent des financements importants et les capitaux ont tendance, spontanément, à traverser les frontières à la recherche d'une profitabilité supérieure.

Ces mouvements internationaux de capitaux prennent trois formes principales les investissements directs à l'étranger (IDE), les prêts à long terme et les investissements de portefeuille.

Il faut aussi tenir compte des mouvements de capitaux qui portent sur l'achat et la vente de devises, et, depuis les années soixante-dix, les «produits dérivés».

Les 1 800 milliards de dollars qui font actuellement des allers-retours quotidiens sur les marchés des changes corres­ pondent, pour l'essentiel, à des opérations de couverture et à des opérations spéculatives.

Ces gonflements périodiques des mouvements internationaux de capitaux ont suscité de nombreuses critiques. Annonce du plan À long terme, les mouvements internationaux de capitaux ont pourtant joué un rôle positif sur la croissance économique mondiale (I).

Ils représentent 1I1 aussi, à certaines période et pour certains États, une menace pour cette croissance (II).

C'est pourquoi la question de la régulation de ces mouvements de capitaux se pose de façon récurrente (III). 1 PARTIE J À long terme, les mouvements internationaux de capitaux jouent un rôle positif sur la croissance mondiale (A), conformément aux conclusions des analyses économiques libérales (B).

Ils permettent de répondre aux besoins des Etats, des firmes et des ménages (C). A.

À long terme, les mouvements internationaux de capitaux jouent un rôle positif sur la croissance mondiale. Depuis la fin du x1xe siècle, croissance économique et mouvements inter­ nationaux de capitaux sont liés.

Les mouvements de capitaux prennent des □ formes diverses : privées comme les IDE, les investissements de portefeuille, les prêts bancaires; ou publiques comme les prêts d'État à État, les prêts du FMI, les dons. Ainsi, le transfert d'une part de l'épargne anglaise, jusqu'à 7% du PIB en moyenne annuelle de 1905 à 1913, facilite le financement de l'industrialisation des pays «neufs».

L'épargne française finance les infrastructures ferroviaires de la Russie à la même époque.

Les capitaux américains évitent la crise de financement de l'économie allemande pendant les années vingt.

Le Plan Marshall facilite la reconstruction et la croissance de l'Europe, l'aide améri­ caine celle de l'Asie.

Pendant les Trente Glorieuses, les IDE américains en Europe permettent les transferts de technologie.

Enfin, aucun pays en développement actuellement, en dépit des crises financières, ne souhaite fermer ses frontières aux mouvements internationaux de capitaux. Le jugement de l'historien F.

Caron: «Ce fut l'un des miracles de l'éco­ nomie du xrxe siècle que d'avoir pu mettre au service de l'équipement du monde une telle masse de capitaux» peut être étendu au xxe siècle.

Certes, comme le montrent les études réalisées en 1980 par M.

Feldstein et C.

Horioka, les taux d'épargne nationaux et les taux d'investissement sont corrélés positi­ vement.

La majeure partie de l'investissement d'un État est financée par l'épargne intérieure.

Néanmoins, le rôle d'appoint, joué par l'épargne étran­ gère ou le crédit international, reste déterminant pour la croissance. B.

Les analyses économiques libérales mettent en évidence les relations positives entre croissance économique, financement extérieur et système financier interna­ tional (SFI). Les financements internationaux jouent un rôle compensatoire pour rééquilibrer les balances courantes des États.

Un déficit de la balance courante est compensé par une entrée de capitaux.

L'absence de contrôle des mouve­ ments internationaux de capitaux autorise des déficits courants plus impor­ tants.

Pendant les «Trente glorieuses», les restrictions aux mouvements de capitaux ont, d'ailleurs, limité les déficits courants à 1 % du PIB en moyenne pour les pays développés.

La libéralisation intervenue à partir des années soixante-dix permet des déséquilibres courants plus importants.

Cette possi­ bilité pour un pays de «dépenser» plus que ne lui permet la richesse produite peut être, sous certaines conditions, favorable à la croissance.

Si les flux finan­ ciers extérieurs financent des investissements, le surplus de croissance engendré par ces investissements doit permettre d'autofinancer la croissance future et de rembourser la charge de la dette. Les économistes, notamment les économistes libéraux, insistent aussi sur les effets positifs attendus d'un vaste marché international des capitaux.

Ce marché, ouvert et profond, peut améliorer l'efficience des marchés financiers grâce à une circulation plus efficace de l'information.

Plus les marchés sont efficients, plus seront réduites l'instabilité et l'incertitude.

Les prix des titres échangés sur les marchés financiers internationaux correspondent alors aux performances économiques réelles des agents et aux préférences des épargnants qui ont ainsi la possibilité de diversifier leurs risques.

On peut aussi espérer une meilleure allocation de l'épargne au niveau international et un meilleur contrôle de l'utilisation de cette épargne. Les stratégies des banques sont une dimension fondamentale des circuits internationaux de capitaux.

