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Nommé le 6 novembre 1990 à la suite des élections organisées en octobre, le Premier ministre, Mian Nawaz Sharif, se...

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« Nommé le 6 novembre 1990 à la suite des élections organisées en octobre, le Premier ministre, Mian Nawaz Sharif, se distingue de ses prédécesseurs: c'est un industriel du Pendjab.

Or, dans cette société traditionnelle, seuls les notables des autres provinces - propriétaires terriens du Sind (familles Bhutto, Jatoi, Junejo), chefs de tribu et de clan baloutches et pathan (familles Bizenjo, Bugti, Wali Khan), et personnalités religieuses (Pir Pagaro) - avaient jusque-là fourni au pays ses hommes politiques, en dehors des périodes de régime militaire.

C'est peut-être à ses qualités d'entrepreneur que M.

Sharif doit d'avoir osé prendre une série d'initiatives hardies en politique intérieure, dans un contexte économique défavorable et dans une situation sociale plus fragile que jamais. En effet, au plan économique, le Pakistan avait été durement frappé en 1990 par les conséquences de la crise du Golfe - hausse du prix du pétrole et retour des travailleurs pakistanais du Koweït et d'Irak -, et par la suspension, en octobre, du plan américain d'aide économique et militaire (4,02 milliards de dollars de 1987 à 1993), qui avait été accordé en raison de la présence militaire soviétique en Afghanistan et suspendu à la suite du retrait de cette dernière en 1989.

Le départ des troupes soviétiques a redonné la priorité, pour Washington, à la lutte contre la prolifération nucléaire, dont Islamabad est réputé coupable. Privatisation et dérégulation Dès décembre 1990, le gouvernement de M.

Sharif a lancé un programme de privatisation et de dérégulation visant à faire retrouver au Pakistan le régime économique libéral qui avait été le sien depuis sa création en 1947, mais qui avait été interrompu par les nationalisations effectuées de 1972 à 1974 par Ali Bhutto au nom du "socialisme islamique".

Les successeurs de A.

Bhutto: le général Zia (1977-1988), Mohammad Khan Junejo, et sa propre fille, Benazir Bhutto, n'avaient que timidement entrepris de dénationaliser.

En fait, seules douze des 115 sociétés mises sur le marché - depuis les minoteries jusqu'à la Pakistan International Airline - sont réputées encore rentables après vingt ans de gestion par l'État... Quant à la dérégulation des droits de douane, des licences d'importation et du rapatriement des capitaux par les entreprises étrangères, elle devrait relancer les productions agricole et industrielle, et encourager les investissements étrangers. De plus, le 16 mars 1991, Mian Nawaz Sharif a obtenu des quatre provinces un accord sur la répartition des eaux de l'Indus qui, au travers de 89000 petits canaux, assurent l'irrigation de la quasi-totalité des terres cultivées du pays. Accord réputé historique, car le problème se posait depuis...

1935. Le 20 avril 1991, enfin, le Premier ministre a procédé à une décentralisation budgétaire sans précédent, instituant un partage des recettes de l'État proportionnel aux populations respectives des quatre provinces et, surtout, rendant ces dernières autonomes en matière de budget provincial. Quant à la situation sociale, on ne peut noter de progrès en matière d'éducation (75% de la population est illettrée), d'hygiène et d'infrastructures.

Deux problèmes, aussi anciens que le Pakistan lui-même, sont revenus sous les feux de l'actualité, le banditisme et l'islam. Le banditisme a toujours existé dans les provinces pauvres et frontalières du Baloutchistan et du Nord-Ouest où il constitue, avec la contrebande, un mode de vie traditionnel.

De même, les grandes propriétés agricoles du Sind ont toujours attiré les pillards, souvent d'accord avec les propriétaires, véritables féodaux, pour leur servir de miliciens afin de mieux asservir les travailleurs agricoles: ce n'est qu'en février 1992 que le Parlement a voté l'abolition du servage, dont on estime qu'il maintiendrait 10 des 123 millions de Pakistanais dans un état de servitude totale. Mais dans les années quatre-vingt, la guerre d'Afghanistan a fortement aggravé cet état de choses en mettant en circulation des armes - données ou payées par l'aide étrangère à la résistance afghane - et de la drogue cultivée en Afghanistan et dont le trafic s'est intensifié au point de devenir un fléau au Pakistan même.

De plus, des réfugiés afghans, libres de circuler dans tous le pays, sont venus grossir les rangs de la population allogène de Karachi, où l'ordre public et les institutions n'étaient plus respectés: pour éviter d'avoir recours aux forces armées, le gouvernement Sharif a fait voter, le 18 juillet 1991, un douzième amendement à la Constitution facilitant le maintien de l'ordre, et a remis en vigueur la peine de mort, suspendue en 1988. Quant à l'islam, si le Pakistan a bien été créé, en 1947, pour soustraire à une Inde.... »

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