Neurosciences Les recherches sur le comportement humain se sont, depuis une trentaine d'années, raccordées à quelques spécialités proches, mais aussi...
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«
Neurosciences
Les recherches sur le comportement humain se
sont, depuis une trentaine d'années, raccordées à
quelques spécialités proches, mais aussi à des disci
plines auparavant · assez éloignées.
Les neuro
sciences, en pleine expansion, se sont fédérées à
d'autres approches au sein d'une entreprise pluridis
ciplinaire, la science cognitive.
Ce sont les travaux
sur /'intelligence artificielle qui sont à l'origine de ce
regroupement.
Soupçonnées parfois de faire preuve
d'un certain impérialisme par des spécialistes de dis
ciplines appartenant à la même nébuleuse et qui crai
gnent d'être absorbés, les sciences cognitives sont
dans une phase de développement rapide.
Les neurosciences (ou neurobiologie dans son acception
anglaise, selon J.F.
Le Ny) constituent l'une des composantes
des sciences cognitives (ou de la cognition).
Si la réunion des
différents éléments de cet ensemble est nouveau, la plupart
d'entre eux ont une existence relativement ancienne.
Les
recherches sur l'intelligence artificielle (voir art.
12) ont
amené, au début des années 70, l'établissement d'intercon
nexions entre des spécialités qui, tout en ne s'ignorant pas
complètement, n'entretenaient auparavant que des rapports épi
sodiques.
Nous en sommes maintenant au stade d'un travail
pluridisciplinaire, auquel les grands organismes de recherche
portent un intérêt grandissant.
L'existence du programme
Cognisciences du C.N.R.S., par exemple, montre qu'il s'agit
d'une question d'actualité.
Que sont les sciences cognitives?
Le mot cognition n'est pas une création du XX0 siècle.
Le
Robert spécifie qu'il est synonyme de connaissance en philo
sophie et que le français l'a emprunté au latin au XIVe siècle.
Son utilisation fréquente par les scientifiques est cependant
récente.
Un numéro spécial du Courrier du C.N.R.S.
est consacré tout
entier aux sciences cognitives.
Le directeur du programme susmentionné, préfaçant la revue, constate que :
« les
questions abordées ont trait de quelque manière aux
processus de codage, de traitement ou de transfert
d'informations, tels qu'ils sont réalisés par le cerveau ou
par l'ordinateur.»
Les domaines concernés sont l'étude du langage, celle du raisonnement, de la perception, de la mémoire, de l'apprentissage,
etc.
L'intelligence artificielle· est impliquée, de même que la
psychologie de la connaissance, que la didactique, que les
interactions homme-machine, que la neurobiologie, etc.
F.
J.
Valera résume cela dans un tableau qui représente les différentes disciplines participant aux Sciences et Technologies de
la Cognition (S.T.C.):
Intelligence artificielle
1
.
Neurosciences----- S.T.C.
- - - - - Linguistique
Psychologie cognitive /
~
Épistémologie
Dans chacun de ces domaines, comme le fait remarquer le préfacier de la revue, «plusieurs discours se côtoient».
Les différences peuvent venir de la formation des chercheurs (un
psychologue, par exemple, n'abordera pas le fonctionnement
du cerveau de la même manière qu'un neurophysiologiste).
Leur origine peut être de nature idéologique ...
Mais le projet
global des sciences cognitives est, dans tous ces secteurs et
avec toutes ces approches, de «Jaire prévaloir une démarche
unificatrice», d'essayer de:
« •• • créer des langages .9ui puissent décrire avec une
pertinence convenable le fonctionnement du cerveau, les
opérations mentales et celles réalisées par des machines
construites par l'homme...
»
Le projet est, de toute évidence, « ....
d'une difficulté redoutable» (A.
Holley).
Signification de quelques expressions du vocabulaire
des sciences cognitives
• Le mot apprentissage est utilisé ici dans un sens plus large
que dans le langage courant.
Il s'applique aussi à des notions et
des démarches plus abstraites que celles que l'on considère
habituellement.
D{!wenant «apprenti», un jeune est embauché
par exemple par un menuisier.