Les banques transforment l'épargne à court terme en financement à long terme et créent de la monnaie scripturale.

Les écono­ mies qui ne disposent pas de systèmes bancaires performants peuvent profiter de ces services en recourant aux banques multinationales.

Le marché des eurodollars, qui naît à la fin des années cinquante, a joué un rôle positif pour la croissance mondiale en facilitant le recyclage de capitaux, en particulier des pétrodollars. C.

Les enseignements de la théorie économique sont confirmés par les stratégies des acteurs. Les États ont recours aux financements internationaux.

L'exemple des États-Unis à partir de la fin des années soixante-dix est significatif.

Le creuse­ ment du déficit budgétaire américain est financé par un large recours à ' l'épargne internationale.

Le recours à l'épargne extérieure est aussi favorable à la croissance de certaines économies émergentes. Les firmes se sont multinationalisées, sinon globalisées.

On peut admettre que ces processus ont des effets positifs sur la croissance économique mondiétle: économies d'échelle, financement des innovations.

L'internationalisation du système productif nécessite un financement lui-même internationalisé pour mettre en concurrence les intermédiaires financiers. Les déséquilibres démographiques à l'échelle du monde, le vieillissement accéléré des pays développés et le vieillissement plus lent des PED, ont des conséquences sur la formation de l'épargne mondiale.

Les ménages des pays riches disposent de plus d'épargne et cherchent à rentabiliser cette épargne. , La mise en place d'un SFI peut amortir ces chocs démographiques en créant les conditions d'une allocation plus rentable et plus diversifiée de l'épargne des pays riches. PARTIE Il Pourtant, les périodes de crises et de ralentissement de la croissance écono­ mique sont précédées par une accélération des mouvements internationaux de capitaux (A).

La sphère financière peut se déconnecter de la sphère réelle (B), ce qui remet en cause le rôle positif des mouvements internationaux de capitaux sur la croissance économique (C). □ A.

Les cercles vertueux entre financements internationaux et croissance écono­ miques ne doivent pas occulter les situations historiques de dysfonctionnements. , La liberté des mouvements internationaux, en l'absence de règles, se révèle ' source de diffusion et d'accélération des crises économiques.

Plusieurs exemples illustrent les effets négatifs sur la croissance des mouvements de :, capitaux.

Les années vingt se caractérisent par une libre circulation interna­ tionale des capitaux et l'absence d'un État capable d'assumer la régulation internationale des flux monétaires et financiers.

La mobilité des capitaux américains permet bien d'éviter des crises de financement mais les conditions de transformation de ces capitaux, placés à court terme, sont telles qu'elles créent aussi les conditions de la diffusion internationale d'une crise du crédit et de liquidité.

Le même scénario apparaît en 1994 au Mexique et en 1997 en Asie.

Les retraits brutaux des capitaux, placés à court terme, provoquent des crises de crédit qui ne permettent pas aux économies de bénéficier des mécanismes de rééquilibrage entraînés par la dépréciation des monnaies. Les situations de «surendettement» sont nombreuses depuis deux siècles: à la fin du x1xe siècle, l'Égypte, l'Empire Ottoman, la Tunisie; pendant les années trente, certains pays d'Amérique latine; pendant les années quatrevingt, le Mexique; depuis les années soixante-dix, les PMA.

Dans ces situations, les économies nationales sont obligées de continuer à s'endetter pour payer leurs dettes antérieures.

Ces situations débouchent sur des dépendances de toutes natures et les programmes d'ajustement structurel (PAS) programmés par le FMI ont été largement critiqués même si certains résultats positifs en termes de croissance ont été obtenus. Ces situations sont précédées par des périodes d'accélération des mouvements internationaux de capitaux : mouvements spéculatifs de capitaux, dans les années vingt, entre Paris, Londres et New York; prêts à court terme massifs, dans les années quatre-vingt-dix, dans les pays asiatiques dont les marchés financiers viennent d'être libéralisés. □ B.

La sphère financière peut se déconnecter de la sphère réelle. Plusieurs indicateurs permettent d'apprécier ce décalage entre la sphère financière et la sphère réelle.

Sur la période 1980-1995, la croissance économique des pays de l'OCDE est divisée par deux par rapport aux «Trente Glorieuses».

Le chômage de masse et la précarisation des emplois se répandent.

La valeur des actifs financiers sur les principaux marchés financiers est, elle, multipliée par 8 et celle des transactions de changes par 20. Cette déconnexion s'explique par les transformations des stratégies des acteurs.

Les agents financiers multiplient les innovations financières, comme les produits dérivés.

Ces innovations sont, entre autres, destinées à perpétuer les financements des opérations internationales productives en présence de flottement des taux de change et de déréglementation des marchés financiers nationaux.

Les risques d'illiquidité ne disparaissent pas mais deviennent plus diffus.

Les faillites et les scandales financiers se multiplient.

De plus, les stratégies des firmes se financiarisent.

Le gonflement de la sphère financière multiplie les occasions de profits et contraste alors.... »

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