Nous avons choisi pour votre premier travail un sujet unipolaire (portant sur une grande notion et une seule). Les sujets...
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«
Nous avons choisi pour votre premier travail un sujet unipolaire
(portant sur une grande notion et une seule).
Les sujets bipolaires porteraient sur deux notions, par exemple :
- ville et campagne
- ville et culture
- Paris et province
(ou encore, voir le sujet n° 2: Culture et mondialisation).
Un rappel utile: nous vous suggérons de traiter d'abord les sujets
à titre personnel, avant de lire les corrigés.
Nous allons vous présenter successivement :
- un plan détaillé,
- une rédaction complète,
- les observations des jurys,
- en annexe, une liste de grands sujets de concours sur des thèmes
connexes (sujets toujours d'actualité).
LE PLAN DÉTAILLÉ
Pour ce premier corrigé, nous avons choisi de vous exposer l'un
des plans possibles, de façon détaillée.
En vous montrant bien l'arti
culation des éléments essentiels depuis la « phrase d'attaque»
jusqu'à la conclusion.
■ La phrase d'attaque
Il faut trouver une phrase permettant d'entrer pleinement au cœur
du sujet (de multiples solutions sont possibles).
Ou tout au moins
de l'approcher en « piquant l'intérêt du lecteur».
Il s'agit donc de votre première phrase d'intérêt stratégique.
L'introduction doit se poursuivre successivement par:
- la situation du sujet dans le temps et dans l'espace,
- la problématique,
- l'annonce du plan général.
■ Situation du sujet dans le temps et dans l'espace
Il ne faut pas systématiquement vouloir « remonter jusqu'à l'Anti
quité», mais en l'espèce il est bien justifié de mentionner les cités
grecques et Rome, ou même encore des cités anciennes, si vous en
avez le souvenir (civilisations de l'Indus, de la Mésopotamie,
Haute-Egypte).
Il faut aussi souligner l'universalité du phénomène urbain depuis
le XIXe ou le XXe siècle, donc ne pas limiter vos exemples à la France.
■
La problématique
En logique, la problématique est l'art de poser un problème, ou un
ensemble de problèmes, dont les éléments sont liés.
Vous devez élaborer dès votre introduction, un raisonnement du
genre:
- avantages / inconvénients
- constats / causes / conséquences
- difficultés / solutions
Chaque sujet (...
même s'il comporte un seul mot !) doit se trans
former en un problème à traiter (à partir d'une ou plusieurs questions).
■
L'annonce de plan
Nous vous rappelons que c'est la phrase stratégique essentielle de
votre devoir.
Elle peut être effectuée :
- soit en une seule phrase (avec deux ou trois propositions corres
pondant aux deux ou trois parties de la dissertation),
- soit en deux ou trois phrases, chacune correspondant à une partie
de la dissertation.
Un impératif qui s'impose absolument: l'annonce de votre plan
doit être parfaitement claire.
■ La construction de vos développements
Il faudrait veiller à bien marquer les deux, ou trois parties essen
tielles.
En l'espèce, par exemple, une partie descriptive et une partie
prospective.
La partie descriptive elle-même doit être présentée de façon dyna
mique.
L'ensemble doit vous mener logiquement à votre conclu
sion, sans rupture ni dans le rythme ni dans la progression des
idées.
PREMIÈRE PARTIE
La ville dans notre civilisation : forces et faiblesses
Il faut d'abord brièvement définir la ville et donner quelques
chiffres-clés sur la croissance urbaine ...
mais vous ne devez pas en
faire une dissertation complète.
Ensuite, il est intéressant d'exposer :
- les avantages de la ville, notamment dans le domaine économi
que et dans celui de la vie intellectuelle,
- ses inconvénients, le passif de l'urbanisation, notamment dans le
domaine social.
Conclusion I et transition vers II
Phrase importante, à ne pas oublier.
Le jury en vérifiera l'existence et le bien-fondé.
DEUXIÈME PARTIE
La rénovation du tissu social et culturel de la ville
Pour un nouvel urbanisme
Ces développements peuvent être très riches.
Vous choisirez logi
quement de privilégier le domaine culturel si vous passez une
épreuve classique de culture générale dans un concours polyvalent,
ou à l'Education nationale, ou encore un concours des Bibliothè
ques.
Si vous passez un concours des administrations sociales, vous pour
rez ajouter davantage de développements pour traiter les problè
mes sociaux et préconiser des actions sociales ou équipements
sociaux.
Orientations pour votre conclusion
Voici les recommandations formulées par M.-J.