Il le regarde travailler, accomplit
d'abord quelques tâches simples, puis des travaux plus compliqués en imitant son maître.
Celui-ci lui apprend progressivement ses «trucs», ses tours de main, jusqu'à ce qu'il soit aussi
habile que lui pour concevoir et réaliser un meuble et tout objet
en bois.
L'apprentissage, dans les sciences cognitives, est
relatif au mode d'acquisition et de construction d'un savoir
(lequel peut, d'ailleurs, s'accompagner d'un savoir-faire).
L'apprentissage d'une langue, par exemple, commence par la
compréhension de quelques mots que l'on est capable de
mettre en relation avec les objets (ou les idées) qu'ils représentent.
L'intéressé apprend ensuite à les prononcer, à les associer
pour construire des phrases, etc.
• La didactique (il serait plus correct de parler des didactiques)
est une spécialité qui s'est édifiée depuis une vingtaine
d'années.
Le mot existait auparavant (apparition en français en
1554, dérivé du grec didaskein: enseigner).
Dire, par exemple,
«Un tel tient un discours didactique», signifiait qu'il parlait clairement (et même un peu schématiquement, à la limite).
Ce
champ d'étude s'est surtout constitué, en France, à la suite des
problèmes posés par la réforme dite des maths modernes.
La didactique étudie un (ou des) concept(s), les difficultés que
les élèves ont à les comprendre (éventuellement à différents
niveaux), les raisons d'être de ces difficultés (qui peuvent varier
d'un individu à l'autre, mais aussi d'un milieu social à un autre),
les manières de vaincre ces difficultés pour que l'élève réussisse l'apprentissage de ce (ou de ces) concepts, etc.
Contrairement à la pédagogie qui s'intéresse surtout aux
maniè.res les plus aptes à faire passer un message dans une
classe, la didactique est directement liée à une discipline.
Les problèmes posés par l'apprentissage d'une langue ne sont
pas identiques à ceux que l'on rencontre dans le cours de
l'apprentissage des sciences physiques.
• La psychologie cognitive se consacre à l'étude de l'esprit, de
-·fa pensée d'un être quand celui-ci apprend, se construit une
connaissance (à la différence de la partie de la psychologie qui
s'intéresse plutôt aux émotions, à l'affectivité, etc.).
Le psychologue cognitiviste aborde donc, grâce aux concepts et aux
méthodes de la psychologie, les perceptions, les représentations, la mémoire, les langages, etc., domaines que d'autres
spécialistes étudieront avec d'autres outils.
La manière dont nos idées se forment est fonction des mécanismes du cerveau et du système nerveux, une fois les informations reçues.
En amont du processus, le mode de perception
intervient.
La réaction (physiologique, org~nique ...
) dépend du
contexte social, et notamment des informations que nous
avons, auparavant, «mises en mémoire».
Les techniques de
saisie, de codage des données jouent, et ce à tous les niveaux :
perception, compréhension et interprétation; mise en mémoire;
utilisation et restitution ultérieure, sous de multiples formes.
Nous nous situons cette fois en aval du processus.
Il se produit
parfois une «action en retour» (feed-back) sur le début de
l'opération et par conséquent, après coup, sur l'ensemble du
processus.
Le langage articulé, par exemple, participe à la fois
à la perception d'une information, à sa compréhension, à son
stockage, à l'élaboration de nouvelles connaissances susceptibles de modifier dans certains cas l'information initiale (et
donc ultérieurement l'ensemble du processus).
Il serait correct d'assimiler aussi la science cognitive à la
théorie de la connaissance (sujet abordé depuis près de 2 500
ans par la philosophie), traitée aujourd'hui grâce à tous les
apports des sciences et des technologies contemporaines et non
plus de manière essentiellement spéculative.
En plus des matières clairement identifiées ci-dessus et qui
constituent l'ossature des sciences cognitives, d'autres spécialités sont également susceptibles d'intervenir.
Par exemple, cer.tains aspects de la physique, telle la connaissance des verres de
spin.
qui a permis de mieux comprendre les réseaux de neurones.
