Devoir de Philosophie

Mozambique 1994-1995 Premières élections libres Une nouvelle période de l'histoire du pays s'est ouverte. A la suite des élections législatives...

Extrait du document

« Mozambique 1994-1995 Premières élections libres Une nouvelle période de l'histoire du pays s'est ouverte.

A la suite des élections législatives et présidentielles des 27-29 octobre 1994, le président Joaquim Chissano a nommé, le 16 décembre 1994, le premier gouvernement issu du suffrage universel.

La tenue d'élections "libres et justes" dans un pays déchiré par une guerre civile commencée en 1977 est apparue comme un succès pour l'ONU qui avait mis en place en décembre 1992 l'Onumoz (Opération des Nations unies pour le Mozambique) après l'échec de ses missions en Somalie, au Rwanda et en Angola. L'"accord général de paix", signé par le Frelimo (Front de libération du Mozambique, ex-parti unique au pouvoir à partir de 1975) et la Renamo (Résistance nationale du Mozambique), à Rome, le 4 octobre 1992, a ainsi été respecté.

Forte d'un effectif de huit mille civils et militaires, chargés d'un contrôle réel du processus électoral, l'Onumoz a réussi, sous la houlette d'Aldo Ajello, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, à devenir un véritable acteur politique sur la scène mozambicaine. Issue en 1977 d'un groupe militaire soutenu par les régimes raciaux de Rhodésie du Sud (actuel Zimbabwé) et d'Afrique du Sud, la Renamo avait réussi à s'immiscer dans la crise que la politique de développement technocratique accéléré du Frelimo avait provoquée.

Ce faisant, elle devint, malgré ses violences, porteuse des aspirations de segments de population marginalisés par l'État moderne: ethnies sous-représentées, jeunes chassés des villes par l'"opération production" en 1983, chefs traditionnels humiliés, religieux réprimés, ruraux mécontents face à la villagisation contrainte et à une politique des prix favorable à la ville, victimes des camps de rééducation.

Un désir de dissidence existait, insuffisant toutefois pour produire une révolte populaire.

L'introduction d'une guérilla venue de l'extérieur militarisa ce désir et unifia des ressentiments au départ fort divers, voire antagoniques. S'appuyant sur ce mécontentement, la Renamo, corps social formé de combattants pour partie enrôlés de force à des âges de plus en plus bas, devenait peu à peu une organisation aux buts politiques. Au moment du cessez-le-feu, elle contrôlait totalement environ 20% du territoire et agissait bien au-delà, mais avait déjà obtenu satisfaction sur l'essentiel: pluralisme, libéralisme économique.

La chute de l'apartheid en Afrique du Sud rendait par ailleurs le contexte international plus difficile pour ce mouvement. Pourtant, après 1992, elle réussit à être active politiquement dans des zones qu'elle n'avait jamais contrôlées militairement.

L'intelligence de la situation que manifesta sa direction et la décomposition rapide et profonde de sa structure militaire achevèrent de la "démilitariser".

Au moment où s'ouvrit la campagne électorale, l'écrasante majorité des adhérents et cadres de la Renamo étaient des civils. Il est à noter que le fort sentiment anti-urbain qu'exprimait la Renamo durant la guerre n'a pas empêché des cadres citadins de la rejoindre. Le nouvel équilibre politique Malgré des dissensions en son sein, le Frelimo souhaitait la paix.

Comme la Renamo, il dut faire face, courant 1994, à d'incessantes émeutes de ses soldats voulant être démobilisés.

A la tête d'un État pratiquement détruit par la guerre, par la politique d'ajustement structurel et par l'arrivée d'une nuée d'ONG (organisations non gouvernementales), le dépouillant d'une partie de ses fonctions, le Frelimo avait besoin d'élections assurant sa légitimité internationale.

Mais il n'était pas prêt pour autant à partager le pouvoir.

De 1990 (fin du parti unique) aux élections de 1994, il maintint inchangé un gouvernement sans prestige, ne fit aucun effort d'ouverture ethnique, garda totale la fusion du parti et de l'État - tandis que l'élite politique s'adonnait de plus en plus à l'affairisme.

N'ayant pas connu de corruption jusque vers 1988, le Mozambique est devenu le terrain de très importants trafics mafieux. Le Frelimo a abordé la période électorale avec des moyens très supérieurs à ceux de ses rivaux et sans concevoir la possibilité de perdre.

Mais son immobilisme politique a beaucoup aidé la Renamo à sauvegarder.... »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