GOURMELIN
BERCHOUD et J.-F.
GUEDON dans leur ouvrage des Editions
d'Organisation
La dissertation de culture générale
Votre conclusion peut comporter trois paragraphes :
1.
La conclusion peut comporter une synthèse de ce que vous
venez de démontrer ;
2.
Le constat de l'adéquation entre le sujet posé par le jury et la
réponse donnée
3.
Une réinsertion du problème vers le monde extérieur, avec si
possible un élargissement de la perspective, et des proposi
tions (rôle de l'État et des citoyens).
C'est-à-dire une conclusion prospective.
© Editions d'Organisation
Exemple de copie développée
✓ Déjà, au premier siècle avant notre ère, un géographe grec avait
écrit : « grande cité, grande solitude...
».
Cette phrase permet de
bien situer à la fois l'intérêt de l'histoire de la ville, et l'ampleur de
ses problèmes.
Depuis les cités grecques et depuis Rome, chaque ville reflète une
civilisation.
Depuis la fin du XIX8 siècle, la croissance urbaine, l'urba
nisation est devenue un phénomène universel.
Ce phénomène s'est
accéléré sur tous les continents au cours de la seconde moitié du
XX8 siècle.
Mais la ville, qui devrait être conçue pour assurer le bonheur de
l'homme, est vite apparue comme un milieu hostile soumis à de
nombreuses nuisances où le citadin se sent déraciné, isolé, voire
opprimé.
C'est tout le paradoxe de la civilisation urbaine : la multitude propre
à la ville s'est accompagnée de solitude.
Ainsi la ville est apparue à la fois comme facteur de force et source
de faiblesse pour notre civilisation.
Au cours du xx,e siècle, il faudra rénover le tissu social et culturel
de la ville, en promouvant un nouvel urbanisme.
*
**
1 -
LA VILLE S'EST AFFIRMÉE AU COURS DE L'HISTOIRE À LA FOIS COMME UN
FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT ET UNE SOURCE DE FAIBLESSE POUR
NOTRE CIVILISATION.
La croissance urbaine, qui s'est accélérée depuis la fin du x1x0 siè
cle, a fait de la ville le centre par excellence de la vie intellectuelle
et sociale.
La ville peut se définir à la fois comme une entité géographique et
comme une entité sociale et culturelle.
La ville est un milieu géographique et social formé par une réunion
organique relativement considérable de constructions (notamment
d'habitations), qui remplit des fonctions importantes pour la société
tout entière, et procure à ses habitants un genre de vie particulier.
Sur le plan quantitatif, il faut d'abord prendre en compte la notion
de commune urbaine.
Pour la France, officiellement, c'est un seuil
de 2 000 habitants (INSEE).
D'autres chiffres sont parfois retenus,
par exemple un seuil de 3 500 habitants pour les élections munici
pales.
Il existe toute une échelle de villes, depuis la petite ville (5 000 à
20 000 habitants) jusqu'à la mégapole ou mégalopole (plus de vingt
millions d'habitants), en passant par la ville moyenne (20 000 à
50 000 habitants) et la métropole (plus de 200 000 habitants).
On estime qu'aujourd'hui, dans le monde, près de 200 villes dépas
sent un million d'habitants.
Les mégapoles sont Mexico (trente mil
lions d'habitants), New-York, Tokyo, Yokohama, Pékin et Shanghaï,
Sao Paulo et Rio de Janeiro.
On estime que, pour six milliards d'habitants de la planète, près de
la moitié vivent dans les villes.
En 2020, pour huit milliards d'habi
tants, la population urbaine sera nettement supérieure à la moitié.
En 2050, si la population atteint 10 milliards d'habitants, 70 à 75 %
vivront dans les villes.
Ainsi, pour les deux prochaines générations,
il faudra loger 4 à 5 milliards d'habitants supplémentaires dans les
extensions des villes, ou dans des villes nouvelles.
La France compte plus de la moitié de ses citadins (soit 20 millions
de personnes) dans des agglomérations de plus de 200 000 habi
tants (une trentaine).
Quatre agglomérations dépassent le million
d'habitants : outre Paris, il s'agit de Lyon, Marseille et Lille.
Plus de
120 agglomérations dépassent les 50 000 habitants.
Cette attirance pour les villes s'est expliquée, tout au long de l'his
toire, par des motifs économiques, sociaux et culturels.
La ville ne s'est pas imposée par opposition ou par exclusion de la
campagne, mais par son propre rayonnement, son art de vivre.
Sur le plan politique, les villes ont été souvent le vecteur des fran
chises et des libertés.
