Notre connaissance du réel se limite-t-elle au savoir scientifique ? COUP DE POUCE ■ Analyse du sujet - Il s'agit...
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Notre connaissance du réel se limite-t-elle
au savoir scientifique ?
COUP DE POUCE
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Analyse du sujet
- Il s'agit de savoir si la science nous apporte toute la connaissance
que nous pouvons avoir sur le réel : à quels autres genres de «connais
sance» peut-on penser?
- La science est sans doute rationnelle, mais la raison ne s'exerce-t-elle
que dans la science?
- Que peut-on nommer une connaissance «pratique»? Elle peut se
référer à l'action quotidienne, pour laquelle la science n'est peut-être pas
nécessaire.
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Pièges à éviter
- Se méfier du terme«réel»: il n'est pas établi que la science cherche
à le connaître.
- Ne pas se contenter d'énumérer sans ordre les autres connaissances
possibles : il faut aussi en montrer la légitimité, ou la façon dont elles
peuvent accéder à un«réel» que la science méconnaît.
- Ne pas se lancer dans une démolition de la science sous prétexte que
des phénomènes lui échappent : il n'est pas question de faire l'éloge des
fausses sciences (astrologie, parapsychologie, etc.).
CORRIGÉ
[Introduction]
Il existe sans doute chez tout être humain un désir de connaître le réel,
qui peut relever d'un double souci: y être plus efficace, et se débarrasser,
par la connaissance et l'explication des phénomènes, des pêurs que peut
susciter l'inconnu.
L'efficacité relève d'une attitude que l'on peut quali
fier, au sens large, de pratique.
L'explication renvoie davantage à un point
de vue théorique ou intellectuel.
S'il y avait nécessairement convergence
ou coïncidence entre ces deux aspects, on pourrait sans doute penser que
notre connaissance du réel se limite au savoir scientifique, qui suffirait
alors à effacer nos hantises et à satisfaire nos attentes.
Mais il semble en
fait que la pratique désigne un champ dont l'ampleur ne peut être investie
par un savoir seulement scientifique.
[I.
Que nomme-t-on « réel » ?]
Si le réel n'était composé que des objets que définit et traite une
approche scientifique, la question serait vite réglée, mais les choses ne
sont pas aussi simples.
Et l'on peut commencer par se demander si l'objet
des sciences est bien la«connaissance du réel».
On admet volontiers qu'il convient de distinguer, du point de vue
logique ou épistémologique, la vérité et la réalité.
Leur confusion, long
temps entretenue dans l'histoire même de la philosophie, oblige en effet à
considérer la vérité comme un concept purement métaphysique, alors
qu'il est beaucoup plus simple de l'aborder du seul point de vue logique
(de s'interroger en conséquence sur ses modes de constitution - formelle
ou matérielle - plutôt que de prétendre définir sa nature ou son essence).
De plus, la même confusion entre les deux concepts semble autoriser l'es
poir d'une coïncidence finale entre ce qu'ils désignent, comme si la
science était en quelque sorte destinée à un savoir exhaustif sur le réel,
constituant à la fois son moment de gloire et son achèvement.
Dans ces conditions, le savoir scientifique paraît plus apte à élaborer,
grâce à ses conventions de langage, des vérités à partir des phénomènes
qu'il recueille du«réel», qu'à connaître authentiquement ce dernier.
Les
approches de la science sont d'ailleurs devenues si complexes et abstraites
que le «savoir» qu'elles élaborent nous paraît très souvent ne pas avoir
grand-chose de commun avec le «réel» tel que nous l'affrontons quoti
diennement.
C'est d'un point de vue différent, mais qui mérite sans doute d'être rap
pelé ici, que Bergson considérait que la science est condamnée à rater le
«réel» - terme dans lequel il entend, non la quotidienneté ordinaire, mais
le fond métaphysique des choses.
En admettant une différence radicale
entre les outils de la science (le temps mathématisé, le calcul, l'analyse) et
les caractères fondamentaux du «réel» (la durée, le flux, la synthèse
innovante), il conclut nécessairement que le réel échappe à l'emprise
scientifique, à laquelle il convient donc d'ajouter un mode complémen
taire de connaissance.
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[Il.
Le domaine de la pratique]
Cette connaissance plus profonde, mieux adaptée au réel, Bergson l'at
tend de ce qu'il nomme l'intuition, qu'il convient de comprendre selon lui
comme une véritable capacité métaphysique.
On peut évidemment penser
que le réel est en lui-même suffisamment opaque pour qu'il ne soit pas
nécessaire de lui adjoindre une dimension métaphysique, son aspect sim
plement physique suffisant largement à nous dérouter.
Dans Ménon, Platon souligne que, lorsqu'il s'agit de voyager d'un lieu
à un autre, deux solutions sont possibles : on peut connaître le parcours
«par science», mais on peut aussi le constituer grâce à ce qu'il nomme
«opinion droite».
Cette dernière est sans doute moins bien établie que la
science; elle est, dans l'absolu, moins sûre, mais il n'en reste pas moins
que, tant qu'elle reste«droite», elle est efficace.
Même si la«science»
qu'évoque Platon n'a pas grand-chose de commun avec notre savoir
scientifique, on peut transposer ce qu'il enseigne, et réserver, pour notre
connaissance du réel, d'autres voies que celle de la seule science (et d'au
tant plus si l'on admet comme ci-dessus que la science n'a sans doute pas
pour but la connaissance du réel).
On peut ainsi considérer que ce qui est nécessaire à la connaissance de
notre réel quotidien et à la maîtrise de notre environnement ordinaire n'a
pas grand-chose de scientifique.....
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