N'exprime-t-on que ce dont on a conscience ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - La relation suppos...
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N'exprime-t-on que ce dont on a conscience ?
COUP DE POUCE
■ Analyse du sujet
- La relation supposée entre « conscience » et « expression » impli
querait que toute expression soit intégralement contrôlée.
- Il s'agit en conséquence de s'interroger sur l'existence d'éléments
qui peuvent échapper à notre contrôle lorsque nous nous exprimons
outre ce qui peut être dû à l'existence de l'inconscient, on devra tenir
compte de ce qui, dans nos moyens d'expression (le vocabulaire notam
ment), peut dépasser notre clairvoyance.
- L'analyse de la complexité de l'expression dans le langage peut légi
timement être prolongée par celle des arts du langage (littérature, poésie),
ou de l'art en général, si l'on affirme que èe dernier est un moyen d'ex
pression.
■ Pièges à éviter
- Ne pas se lancer dans un exposé complet des théories psychanaly
tiques : on n'en retiendra que ce qui concerne les façons dont 1' expression
réelle peut excéder notre intention consciente.
- Ne pas mélanger les domaines où peut se manifester du non
conscient : ce dernier peut relever de l'individuel ou du collectif, et il
convient de distinguer au moins ces deux aspects.
- Si l'on veut évoquer la polysémie des œuvres d'art, on prendra garde
de ne pas y consacrer la totalité de la copie, ce qui reviendrait à traiter un
sujet différent.
CORRIGÉ
[Introduction]
Lorsque je parle, il semble normal que je prétende maîtriser ce que je
dis, et les effets que ce que je dis peut provoquer chez mon interlocuteur.
Cependant, il arrive fréquemment que je sois surpris par les réactions de
ce dernier, qui semble saisir autre chose que ce que j'avais l'intention de
signifier.
Mon expression peut-elle donc me trahir? Qu'est-ce qui, en elle,
échappe à mon contrôle? Une telle échappée semble révéler que j'ex
prime plus, ou autre chose que ce dont j'ai conscience.
Il est alors impor
tant de repérer ce qui, de la sorte, m'interdit d'avoir le contrôle complet
de mon expression, ce qui revient à s'interroger sur les différences qui
peuvent exister entre ce que je voulais (ou ne voulais pas) exprimer et ce
que perçoit l'autre, qu'il soit auditeur, interlocuteur, ou, peut-être, simple
spectateur.
[I.
·interventions de l'inconscient]
La présence humaine est dotée d'expression avant même l'intervention
du langage : mimiques, gestes, attitudes, révèlent des affects, des inten
tions.
Si celui que je prends pour un ami m'aborde avec une mine renfro
gnée, j'ai tendance à en déduire, soit qu'il a quelque souci, soit que son
amitié n'est peut-être pas aussi prononcée que je le pensais ...
Cela sup
pose toutefois que je pense que son expression faciale est volontaire.
Or,
tel n'est sans doute pas toujours le cas : un regard fuyant venant contre
dire un discours fait douter de la sincérité de ce dernier, mais il est diffi
cile de croire qu'il a été voulu.
C'est donc que l'hypocrite s'est trahi sans
le vouloir et sans le savoir : il a exprimé autre chose que ce dont il avait
l'intention; contrôlant son discours, il n'a pu contrôler ses mouvements
oculaires, et ces derniers sont expressifs en dépit de la conscience qu'il
veut avoir de la situation.
La théorie freudienne a repéré de très nombreuses situations dans les
quelles circule en quelque sorte un double sens : l'un, «manifeste»,
concerne la conscience et sa prétendue maîtrise; l'autre,« latent», révèle
tout autre chose, dû à la présence, dans le sujet, de pulsions, de désirs qui
renvoient à son inconscient.
Ainsi, selon Freud, quelque chose peut s'ex
primer, qui concerne mon intériorité la plus profonde (et la plus ignorée
de moi�même), à travers mes gestes, mes postures, mes tics, mes habi
tudes : pendant que je parle, pendant donc que je crois être maître de ce
que j'exprime, mon corps tient un autre discours, mais muet - et ce dis
cours s'offre à l'interprétation de celui qui me fait face.
C'est bien entendu lorsque l'expression s'effectue alors même que la
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CORRIGÉ2
conscience, semble+il, est« entre parenthèses», qu'il est clair que j'exprime infiniment plus que ce dont je peux avoir conscience.
Si le lapsus
est aisément qualifié de «révélateur», c'est bien parce qu'il fait apparaître quelque chose que ma conscience aurait préféré ne pas révéler.
Mais, dans la plupart des cas, le lapsus fait sourire, parce qu'il se réalise
dans des formes langagières qui semblent plaisantes, et faciles à corriger.
Avec le rêve et le récit que je peux en reconstituer, les choses sont plus
complexes : si l'on admet avec Freud que ce récit ne concerne qu'un
contenu« manifeste», c'est-à-dire transformé pour être acceptable par la
conscience (en particulier morale), on doit admettre aussi que le contenu
« latent » qu'il dissimule efficacement exprime une vérité me concernant,
alors même que je ne peux (et ne veux) en avoir conscience.
[Il.
Les effets de la langue ne peuvent être dominés]
Dans une situation de dialogue - pour s'en tenir à un schéma simple-,
mon inconscient n'est pas le seul en cause : il faut aussi tenir compte de
celui de mon interlocuteur, à cause duquel ce dernier pourra réagir à des
significations que je n'avais pas même l'intention de faire circuler.
T1\ndis
que, de mon côté, ce que j'exprime échappe, au moins en partie, à mon
strict contrôle (par exemple, ce n'est pas seulement ma conscience qui me
fait choisir les mots que je prononce), il y a en face, chez le récepteur de
mon message, des affects que ni lui ni moi ne contrôlons, parce qu'ils
dépendent de la résonance particulière que peuvent avoir certains mots,
certaines expressions, dans son propre inconscient.
La situation est ainsi
dotée, de chaque côté, d'une sorte de «flou», propice aux....
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