Au Moyen Age, les rois ont octroyé des liber
tés locales pour agir contre les féodalités.
La ville a privilégié la
liberté individuelle en faisant disparaître les seNitudes personnelles.
Dès la naissance des villes, on a pu dire : « l'air de la ville rend
libre ».
Une ville historique se définit par des voies et des limites, par des
quartiers, par des points de repère (le clocher, le beffroi), et par des
lieux de culture.
La notion d'urbanité a été bien définie par Jean Giraudoux, comme
une politesse où entrent beaucoup d'affabilité et d'usage du monde.
« C'est le respect d'autrui et de soi-même qui s'appelle d'ailleurs, à
juste titre, l'urbanité.
»
Mais depuis le milieu du xx• siècle, les créations des villes (ou leurs
extensions) ont semblé oublier ces éléments fondamentaux.
D'où
une crise, quasi générale, de la civilisation urbaine.
À vrai dire, dès le départ, la ville a été une réalité ambivalente : lieu
sacré, lieu de civilisation, elle a aussi été considérée comme un lieu
délétère (référence biblique ancienne: Sodome et Gomorrhe).
Les risques de décomposition sociale comme l'insécurité y sont per
manents.
Avec la concentration anarchique des populations, de tous temps
et en tous lieux, les villes ont été le théâtre de guerres civiles, de
troubles politiques et de crises sociales.
Les risques deviennent plus grands de nos jours, avec d'énormes
concentrations urbaines.
La misère sévit dans les bidonvilles, dont
certains sont gigantesques (le record est détenu par un bidonville
de plus de trois millions de personnes dans la banlieue de Mexico).
Le tableau des villes et banlieues peut être très noir : pollution,
encombrement et nuisances, déracinement, isolement et délin
quance, violence, très graves problèmes d'insécurité.
Ainsi la ville porte en elle à la fois des ferments de progrès et des
germes de maladie sociale.
Devenue de nos jours la collectivité principale de la société, elle
exacerbe toutes les tensions issues des mutations en cours.
La ville fait donc maintenant dans tous les pays l'objet de vifs débats,
et une action politique majeure s'impose en ce domaine.
Il - Au COURS DU xx1• SIÈCLE, IL FAUDRA RÉNOVER LE TISSU SOCIAL ET
CULTUREL DE LA VILLE, EN PROMOUVANT UN NOUVEL URBANISME
Il existe un réel malaise urbain.
Mais refuser la ville au nom de ce
malaise serait irréaliste.
L'urbanisation est un phénomène lié au
développement économique, industriel, puis tertiaire.
Il ne faut donc
pas rejeter la ville, il importe de la réorganiser
*
**
Il faut rééquilibrer la ville tant au point de vue culturel qu'au point de
vue sociologique ou économique.
Il faut réaménager les centres des villes, mieux doter les banlieues,
et créer des villes nouvelles qui se suffisent à elles-mêmes.
Le citadin doit pouvoir tout à la fois travailler, se distraire et se culti
ver sans avoir à parcourir de longues distances, ni perdre du temps
dans les transports ou souffrir des encombrements.
La ville doit redevenir un lieu de rencontres et d'échanges.
Pour rompre la solitude et l'isolement, pour assurer à chacun son
plein épanouissement, il convient de multiplier les lieux de culture
et de convivialité.
Les enfants doivent pouvoir disposer d'aires de jeux.
Les adoles
cents ou les personnes âgées doivent également avoir à leur dis
position des lieux où ils puissent se rencontrer.
Le « café du village "
a une valeur socio-culturelle traditionnelle, qu'il faut réadapter à la
ville.
Il faut donner aux citadins la possibilité de se réapproprier l'espace
urbain afin de rendre la ville plus conviviale.
Il faut améliorer l'infrastructure de la ville, et consacrer aux banlieues
des efforts particuliers.
Le citadin doit pouvoir renouer avec ses racines, retrouver son iden
tité.
La construction d'églises ou de mosquées peut contribuer à
restructurer des groupes sociaux morcelés.
Les repères dont l'homme a besoin sont également d'ordre culturel.
La multiplication de petites maisons des jeunes et de la culture, et
autres équipements socio-culturels de proximité, devrait permettre
de remédier à l'ennui et au désœuvrement dans nos villes ou nos
grandes banlîeues.
Enfin, il est impératif de développer la vie associative.
Déjà un grand
nombre d'associations culturelles, sportives ou d'entraide partici
pent activement à la vie de la cité.
Il faut développer également les associations d'accueil pour les nou
veaux citadins.
La lutte contre la solitude en milieu....
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