Par exemple, certains outils mathématiques (la théorie
des probabilités ou celle des systèmes dynamiques) utilisables
dans le cadre de la théorie de tel ou tel système cognitif.
On en
arrive ainsi à une physique mathématique de la cognition, que
le mathématicien et le physicien développent en s'associant à
des spécialistes du cerveau.
De l'étude du cerveau et du système nerveux
central à l'imitation de leur fonctionnement
Le vieux rêve de l'humanité - fabriquer des machines imitant le comportement de l'être humain et capables de le rem-
Les « réseaux de neurones»
Le mot neurone lui-même (en fait l'expression correcte est
neurone forme~ montre que le dispositif est apparu dans le
cadre du projet d'« intelligence artificielle,, et qu'il a été pour
partie inspiré par l'imitation du fonctionnement du cerveau
humain.
La définition de l'objet précise qu'il s'agit d'un automate
(d'un dispositif automatisé, si l'on veut) qui, recevant plusieurs
«signaux» à l'entrée, est capable d'en faire la somme (ou de
les traiter), en prenant en compte les caractéristiques de chacun de ces signaux, pour donner un signal de sortie qui est la
è résultante des opérations effectuées.
Schématisation d'un neurone formel
Les neurones formels sont associés en réseaux, la structure et
les composants du réseau étant calculés de manière à "imiter
quelques-unes des fonctions du cerveau humain en reproduisant certaines de ses structures de base» (voir p.
221).
L'un des premiers exemples de réseau de neurones est le
perceptron (Rosenblat, 1965).
Parmi ses utilisations possibles figure l'analyse d'images, à partir des réactions d'une
couche de petites cellules constituant une rétine artificielle.
Cellules
d'association
Représentation schématique d'un perceptron
utilisé en analyse d'image.
La cellule de décision répond par O ou par 1.
Supposons
qu'on lui ait appris à reconnaître la lettre A, en sachant que
le A, qui apparaîtra sur la rétine, sera un A «physique",
peut-être un peu flou ou perturbé, etc.
Malgré cela, si ce A
s'affiche sur la rétine, le réseau le reconnaît et la cellule de
décision répond par 1.
Si un autre dessin s'affiche sur la rétine, la cellule répond
par zéro.
-
placer - est évoqué art.
12.
Cela va des mécanismes de Dédale
aux robots actuels, en passant par les automates de Vaucanson
et les produits de la littérature mêlant science-fiction et fantastique (Frankenstein, le Golem ...
).
Dédale
Ingénieur et architecte grec légendaire, qui aurait fait les
plans du Labyrinthe pour le roi Minos de Crète (XVl8-)(Ve
siècle av.
J.-C.), Dédale aurait également fabriqué des
machines perfectionnées, des automates ...
Vaucanson
Jacques de Vaucanson (1709-1782), ingerneur français
célèbre pour les automates qu'il réalisa (le joueur de flûte; le
canard qui lissait ses plumes, nageait, mangeait et digérait ...
).
Il inventa aussi (avant Jacquard) un métier à cartes
perforées à tisser la soie, mais qui ne fut pas utilisé.
Une
grande partie de sa collection d'automates est exposée au
Conservatoire national des Arts et Métiers.
Frankenstein, le Golem
Frankenstein ou le Prométhée moderne, roman de Mary
Shelley (1818) où le docteur Frankenstein fabrique, en utilisant divers fragments de cadavres, un monstre auquel une
décharge électrique donne la vie (voir art.
12).
Le Golem est une sorte de robot, qui figure dans la tradition
juive ancienne.
Une légende, relative à un golem qu'aurait
fabriqué au xv1e siècle un rabbin de Prague, Rabbi Loew,
figure dans le folklore traditionnel tchèque.
Les interrogations, les hypothèses sur l'esprit, la formation des
idées et leur évolution, sont aussi anciennes que la philosophie.
La connaissance scientifique de l'anatomie et de la physiologie
humaines n'est vraiment édifiée qu'au XVII 0 siècle (même si
les savoirs d'Hippocrate et des médecins arabes du Moyen Age
n'étaient pas négligeables).
Celle du cerveau se....
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